Québec et le mondialisme

L'indépendance dans la déchéance du droit international

Chronique de Gilles Verrier

Vous est-il arrivé de vous demander si il y avait un contexte mondial dans lequel le Québec pourrait plus facilement accéder à son indépendance ?
Depuis un certain nombre d'années, Philippe Grasset du site DeDefensa nous parle de la montée en puissance du Bloc américano-occidentaliste (BAO). La résultante se trouve dans la déchéance du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, un concept fort, validé par les multiples indépendances nationales proclamées contre les puissances coloniales européennes depuis la moitié jusqu'à la fin du vingtième siècle.
Nous sommes aujourd'hui dans une période de recul. Les indépendances acquises de jure au cours du siècle dernier sont pour une bonne part invalidées de facto de nos jours. La cote des indépendances nationales recule et celles-ci se trouvent plus que jamais remises subtilement ou violemment en cause.
Le colonialisme bon teint du siècle dernier et d'avant s'est désormais transmué dans un dispositif plus subtil et plus brutal. Plus subtil en ce qui concerne le consentement programmé des populations des pays agresseurs (BAO) et plus brutal en ce qui concerne les populations et les pays qui en sont victimes.
Pour faire court (je répondrai aux commentaires), on assiste essentiellement à une sorte d'annulation du droit international, une annulation par laquelle les souverainetés nationales, jadis plutôt inviolables, sont désormais niés et violées sous tous les prétextes et toutes les hypocrisies, la première étant l'hypocrisie humanitaire devenu le parfait piège à cons.
Dans un contexte de descente en vrille du droit des nations à disposer d'elles-mêmes, que peut espérer le Québec pris en tenailles, à la merci du Canada et sujet à l'approbation des États-Unis pour tout changement ? Même que la France, devenue puissance atlantiste (OTAN) par excellence et donc soumise aux États-Unis, pourrait sans trop d'état d'âme prendre parti en faveur du Canada (USA) contre le Québec. Que peut donc espérer le Québec dans un contexte tel où l'arbitraire des puissants impose soit le statu quo, soit le changement (à sa guise) sur tous les continents en ce qui concerne les statuts nationaux ?
L'indépendance du Québec est plus que jamais liée au droit international. Or ce droit est malmené. Nous assistons impunément et depuis trop longtemps déjà à des violations du droit international. Nous assistons impuissants aux actions unilatérales de puissances qui, s'arrangeant avec le cadre légal, font et défont à leur guise les souverainetés selon leur intérêt.
Mais que vaut donc la souveraineté lorsque celle-ci n'est plus qu'un pion avancé par une grande puissance pour servir ses intérêts ? Le Camp Bondsfield (grande base militaire US) a choisi son pays et il l'a fait, il en avait les moyens. Le camp Bondsfield a décrété l'indépendance du Kosovo, phénomène bizarre mais en phase avec la manipulation de grande puissance. Est-ce un idéal pour le Québec ? Devenir plus soumis aux États-Unis qu'il ne l'est présentement au Canada en échange d'un siège «bargainé» aux Nations Unies ? Est-ce vraiment l'indépendance ?
Il me semble important de poser la question. Le Québec peut-il faire son indépendance aujourd'hui comme il aurait pu la faire en 1967, en 1976 ou en 1995 alors que le Canada a depuis resserré son étau sur notre destinée dans un contexte où tous les recours auprès des instances internationales sont verrouillées par tous ceux qui ne veulent pas d'un Québec Libre ?
En temps normal, les Québécois devraient avoir le réflexe automatique de réclamer justice auprès des instances internationales contre tous les gestes du Canada destinés à l'empêcher de décider librement de son avenir. Ces gestes hostiles se sont multipliés depuis le référendum de 1995. Or, rien ne passe de ce coté car, malgré la preuve accablante contre le Canada, nous savons tous que le Québec n'a aucune chance de faire valoir ses droits. Les tribunaux internationaux et l'ONU sont devenus plus que jamais des instances «privées», agissant avec intelligence, parfaitement rodées, mais surtout soumises aux ordres de ceux qui ne nous veulent pas que du bien.
Dans ce contexte géopolitique qui ne nous est pas favorable, il faut savoir qui peut nous soutenir dans notre combat. Pour le savoir, il faut se poser la question à savoir qui défend le droit international sur cette planète et qui défend le droit des nations à disposer d'elles-mêmes ? Quand on aura répondu à cette question difficile, rupture oblige, le Québec aura fait un pas vers son indépendance car il aura trouvé des amis qui, pour une fois, ne sont pas ses ennemis. Sans le soutenir, ces nouveaux amis ne le priveront pas de son droit à la souveraineté pour lui-même.
GV

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Gilles Verrier140 articles

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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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6 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    11 décembre 2012

