Souhaitons que la Cour fédérale, qui le fera savoir aujourd'hui, accepte d'entendre rapidement la requête déposée par la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) pour contrer la décision du gouvernement Harper de modifier la procédure du recensement. Car il ne reste plus beaucoup de tribunes pour ramener sur terre les conservateurs.
Le premier ministre Stephen Harper a choisi lundi de garder la ligne dure dans ce dossier, sans égard pour les arguments des spécialistes qui ont éloquemment démontré, ces dernières semaines, l'importance fondamentale et structurelle, même pour les conservateurs, des données tirées du recensement tel qu'il est mené présentement: ciblé, contraint, mais exact!
Aucun égard non plus pour les plus de 200 organismes aux intérêts variés, et parfois opposés — gens d'affaires, syndicats, regroupements religieux, municipalités... —, qui ont souligné l'utilisation qu'ils font du même recensement. Certes, M. Harper n'a pas dit — comme l'avait fait la semaine dernière son ministre responsable Tony Clement — qu'ils étaient tous des profiteurs (puisque c'est grâce aux gros bras du gouvernement qu'ils ont ces données!). Mais c'est bien parce qu'un premier ministre doit garder un peu de tenue...
Aucun égard surtout pour les membres du personnel de Statistique Canada, traités comme des enfants dont on ne prend pas les leçons; aucun égard évidemment pour les tentatives de conciliation de l'opposition, la dernière en date venant de Gilles Duceppe, qui proposait hier de ne plus menacer les gens d'emprisonnement (menace par ailleurs jamais appliquée dans toute l'histoire canadienne) s'ils ne répondaient pas au recensement, mais de retirer l'accès à des services gouvernementaux. Bonne ou mauvaise idée, on ne sait trop. La seule certitude, c'est qu'elle ne sera pas discutée. Car la conciliation n'a jamais été envisagée par ce gouvernement.
L'égard pour les provinces n'a pu, quant à lui, être mesuré puisque le Conseil de la fédération n'a pas fait consensus. Peu importe que cinq provinces, dont les populeuses Québec et Ontario, contestent le retrait de l'obligation de remplir le questionnaire long, l'Ouest n'y a vu qu'un enjeu de stricte compétence fédérale. Comme si les données du recensement ne servaient qu'à Ottawa!
Il reste donc encore une fois la cour comme ultime recours pour bloquer les décisions précipitées ou pousser à agir, et pour aller au fond des débats. Comme dans les dossiers Khadr, Abdelrazik ou des détenus afghans, la gestion conservatrice se retrouve à nouveau devant les tribunaux. Bras de fer dont on devrait souhaiter la rareté en démocratie, mais qui est la seule réponse possible à l'absolutisme de ce gouvernement. C'est tout à l'honneur de la FCFA que d'avoir foncé.
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