"Sipâte" et baies de genièvre

Ceci n'est pas un texte, c'est une question... de survie

Tribune libre

Chaque Noël, ma grand-mère, qui était originaire de la Gaspésie, préparait ce qu'elle appelait un "sipâte". Je ne sais pas et je n'ai jamais su comment on l'écrit, mais ça se prononce "sipâte".
En cherchant sur Internet, je me suis rendu compte que le "sipâte" était en fait une tourtière. Mais pas n'importe laquelle: celle du Lac-Saint-Jean, apparemment.

En Suède, entouré de Canadiens anglais et de Suédois, j'ai donc décidé de mettre la main à la pâte et de faire un "sipâte". Pour en avoir mangé pendant 25 ans à chaque Noël au centre du Québec, je me souvenais qu'il y avait une épice "spéciale" que ma grand-mère utilisait, mais je n'avais jamais su ce que c'était. En cherchant et en reniflant dans les épices de ma belle-mère en Suède, j'ai trouvé, en suédois, une épice du nom de "enbär", qui est en fait des baies de genièvre (voir photo sur la droite). Je ne doutais plus, c'était bel et bien l'épice recherchée! J'ai eu de la chance, car le genévrier pousse dans les régions boréales et ça adonne que j'étais au nord de la Suède.
J'ai donc fait mariner ensembles de l'orignal suédois, du porc, des oignions, un peu de gingembre, du clou de girofle et des baies de genièvre pendant deux jours avant de préparer mon "sipâte" que voici en photo.
Je me suis inspiré de cette recette pour faire mon sipâte: http://www.coupdepouce.com/recettes-cuisine/plats-principaux/viande/tourtiere-du-lac-saint-jean/r/4116
Je n'ai utilisé que du porc et de l'orignal, avec bien sûr les patates, la pâte puis l'assaisonnement.
Par-contre, le goût de mes Noëls d'enfance était caractérisé par le genièvre. En Suède, j'ai pu trouver l'arbre et la viande d'orignal, tout comme si j'étais toujours au Québec. Par contre, ce n'est ni les Canadiens de Vancouver ni les Suédois qui pourraient répondre à mes questions, et c'est là un exemple pour moi qui fait que je suis Québécois.
Voici la question de survie:
A) Savez-vous d'où vient l'appellation "sipâte" et comment on l'écrit?
B) Est-ce qu'il y a des gens du Lac-Saint-Jean (ou ailleurs au Québec) qui préparent la tourtière du Lac-Saint-Jean (sipâte) avec des baies de genièvre comme épice ?
Pour terminer, je dois dire que des Suédois et des Canadiens ont trouvé mon sipâte succulent. J'ai eu un Noël "multiculturel", au sens où, oui, j'ai pu faire un mets Québécois, du Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie même (si le mot sipâte vient de là...) parce que ça adonné que j'ai un beau-père suédois qui chasse l'orignal et une belle-mère qui avait cueilli des baies de genièvres. Seul Québécois ici, j'ai transformé une maison du nord de la Suède en site multiculturel pour une journée.
Pour trouver réponses à mes questions, je n'ai pas le choix, je dois par contre faire appel à vous, les Québécoises et les Québécois.
Je ne peux demander ni à ma mère ni à ma grand-mère car elles reposent toutes deux en paix. Je ne peux pas demander aux Canadiens de Vancouver qui m'accompagnaient, même si leurs grands-parents paternels venaient du Québec et leur père de Saint-Boniface au Manitoba, car ils ne parlent pas français et n'ont aucune attache pour le Québec, autre qu'ils ne veulent pas que le Québec se sépare because it would make a hole ine the Canadian map. Des Gauthier qui ne parlent pas français! Oui, c'était vraiment multiculturel. Et c'est aussi étrange que Saint-Boniface, Manitoba, fut pour cette famille de Gauthier la transition entre être Québécois, Canadien-français et finalement devenir Canadiens-anglais of the Greater Vancouver where they speak more Chinese than French.
Saint-Boniface n'existe plus aujourd'hui. La ville natale de Louis Riel et de Gabrielle Roy a disparu dans le multiculturalisme "canadian" pour ne devenir qu'un quartier de Winnipeg.
Si le Québec ne devient pas un pays, selon ma vision des choses, les régions du Québec deviendront elles aussi des gros quartiers of the Province of Quebec, avec la Ville de Québec comme gros "Disney Land" conservateur et Montréal comme étant la ville la plus multiculturelle du Canada where everybody vont parler French and anglais at the same temps.
En attendant, moi je veux seulement savoir d'où vient le mot "sipâte".


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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 janvier 2011

    Le vrai nom est cipaille et il a plusieurs versions et je crois que l'appélation vient du faire qu'à la base, cétait "six couches de pâtes" entre les viandes (six pâtes) ou quelque chose du genre.
    De Rivière-du-Loup jusqu'à matane, il se fait avec du veau, du porc et du poulet. Il est arrosé à l'aide de bouillon de poulet et ne contient pas de ces baies. La différence avec la tourtière du Lac est justement que les viandes utilisées sont moins fortes, (pas de gibiers) et que ce n,est pas cuit dans du bouillon de boeuf.
    Je sais que les accadiens en ont également une versione qui serait faite à partir de plusieurs sortes de poissons et j'ai cru entendre que le liquide utilisé serait à base de lait ou de crème.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 décembre 2010

    Merci à tous!
    Claude me confirme qu'on cuisine le cipâte avec les baies de genièvre, merci.
    Le Gin fait avec le genièvre provient de Belgique. Au Québec c'est le "gros gin".
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Geni%C3%A8vre_%28boisson%29

  • L'engagé Répondre

    28 décembre 2010

    Voilà tout à fait le genre de sujet ludique que j'affectionne.
    On débattait cette semaine sur le sujet. Je crois que votre texte est un symbole de l'air du temps...
    Peut-on mettre Martin Picard là-dessus? Son historien pourrait nous faire une petite capsule linguistique sur le sujet...
    Et il disposerait sans doute des tranches de foie gras dans le sien, ne trouvez-vous pas parfois la viande un peu sèche?

