Quel est ce petit démon?

Tribune libre

Nous célébrons un triste anniversaire. Il y a vingt ans 14 jeunes filles ont été assassinées et deux autres personnes blessées, dont on ne parle jamais d'ailleurs. Le féminisme était la cible de quelqu'un qui, visiblement, n'était pas en possession de ses moyens. Un délire assassin, probablement une très grande souffrance intérieure qui a trouvé cette horrible tuerie pour se manifester. Comment prévenir une telle tragédie? Je ne crois pas qu'il existe de recettes miracles pour y parvenir. La violence revêt plusieurs visages et s'exprime différemment d'un individu à l'autre et d'une situation à l'autre. Personne n'est à l'abri de ce sentiment destructeur qui trouve dans la violence son exutoire.
J'aimerais apporter ici une réflexion sur, justement, la violence. À ma connaissance, elle n'est ni masculine ni féminine, elle habite en chacun de nous et pointe son nez à chaque fois que des circonstances extérieures lui donnent vie. Elle s'exprime différemment d'une personne à l'autre compte tenu aussi du contexte social dans lequel cette personne évolue.
Ça fait bien dans les médias d'associer la violence aux hommes. À lire les journaux et à entendre la télévision, les femmes en sont dépourvues et sont les éternelles victimes. Malheureusement, il est vrai que ce phénomène existe et est finalement trop courant sauf qu'on ne parle jamais de la violence féminine. Bien sûr, elle s'exprime souvent différemment mais elle fait aussi partie de notre folklore. N'avons-nous pas fait pendant longtemps de bonnes grosse blagues à propos de la femme qui attendait son mari avec le rouleau à pâtisserie? Bien sûr, elles avaient d'excellentes raisons. Mais, en fait, quelle peut être une raison qui peut justifier la violence? Nous ne parlons pas non plus de la violence verbale qui elle, est, pour ainsi dire, improuvable en cour. Ce type de violence est quelquefois beaucoup plus destructeur qu'une bonne baffe. Celle-ci laisse des traces, pas la première. Vous voyez d'ici le gros et grand monsieur se présenter au poste de police et déposer plainte contre sa femme qui l'a battu? Rigolade générale! Que se serait-il produit s'il s'était défendu? C'est lui qu'on aurait mis en taule. Il existe des préjugés extrêmement favorables aux femmes dans les cas de violence. La femme n'a rien à prouver, elle déclare que son mari l'a battu et, automatiquement, on emmène le mari, que ce soit vrai ou faux. Allez prouver ensuite que ce n'était pas vrai. Pas un juge ne va vous croire. Il est extrêmement difficile pour un homme de se défendre de telles accusations.
Il est certain que la violence, sous quelque forme que ce soit, est condamnable et doit être éradiquée. Si je peux me permettre, il y en a une autre qui elle, est plus discrète mais aussi plus destructrice, c'est la violence que nous gardons à l'intérieur de nous et qui ne s'exprime pas, le refoulement à longue échéance. Un jour cette violence qui ne s'est pas évaporée comme par magie, s'est accumulée, et dans certains cas extrêmes, a fini par exploser en une rage démentielle.
Chaque cas de tuerie de masse est spécifique au vécu de chacun de ces criminels mais je crois qu'il y a un dénominateur commun à ces débordements. Dans ma vie personnelle, j'ai vécu ce genre de situation de harcèlement verbal violent. Quand je sentais la moutarde (de Dijon) me monter au nez, et que l'envie de faire taire manu militari l'autre personne, je montais sur ma moto et j'allais me refroidir le tempérament, le nez dans le vent, calmement en absorbant un surplus d'oxygène. Je faisais ce que j'appelais ma motothérapie. Bien sûr, chaque personne se défoule d'une manière différente. L'hiver, se défouler en utilisant cette énergie à pelleter de la neige est doublement utile.
La violence est un petit démon que nous avons tous en soi. On peut avoir des méthodes différentes pour le garder endormi, l'activité sportive, la méditation ou autre mais il ne faut jamais oublier qu'il est toujours là et qu'il peut s'éveiller au moment où l'on ne s'y attend pas. Je ne crois pas, comme je le disais précédemment, qu'il y ait de remèdes dans la société pour prévenir de pareilles démences mais nous avons, par contre, des remèdes pour empêcher ce petit démon d'exploser, en soi.
Ivan Parent

