Rappel d’une promesse de François Legault

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SPST s'attaque finalement aux symboles britanniques du Salon bleu

Le gouvernement a été assermenté cet après-midi, suivant les cérémonies des nouveaux députés, cette semaine.


La décision des élus de Québec solidaire de ne pas prêter publiquement serment à la Reine est à saluer. On peut bien entendu, comme le fait la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, regretter que les députés ne soient pas allés jusqu’à refuser purement et simplement de se livrer à cette comédie, mais il faut rendre à César ce qui revient à César : QS a permis de relancer la discussion sur la désuétude de ce serment.


Alors qu’on croyait que les candidats que nous choisissions allaient être redevables à leurs électeurs, cette cérémonie nous rappelle plutôt que leur loyauté première va à Élisabeth II.


Il est en soi pour le moins paradoxal que les élus du parti gouvernemental, celui qui veut renforcer la laïcité de l’État, jurent fidélité à une monarque qui détient également le titre de Supreme Governor of the Church of England, même si cet aspect n’est pas directement formulé dans le texte du serment. Le fauteuil du Président de l’Assemblée nationale est lui aussi orné de symboles royaux britanniques, souvenirs vivants du colonialisme anglais. Devrait-on envisager de se doter d’armoiries plus républicaines? Oui, à condition bien entendu d’offrir aux symboles remplacés une place de choix pour faire miroiter leur importance historique, à l’instar du fameux crucifix. Officialiser le présent n’implique pas de nier le passé.


Cependant, l’élément le plus irritant réside dans la fonction de lieutenant-gouverneur, un poste qui par ailleurs coûte près d’un million de dollars par année au contribuable. C’est devant ce représentant du pouvoir royal que les élus se livrent à cette comédie de serment. Pire encore, les lois adoptées au parlement doivent être sanctionnées par lui. Il faut donc encore, théoriquement, que nos élus loyaux à Sa Majesté aient à faire approuver, par la monarchie, les lois démocratiquement votées. Qui plus est, si le premier ministre veut déclencher des élections, il doit cogner à la porte du lieutenant-gouverneur et lui demander la permission.


Qui a dit que le Québec n'était plus une colonie?


En novembre 2016, la Coalition Avenir Québec dénonçait le poste de lieutenant-gouverneur comme étant « archaïque », et prétendait vouloir s’en débarrasser une fois au pouvoir. Dans le cadre du conseil général de la CAQ, une position avait été adoptée, soutenant qu’un gouvernement caquiste aller prôner « l’abolition de la fonction de lieutenant-gouverneur ». L’idée du parti de François Legault était de cesser de suggérer des noms de remplaçants lorsque le mandat de l’actuel détenteur du titre viendrait à expiration (ce qui est prévu pour 2020). Le poste resterait vacant jusqu’à la tenue d’une éventuelle ronde constitutionnelle, un gouvernement Legault travaillerait à son abolition définitive.


À mon avis, c’est insuffisant. Il faudrait carrément cesser de financer le poste, utiliser ce million de dollars annuellement déboursé dans des missions un peu plus essentielles au bien-être de la population, et faire sanctionner nos lois par le Président de l’Assemblée nationale. Mais il demeure que la proposition de la CAQ a le mérite de tenter quelque chose.


Monsieur le nouveau premier ministre, souvenez-vous de votre promesse.


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).