QUI SERA LE CHAMPION DU NATIONALISME QUÉBÉCOIS ?

D097eb99db4b6ca4595880b6c7394827

Tandis que la gauche se dénationalise, les souverainistes renoueront-ils avec leurs racines bleues ?

Les élections fédérales qui approchent risquent fort d’être celles du déplacement des plaques tectoniques politiques au Québec.



La marginalisation du Parti québécois aux élections d’octobre dernier annonce l’effondrement d’une coalition politique historique et impose des alliances inédites, hier encore improbables.


Depuis la Révolution tranquille, sociodémocrates et nationalistes se sont unis au sein du mouvement souverainiste. De la CSN à Mathieu Bock-Côté, en passant par l’environnementaliste Martine Ouellet ou le responsable fiscal Lucien Bouchard jusqu’à la féministe Lise Payette, le PQ et son cousin d’Ottawa, le Bloc, rassemblaient tous les insatisfaits du régime canadien face aux admirateurs de la fédération.


En ces temps de réalignement, une telle division politique ne tient plus la route.


La gauche se radicalise, comme en fait foi la montée de Québec solidaire. Les nationalistes renouent avec leurs racines bleues, unionistes et conservatrices.


Devant cette transformation du paysage politique, comment réagiront les différents partis politiques fédéraux ?


Lequel saura le mieux convaincre la gauche environnementaliste, multiculturaliste, anti-laïcité et favorable à davantage d’immigration ? Le Parti libéral semble le plus apte à coaliser ces électeurs. L’attitude juvénile de Justin Trudeau et l’incohérence de ses politiques gouvernementales des quatre dernières années risquent cependant de diviser la gauche-multi. Le NPD peut encore surprendre malgré le turban ostentatoire d’un chef peu connu. Le Parti vert jouera-t-il les trouble-fêtes en devenant le champion de la « catastrophe climatique » ?


UNIR IDENTITAIRES ET CONSERVATEURS


Plus intéressant encore : qui se fera le champion du nationalisme québécois, anti-rectitude politique et pro-gros bon sens économique ? Le Parti conservateur espère une percée à l’extérieur de son château fort de Québec. Le lieutenant québécois, Alain Rayes, a regroupé une impressionnante équipe de candidats.


Le discours des conservateurs québécois, qui respectent le droit du Québec d’imposer la laïcité, tranche agréablement avec la position de certains conservateurs ailleurs au pays.


La plateforme qui réconcilie environnement et développement économique, plutôt que de les opposer, est la bienvenue. La lutte contre l’immigration illégale risque de résonner auprès des électeurs québécois, et même canadiens. La proposition d’un fédéralisme décentralisateur plaira aux souverainistes pas trop pressés. L’élimination rapide du déficit rassurera ceux qui désespèrent devant l’irresponsabilité fiscale de Trudeau.


L’inconnue du côté des bleus demeure le leadership non testé d’Andrew Scheer et les prises de position divergentes des conservateurs canadiens-anglais.


Le Bloc québécois retrouve une certaine respectabilité sous le leadership d’Yves-François Blanchet. Ce sera, par contre, insuffisant pour que le parti renaisse de ses cendres. Le Bloc est coincé dans le même étau que son cousin péquiste : des gauchistes interculturalistes (synonyme, quant à moi, de multiculturalistes) de plus en plus interventionnistes, face à des identitaires incapables de cohabiter plus longtemps avec ces hurluberlus. Blanchet réussira-t-il à réconcilier ces deux blocs ? Difficile à imaginer.


Finalement, le nouveau Parti populaire de Maxime Bernier se faufilera-t-il pour causer la surprise de ces élections ? Scheer et Blanchet lui offriraient cette opportunité s’ils trébuchent tous deux.


Le scénario le plus réaliste semble néanmoins une vague conservatrice comme le Québec n’en a pas connu depuis les beaux jours de Brian Mulroney, il y a plus de trois décennies.


Pour réaliser cette impressionnante montée, les troupes de Scheer ont trois mois pour rassurer leur base de la droite économique (principalement, mais non exclusivement, à Québec) avec les identitaires héritiers de Lionel Groulx. En somme, une espèce de CAQ fédérale, un peu plus à droite et un peu moins nationaliste, mais qui a de gros atomes crochus avec l’actuel gouvernement de François Legault.


Attachez vos tuques ! Le séisme politique 2019 commence et il promet de nous brasser le pommier !