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Pianiste pendant une trentaine d'années, j'ai commencé
à temps partiel d'abord à faire du film industriel, de la vidéo et j'ai
fondé ma compagnie "Les Productions du LOTUS" Les détails seront visibles sur mon site web.
Site web : prolotus.net





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2 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    5 décembre 2009

    Il est, en effet, particulièrement intéressant de prendre conscience que la violence peut être le fait des tous les êtres humains. Monsieur Ivan Parent nous apporte un sujet d'étude passionnant car depuis la nuit des temps, c'est à dire depuis la plus haute antiquité les hommes se sont interrogés sur l'inconscient. Nous devons remonter sans doute au moins jusqu'à Hippocrate et plus particulièrement Aristote qui ont démystifié les maladies psychiques de l'âme, en s'interrogeant sur les perceptions du corps par rapport à la pensée. L'âme et le corps sont-ils séparés? Oui nous dit-on, mais si on peut nous affirmer que l'âme est distincte n'est-elle pas pourtant inséparable du corps?
    Les travaux de Platon se sont intéressés également à cette étude de l'âme, cette science particulière appelée psychologie, et cela par le comportement non seulement du sien propre, mais aussi celui d'autrui. L 'ensemble des manières de penser, d'agir caractérisent un groupe d'individus. En faisant un raccourci on en arrive à la conclusion qui pourrait être du genre :" Savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va " ou encore plus terre à terre :" mieux se connaître pour mieux vivre sa vie ! "
    Aujourd'hui on étudie largement ce qui peut provenir de l'acquis et de l'inné, ainsi que le rapport ou l'influence qu'il peut y avoir, entre la personne et la societé dans laquelle elle vit. La psychologie de chaque individu, en tant qu'être social, est aussi le produit de la psychologie des êtres, du groupe qui l'entoure, où tous naissent, grandissent et interagissent ensemble, on ne peut donc différencier l'influence de la societé, sur les êtres qui la composent, et c'est là que nous retrouvons deux conceptions, idéaliste pour Platon, et matérialiste pour Epicure qui s'affrontent .
    Lorsque les études ont démontré que les êtres humains ne maîtrisaient pas tous leurs actes et toutes leurs paroles et y compris même jusqu'à certains moments de leur vie, cela a été à l'encontre de cette image d'un homme de raison parfaitement maître de lui, tant le sens des actes ne peut-être induit des conduites, les actes étant les produits de la personnalité de chacun. Cette étude des théories de la personnalité fait partie du champ des sciences psychologiques
    Cette prise de conscience si elle est un objectif ne met pourtant pas en équivalence conscience totale et maîtrise totale. Pourtant cela est plus facile d'agir en amont par l'éducation, afin d' apprendre aux individus à vivre ensemble, et à tendre à cette maîtrise nécessaire à toute vie en societé.
    Les psychiatres s'entendent pour expliquer que, heureusement, tout un chacun arrive à auto gérer son attitude vis à vis des autres, c'est donc à partir du moment où un individu n'arrive plus à se contrôler, et se laisse aller à des débordements que l'on peut penser qu'il y a maladie et qu'il a besoin d'aide.
    ,

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    5 décembre 2009

    @ M. Ivan Parent:
    Merci. Je voudrais maintenant ajouter un petit complément d'information à votre texte.
    Ce que les médias de masse se sont gardés de diffuser comme information, à l'époque, dans les jours qui ont suivi la tuerie de l'École Polytechnique, est que Marc Lépine portait le nom de famille de sa mère. Et qu'il était en fait, à moitié libanais. Et que c'est parce qu'il en avait, semble-t-il, contre le féminisme occidental et l'émancipation des femmes québécoises, qu'il a fait ce qu'il a fait!
    Si Marc Lépine souffrait tant, intérieurement, comme vous le dites, monsieur Parent, c'est parce qu'il était incapable d'accepter, ou de bien s'adapter à, la vie dans notre démocratie occidentale qu'est le Québec.
    En un sens, la tuerie de la Polytechnique, c'était un attentat terroriste. Et un attentat, qui fut un précurseur de celui du 11 septembre 2001.