LIBRE OPINION

Régimes de retraite: au nom de tous les miens

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Oh que ce ne sera pas beau !

Monsieur le Premier Ministre,

On a dit de vous que vous lisiez Nietzsche, compreniez Goethe, aviez surplombé l’oeuvre de Saint-Exupéry. J’avais confiance en l’homme d’État empreint de philosophie et d’humanité. Et voilà que le projet de loi 3 — Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal — me laisse stupéfaite, perplexe !

Bien sûr, je suis fonctionnaire municipale et au service des citoyens, l’auriez-vous deviné ? Et cela depuis 23 ans ! Connaissez-vous l’impact réel de ce projet de loi sur ma santé financière et mes projets de vie ?

Mais au-delà des milliers de dollars que je dois oublier et de projets de vie que je dois mettre de côté, il y a le manque d’analyse concernant les impacts réels chez le fonctionnaire et sur l’économie générale du Québec, le non-respect des règles de négociation libres et volontaires entre un employeur et ses employés, y compris les ententes de bonne foi, l’effet rétroactif et pervers du projet de loi, la conduite intrusive et dictatoriale du gouvernement du Québec (c’est-à-dire du Parti libéral) et le bafouement éhonté des valeurs tels le respect des engagements, la loyauté, la liberté d’expression et de négociation, libre et volontaire.

Ingérence

Si on fait fi des engagements du passé, plus rien maintenant ne pourra être garant de l’avenir. Le futur n’existera plus. Une incertitude déconcertante s’installera.

Monsieur le Premier Ministre, on dit que les municipalités sont des créatures du gouvernement, mais les municipalités ont aussi pleine autonomie en matière d’embauche de leur fonction publique et relativement à la fixation des conditions salariales et de travail, le tout en fonction des lois provinciales qui nous gouvernent et des tribunaux administratifs relatifs. Cette ingérence du gouvernement est irrespectueuse de nos institutions démocratiques que sont nos municipalités et est contraire aux règles de justice fondamentales, tels le droit d’être entendu et le droit à la libre négociation. Unilatéralement, on change les règles du jeu convenues entre deux parties. Un tour de force ! Un détournement majeur de fonds privés, opéré par un tiers extérieur (le gouvernement libéral), le tout sous le couvert d’un projet de loi !

Monsieur le Premier Ministre, n’y a-t-il que les mauvais rendements ? Qu’en est-il de l’administration politique ? A-t-on répertorié les nombreux employés dans certaines municipalités ? évalué l’impact des fusions ? Que dire des ponts dorés pour certains retraités ? Et le régime de retraite de votre propre fonction publique ! Que dire des règles de droit que nous avons toujours respectées relativement au régime de retraite et qui empêchaient la création de réserves ou de surplus ? Je hurle à l’injustice, car ce sont les fonctionnaires municipaux uniquement qui écopent !

Salaire différé

Monsieur le Premier Ministre, que dire des engagements des conseils municipaux de nos villes ? Le fonds de pension a été « vendu » comme du salaire différé. L’acceptation des conditions de travail, comprenant le fonds de pension, forme un tout, en échange d’une prestation de travail déjà rendue. Malheureusement, on ne peut plus réduire la prestation de travail passée !

Et puis, Monsieur le Premier Ministre, chaque fonds de pension est différent d’une municipalité à une autre. Le projet de loi 3 n’apporte aucune distinction contrairement à l’état du droit actuel, qui reconnaît déjà des différences entre les municipalités du Québec. Encore une fois ici, certains employés sont plus touchés que d’autres.

Il faut reconnaître le travailleur municipal, « bon payeur de taxes » ! Imposé à la source et qui respecte toutes les règles fiscales. Respectons la libre négociation et le respect de nos engagements.

La jeunesse

Et à tous ceux qui se réjouissent de cette ponction, sachez que grand mal fera ce bien, car c’est toute l’économie du Québec qui en souffrira, et malheur à nos jeunes, impatients, d’intégrer le marché du travail, qui attendront encore longtemps, avant d’occuper des postes dans la fonction publique municipale.

Monsieur le Premier Ministre, que le calme revienne. Que les promoteurs d’antagonismes se taisent. Que les préjugés s’évanouissent. Puissions-nous réfléchir sérieusement à l’état global de la situation, en comprendre les causes objectives, y apporter les distinctions, et créer un contexte propice aux véritables solutions.

En tant que premier ministre et leader de notre société, j’aimerais voir chez vous de l’ouverture, de l’écoute, un homme au-dessus de la mêlée et non un politicien opportuniste répondant au discours populaire ambiant. J’en appelle à votre esprit, Monsieur le Premier Ministre, et non à vos réflexes conditionnés, prompts à la coupe. Il est vraiment temps, Monsieur le Premier Ministre, de penser le Québec autrement.


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