  • Archives de Vigile Répondre

    28 décembre 2010

    Je viens du lac et il n'a jamais été question de baies de genievre dans la tourtiere.Par contre une boisson a base de genievre(gin)fus jadis tres populaire aupres des bonhommes lors des fetes!

  • Archives de Vigile Répondre

    27 décembre 2010

    J'ai de la difficulté à nommé ça un cipâte quand ça n'est pas de la viande de gibier et du bouillon de venaison, aussi il ne faut pas le chaudron en fonte, et je n'ai jamais cuisiné un cipâte sans baies de genièvre, et l'été j'en cuisine toujours un avec du poisson et autres produits de la mer.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 décembre 2010

    Pour ceux que ça intéresse, voici une vidéo parlant du sujet provenant des archives de Radio-Canada http://archives.radio-canada.ca/art_de_vivre/cuisine/clips/8786/

  • Rhéal Mathieu Répondre

    27 décembre 2010

    Sipâte, ça s'écrit cipâte.
    Voici la recette de Jean Soulard, chef cuisinier du Château Frontenac.
    Ingrédients
    1/2 poulet désossé
    500 g (1 lb) de porc, fesse ou épaule
    500 g (1 lb) de boeuf
    250 g (1/2 lb) de veau ou de lapin
    500 g (1 lb) de lard salé coupé en lardons
    30 g (1 oz) de beurre
    1 oignon haché
    750 g (1 1/2 lb) de pommes de terre coupées en dés
    sel et poivre
    épices mélangées (quatre épices ou all spices)
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Piment_de_la_Jama%C3%AFque
    pâte à tarte
    Étapes
    1- Faire chauffer le four à 180 °C (350 °F). Couper toutes les viandes en cubes. Ajouter l'oignon et les épices.
    2- Faire blanchir les lardons quelques minutes. Egoutter. Ajouter l'oignon. Faire rissoler
    3- Déposer des lardons dans une rôtissoire. Mettre ensuite une couche de pommes de terre, puis une couche de viande. Recouvrir d'une rangée de petits carrés de pâte à tarte.
    4- Superposer ainsi plusieurs couches de pommes de terre, de viande et de pâtes. Terminer par une rangée de petits carrés de pâte à tarte.
    5- Mouiller d'eau à égalité du mélange si le plat de cuisson est mince ou diminuer la quantité d'eau si le plat de cuisson est épais. Recouvrir d'une abaisse de pâte et couvrir. Badigeonner de jaunes d'oeufs pour dorer.
    6- Faire cuire jusqu'à ce que la pâte du dessus ait absorbé un peu de gras; ôter le couvercle pendant une heure afin de laisser dorer la pâte.
    7- Remettre le couvercle et réduire la chaleur du four à 150 °C (300 °F). Laisser cuire pendant 6 à 8 heures.
    Voilà. Si tu veux d'autres recettes, tu tapes Recette cipâte dans Google.
    Bonne année mon grand.
    Rhéal.
    PS Peut-être qu'on va voir tes petites pancartes à Québec le 12 février 2011.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 décembre 2010

    MERCI! Ma grand-mère, venant du coin de Matane, disait "sipâte". Ça fait du sens. Et puis je me souviens qu'il y avait de la pâte dans le mets, ce que je n'ai pas fait.
    Il semble que j'ai fait un amalgame de tourtière du Lac-Saint-Jean et de sipâte...
    Ce n'est que partie remise!

  • Archives de Vigile Répondre

    27 décembre 2010

    Le cipaille[1], aussi appelé cipâte ou six-pâtes[2], est un plat traditionnel de la cuisine québécoise.
    Cuisine roborative paysanne de la région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, le nom « cipaille » semble être une déformation de « six-pâtes », ou possiblement selon Jehane Benoît de « sea-pie ». À l'origine, en effet, on met une couche de pâte sur laquelle est étendue une couche de viande dite « sauvage » de venaison à l'origine, des patates en cubes et ainsi de suite jusqu'à la sixième couche de pâte et le tout est assaisonné à volonté pour une cuisson lente au four. Le résultat est un plat dont la structure de base se retrouve dans beaucoup de cultures, de l'Oural au Cap Nord.
    Le cipaille est en Gaspésie ce que la tourtière est au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ne pas confondre les deux, la tourtière du Saguenay Lac Saint-Jean ne compte pas six pâtes et était faite à l'origine de tourte (oiseau disparu). Le cipaille, lui est fait à l'origine de chevreuil, orignal, lièvre et perdrix. Aujourd'hui, il est plus souvent qu'autrement fait de porc, bœuf et veau coupés en cubes. La réussite du plat dépend de l'assaisonnement et aussi du jus de la cuisson lente.
    Le cipaille(sea-pie), dans la région de Matane, est composé d'abord d'un rang de viande, d'un rang de pommes de terre en cube et puis d'un rang de petits carrés de pâte placés côte à côte. On superpose les mêmes ingrédients autant de fois que le contenant le permet. Il est cuit à petit feu pendant plusieurs heures.
    Il existe en Gaspésie une variation, le cipaille aux fruits de mer.
    Je l'ai trouvé sur internet,
    Bonne année 2011,
    Hélèna.