Quel rôle Luc Lavoie a-t-il joué?

La présence d'un vice-président de Quebecor à l'entrevue de Julie Couillard pique la curiosité de l'opposition

"L'affaire Maxime Bernier"

Ottawa -- Le vice-président exécutif du groupe Quebecor, Luc Lavoie, invite tout le monde au calme. Oui, il était bel et bien présent lors de l'entrevue accordée par Julie Couillard au réseau TVA, mais il assure ne jamais s'être mêlé de contenu éditorial et encore moins d'avoir averti le gouvernement conservateur de ce que la dame allait révéler.
La présence de Luc Lavoie lors de l'enregistrement de l'entrevue accordée par l'ex-conjointe de Maxime Bernier au réseau TVA a fait sourciller la classe politique hier à Ottawa. Les partis d'opposition se demandaient quelle avait bien pu être la contribution d'un grand patron du groupe Quebecor, de surcroît un proche des cercles conservateurs, à un exercice journalistique.
M. Lavoie a déjà été chef de cabinet d'un ministre progressiste-conservateur et chef de cabinet adjoint de Brian Mulroney lorsque celui-ci était premier ministre. Par amitié, il a continué d'être son porte-parole jusqu'à tout récemment.
M. Lavoie estime que sa présence lors de l'enregistrement de l'entrevue de Mme Couillard, le dimanche 25 mai dernier, est normale. «Je suis vice-président exécutif de Quebecor. TVA est une filiale de Quebecor et parfois, je suis sur les lieux quand un événement exceptionnel se déroule», a-t-il dit au Devoir hier. «J'étais dans les coulisses de Star Académie aussi, lance l'ancien journaliste qui dit n'avoir rien perdu de sa curiosité professionnelle, tout comme au congrès au leadership du Parti libéral du Canada.»
M. Lavoie assure ne pas s'être mêlé du contenu éditorial de l'entrevue, mais que sa présence était nécessaire aussi advenant qu'une poursuite découle de cette entrevue fumante. L'entrevue avec Mme Couillard a été enregistrée le dimanche 25 mai, mais diffusée le lendemain soir à 21h. M. Harper a annoncé la démission de son ministre deux heures avant.
«Je voudrais savoir pourquoi il était là. C'est une bonne chose à savoir», a lancé aux journalistes Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois. Il se demande si M. Lavoie a informé le gouvernement, par l'entremise de vieilles connaissances, que Julie Couillard révélerait que des documents secrets avaient été oubliés à son domicile par l'ex-ministre des Affaires étrangères. Le chef du NPD, Jack Layton, se pose la même question. «Pourquoi était-il là?» Au gouvernement, personne n'a voulu dire si M. Lavoie était entré en contact avec qui que ce soit depuis l'enregistrement de l'entrevue.
Pas de conservateurs au menu
Les partis d'opposition ont par ailleurs admis hier qu'ils ne pouvaient pas, en comité parlementaire, forcer le premier ministre, son ministre de la Sécurité publique Stockwell Day et son député Maxime Bernier à comparaître. Les règlements de la Chambre des communes l'interdisent. Le bureau de Stephen Harper a laissé entendre qu'il n'accepterait pas l'invitation du comité.
«Ils vont faire la preuve qu'ils n'ont aucun sens de l'honneur, croit M. Duceppe. C'est une question d'honneur, de sens des responsabilités et de respect des institutions. Quand on ne veut pas venir témoigner sous serment, c'est qu'on a certainement quelque chose à cacher.» M. Duceppe se console en pensant que les conservateurs renoncent ainsi à leur chance de contredire ce que d'autres témoins pourraient venir dire et qui les placerait dans des «situations fort inconfortables».
L'opposition tente depuis des semaines maintenant de savoir si oui ou non le gouvernement avait été averti des relations douteuses de Julie Couillard. Non seulement la dame a fréquenté trois hommes ayant eu des liens étroits avec les Hells Angels, mais La Presse révélait dans son édition d'hier qu'elle a aussi fréquenté dans sa jeune vingtaine un mafioso du nom de Tony Volpato. Cet homme, d'au moins 20 ans son aîné, était un grand ami de feu Frank Cotroni et avait aussi des liens avec le parrain sicilien Vito Rizzuto.
Devant un refus de comparaître, le comité parlementaire pourra rédiger un rapport dans lequel il se dira déçu de l'absence des Harper, Day et Bernier. Saisie de ce rapport, la Chambre des communes pourrait alors adopter une motion forçant la comparution des trois hommes.
«C'est pas difficile de répondre aux questions, de nous dire s'il y a eu des mesures de sécurité qui ont été prises et si elles ont été prises en compte par le gouvernement, a lancé le chef libéral Stéphane Dion. Cette affaire se prolonge parce que le gouvernement ne veut pas collaborer.»


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