Québec se laisse duper par les immigrants investisseurs

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Fiasco du programme des immigrants investisseurs : 9 sur 10 repartent du Québec

Dans notre édition du 13 mars dernier, nous avions souligné que le Programme québécois des immigrants investisseurs s'avérait un véritable échec. Non seulement sa gestion est-elle coûteuse, mais « neuf immigrants investisseurs sur dix finissent à terme par quitter le Québec », avions-nous écrit. Or, le gouvernement de Philippe Couillard a décidé de le renouveler en août dernier, nous apprend Radio-Canada dans un article qui rend également compte de nombreuses autres failles.


Le Programme québécois des immigrants investisseurs a été mis sur pied en 1986. Il permet aux candidats d'obtenir leur résidence permanente au Canada moyennant un prêt de 5 ans sans intérêt de 1,2 million de dollars. Seulement pour y être admissibles, les futurs investisseurs doivent posséder des avoirs nets d'au moins 2 millions de dollars, lesquels doivent avoir été acquis légalement. Surtout, ils doivent manifester leur intention de s'installer au Québec.


Or, selon une ex-fonctionnaire qui a été interviewée par Radio-Canada, le programme en question permettrait surtout à des personnes qui exercent « des activités peu recommandables, voire illicites, de blanchir des fonds [...] et de s'acheter une citoyenneté à bas coût ». Une autre ex-fonctionnaire rapporte que « 50 % des dossiers évalués suscitaient des questionnements » à l'époque où elle travaillait au ministère de l'Immigration.


En fait, les employés du ministère qui doivent analyser les dossiers des immigrants subissent une pression continue pour accepter le plus de candidats possible, « malgré la piètre qualité des dossiers ». Selon Radio-Canada, le but non avoué de cette pression est de « boucler les budgets du ministère grâce aux frais de traitement des dossiers imposés à chaque immigrant investisseur ». Ces frais s'élèvent à 15 000 $ par tête, ce qui permet au gouvernement d'empocher quelques millions bien appréciés.


Sauf que les coûts semblent dépasser les revenus. Québec a dû en effet débourser 12 millions l'an dernier, en grande partie pour payer les salaires des employés du ministère de l'Immigration et d'Investissement Québec. À ce montant s'ajoutent 52 millions versés en moyenne chaque année pour l'aide aux entreprises et à l'intégration des immigrants en emploi. Quand on sait qu'à peine 1 de ces immigrants sur 10 reste au Québec, on peut se demander si le jeu en vaut la chandelle.


Au fédéral, la question ne se pose plus, car les conservateurs de Stephen Harper avaient mis fin à un programme similaire en 2014, faute de présenter des avantages économiques importants.


Aucune surprise, le ministre de l'Immigration, David Heurtel, s'est refusé à tout commentaire sur le sujet.