Les difficultés actuelles -- et graves -- de Rio Tinto offrent pour le Québec une occasion inespérée et unique de racheter Alcan. Non, ce n'est pas de la pure folie, au contraire.
La crise actuelle le justifie amplement. La dette actuelle de 38 milliards $US, soit exactement le montant versé pour l'acquisition d'Alcan en 2007, combinée aux difficultés de financement découlant de la crise financière et de la dépression sans précédent des prix des matières premières ont mis à mal les finances de la multinationale des métaux. Rio Tinto est avant tout un consortium minier. La production d'aluminium reposant essentiellement sur l'énergie lui est étrangère. L'absorption d'Alcan l'aura conduite à s'endetter au-delà de sa capacité à faire face à ses obligations courantes dans ses autres secteurs d'activités, essentiellement au niveau minier, sa vocation première.
Cette erreur lui vaut aujourd'hui une dépression de ses actions, la colère des investisseurs et l'obligation d'abolir 14 000 emplois dans le monde, des gens, y compris IOC et QIT Fer et titane, qui n'ont rien à voir avec l'aluminium. Un consortium composé de la SGF, d'Hydro-Québec -- à eux seuls, les barrages de Shipshaw, d'Isle-Maligne et de Chutes des Passes valent sûrement au moins 10 milliards de dollars -- et de la Caisse de dépôt permettrait de retirer cette épine du pied de Rio Tinto. Mais surtout, un tel rachat ferait en sorte de corriger l'erreur honteuse pour les Québécois d'avoir ainsi laissé aller ce que nous avons payé dix fois au cours des ans, par l'hydroélectricité fournie à Alcan pour presque rien.
De plus, un retour à une gouvernance responsable de la multinationale conduirait Alcan à revoir ses projets risqués sur les plans financier et environnemental en Islande, en Afrique du Sud et en Arabie saoudite où, du moins dans ces deux derniers cas, des questions se posent sur le fait de transformer du charbon et du pétrole en aluminium. Cela permettrait également de récupérer enfin la propriété du Saguenay et du Lac-Saint-Jean. Ce n'est quand même pas rien! Le 8 août 2007, Québec accordait sans réserve son appui à la vente d'Alcan à Rio Tinto. Qu'en pense maintenant le ministre Bachand?
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Claude Girard, Montréal, le 10 décembre 2008, publié dans Le Devoir du 13 décembre 2008
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