Qui veut affaiblir une nation s’attaque à ses symboles

Symboles nationaux



Journal SSJB-M, avril 2002 - La bataille des symboles n’est pas nouvelle pour le Québec, d’autant plus que le Canada est passé maître dans ce domaine : s’il aime nos symboles, il nous les vole – la feuille d’érable, le castor, le O Canada –, s’il ne les aime pas, il les discrédite. C’est sous cet angle qu’il faut lire les chroniques récentes de Don Macpherson sur le drapeau du Québec. À deux reprises depuis août 2001, M. Macpherson s’est attaqué à l’origine française du fleurdelisé qui, selon lui, va l’encontre de l’idée d’inclusion des immigrants. Il propose rien de moins que le Québec change de drapeau. La SSJB lui a répondu.
Don Macpherson est très mal renseigné sur le drapeau du Québec et les objectifs des législateurs québécois qui l’ont adopté en 1948.
Voyons ce qu’en dit Jacques Rousseau, le grand botaniste et ethnologue de l’Université Laval. En 1966, dans un long article, Jacques Rousseau a vivement critiqué le Gouvernement du Québec pour avoir adopté la fleur-de-lis comme emblème floral du Québec au lieu de l’iris versicolore. Par contre, dans le même article, il insiste que « les législateurs québécois ont fait preuve d’un excellent jugement en adoptant comme drapeau le fleurdelisé. » Oui cet emblème rappelle l’origine française des premiers colons, mais la fleur-de-lis n’est pas une exclusivité française, figurant également dans les armes de rois grecs, romains, allemands, lombards, espagnols et anglais. De plus, ajoute Rousseau, le prototype de notre drapeau n’était pas l’enseigne du roi de France, mais celui de l’illustre régiment de la bataille de Carillon, seule unité protestante venue en Nouvelle-France! Et de conclure Rousseau, « Le drapeau du Québec veut donc souligner la persistance française en Amérique, et il remplit bien cette mission, même si son adoption fait preuve d’un œcuménisme inconscient : faudrait-il voir dans la décision de nos légistes une préfiguration de Vatican II? »
À une époque où le rouleau compresseur américain menace partout la diversité culturelle, n’est-ce pas réconfortant de savoir que les Québécois ont très largement adopté un drapeau à la fois œcuménique et symbolique d’une présence française en Amérique? Voilà peut-être ce qui heurte Don Macpherson : la présence française.
Si c’est le cas, nous comptons sur lui pour mener la charge contre les célébrations annoncées du cinquantenaire du règne de la Reine Élisabeth.


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