Rater la cible

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Nous n'avons pas fini de payer pour le laxisme de Jean Charest

Le Québec ratera sa cible Kyoto. Il est maintenant clair que les gestes improvisés et éparpillés du gouvernement Charest n'auront finalement pas tiré les gaz à effet de serre de la province vers le bas.
Il s'agit certes de l'échec d'un gouvernement. Mais il s'agit surtout de l'échec d'une approche, beaucoup trop laxiste.
La tendance des émissions du Québec a suivi deux courbes distinctes depuis 1990: une première à la hausse jusqu'en 2003, puis une seconde à la baisse. Ce qui a donné l'impression que la province allait dans la bonne direction.
Or maintenant que le portrait est plus large, il est aussi plus décevant, démontre le bilan du Plan d'action 2006-2012 sur les changements climatiques dévoilé ces derniers jours.
On note deux choses. D'abord, les réductions de gaz à effet de serre observées au milieu des années 2000 proviennent en bonne partie d'accidents de parcours: ralentissement économique, difficultés du manufacturier, de la foresterie, des pâtes et papiers, etc.
Ensuite, le plan d'action n'a eu qu'un effet marginal, malgré un coût dépassant le milliard de dollars. Les programmes et actions se sont déployés de manière si graduelle qu'elles n'ont atteint leur rythme de croisière qu'en 2010, voire 2011... alors que l'échéance était 2012!
Résultat: le Québec n'a pu faire mieux qu'une réduction de 1,6% par rapport à leur niveau de 1990, alors qu'il visait une baisse de ses émissions de 6%. Il a ainsi réduit ses émissions de 2 mégatonnes depuis l'adoption du plan d'action, alors qu'une baisse de 14 mégatonnes était nécessaire (les données dévoilées en février sont celles de 2010, mais la tendance montre que la cible est inatteignable en 24 mois).
Comment expliquer cet échec en devenir? Les raisons sont nombreuses, mais l'une ressort plus que les autres: le recours à la pensée magique. Les 26 actions du plan ont été choisies sans souci de résultats. Il n'y avait pas de reddition de comptes, pas de façon d'évaluer l'efficacité des actions, et donc de réévaluer ce qui ne marchait pas.
Prenons le transport. Plus de la moitié du budget alloué au plan a été consacrée à ce secteur et pourtant, ses émissions ont explosé de 30%, celles des camions lourds de 90% et celles des mini fourgonnettes et SUV de 105%... sans qu'aucun changement de stratégie n'ait été apporté en cours de route.
Le gouvernement Marois promet de faire mieux. Il prépare pour le printemps un nouveau plan d'action à l'horizon 2020. Espérons qu'il tire des leçons de l'échec de son prédécesseur. En améliorant le processus (reddition de comptes, suivi, transparence) et en s'attaquant de manière plus ciblée aux enjeux clés (just in time dans le transport des marchandises, mouvements pendulaires en auto-solo, utilisation des énergies fossiles par les industries).
Et peut-être même en revoyant son objectif à l'horizon 2020, soit une diminution de 25% des émissions par rapport à 1990. Déjà difficile à atteindre, il le sera encore plus en raison de l'échec du gouvernement précédent.


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