    @ Louis Méthé
    « Dans la mesure où De Defensa aurait raison c’est tout le système du Bloc américaniste européaniste autrement dit atlantiste qui va s’écrouler ».
    On jase, n’est-ce pas ? Il n’y a rien d’inéluctable, pas même le Chaos, hormis la capacité du capitalisme de surmonter ses contradictions.
    Nous l’avons perdue ! Tout l’Occident atlantiste n’est pas en train de perdre une guerre. Nous avons perdu une guerre. La décadence américaine est envisagée chez les américains les plus éclairés. Tout l’Occident atlantiste se retrouve maintenant comme l’Allemagne après la Grande Guerre : ruinée, mais avec une armée encore capable de tenir son rang.
    Mais après avoir exporté longtemps ses dollars et (donc) son inflation par suite de l’abandon de l’étalon-or, puis après avoir ensuite rapatrié longtemps de partout de la monnaie, en vendant jusqu’à du papier-merde pour nourrir sa stagflation, puis sa déflation-- papier-merde que notre Caisse de Dépôt s’est d’ailleurs empressée d’acheter on se demande bien pourquoi. Toute la classe politique devrait s’inquiéter de ce qui s’est passé là, plutôt que de nous amuser avec ceux qui ont trafiqué des contrats d’égouts-- l’Amérique sera capable d’exporter sa propre décadence. Mais cette décadence, aussi envisagée que pouvait l’être celle de l’Allemagne d’après guerre—la Grande Guerre-- pourrait durer très longtemps. C’est ce que croient et espèrent les autorités américaines.
    Nous aurions aussi perdu une guerre-Nous faisons partie de cet empire en décadence-qui ressemble à certains égards à celle perdue par l’Allemagne du III Reich, qui a vu alors les soviétiques vainqueurs démanteler des usines allemandes et les remonter en U.R.S.S. Cela n’est plus nécessaire ni approprié de nos jours, la décadence (à profit) consistant à les délocaliser plutôt qu’à les démanteler, contribuant ainsi à mettre à mal les Trésors publics atlantistes, permettant à nos ennemis d’hier de devenir nos amis, et qu’ils prennent possession sur des territoires estimés jusque là des territoires « atlantistes », d’installations qui auraient été autrefois jugées sensibles, névralgiques et stratégiques. Ce ne serait pas une « Tendance » à ce qu’on nous explique…
    Et ce n’est pas parce que nous avons perdu une guerre que le Chaos s’installerait tout seul, en roi et maître, comme s’il n’y était pas déjà, comme s’il n’y avait pas de vainqueurs…Les royautés traditionnelles sont devenues d’aimables anachronismes, certes, mais les rois véritables existent. Il n’y en a jamais eu autant. Seulement, ils se cachent et sont discrets, voilà tout. Les vainqueurs itou.
    On n’a vraiment pas l’air de réaliser pleinement en Occident que le grand Empire du Milieu marche déjà dans l’Espace, pendant que l’Amérique se résout d’y couper ses budgets… ce qui est une « Tendance » indéniable, mais surtout révélatrice.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 décembre 2012

    De Defensa nous parle abondamment de l’autodestruction qui devrait atteindre son terme bientôt. On trouve dans une publication toute récente le passage qui suit :
    «L’ère géopolitique est complètement dépassée, et la poursuite laborieuse de l’élaboration et de l’évaluation des rapports de force, de maîtres-Plans ou de “Grands Jeux” divers pour expliquer l’évolution du monde constitue une perte de temps en même temps qu’une incitation à penser faussement la situation.… Fondée sur le système de la communication, la terrorisation des psychologies et la suprématie de l’affectivité donnant la capacité de monter des narratives auxquelles leurs auteurs sont les premiers à croire, et qu’ils croiront jusqu’au bout, l’ère psychopolitique est arrivée à maturité et règne aujourd’hui en maîtresse incontestée…
    La politique raisonnée, la stratégie ordonnée ne constituent plus, par la force des choses et même si leur rationalité est acceptable, des explications satisfaisantes. Elles tendent à se réduire dans leur propre dissolution, remplacées par un flux de désordre nihiliste dont l’effet ne peut être que l’entropisation, avec comme seul adversaire tout ce qui est structure, c’est-à-dire tout ce qui se réfère de près ou de loin à une situation principielle et pérenne, au Principe d’une façon générale. Tout cela ne peut nous surprendre, il s’agit bien entendu, toujours, du même mouvement de déstructuration et de dissolution. La chose est quasiment achevée dans sa puissance opérationnelle (phase de surpuissance) et se trouve désormais engagée dans des crises de plus en plus incontrôlables, à l’enjeu politique réel peu important sinon incompréhensibles mais aux implications et aux extensions à très forte potentialité catastrophique (phase d’autodestruction). Au plus se poursuit cette politique-Système du bloc BAO, au plus de très graves “incidents de parcours” peuvent éclater en fonction d’évènements de plus en plus pressants, et susciter des conséquences catastrophiques dont les effets ne peuvent être prédits, qui peuvent s’avérer eux-mêmes catastrophiques dans tous les sens. Mais surtout, bien plus que l’effet politique opérationnel (stratégique, militaire, etc.), il faut appréhender, sinon observer, un effet psychologique constant d’une phénoménale puissance, actant l’effondrement de tout ordre du monde dans les conditions actuelles, c'est-à-dire actant l'impossibilité de tout ordre du monde dans les conditions actuelles ; et nul ne pouvant prévoir les effets également opérationnels, également d'une phénoménale puissance, de cette crise psychologique de dimension véritablement cosmique, et généralement complètement silencieuse pour ne pas inquiéter les commentateurs-Système courants, et ne permettre à quiconque de se préparer de quelque façon que ce soit à ses développement.
    Nous nous trouvons dans la phase ultime surpuissance-autodestruction du Système. Désormais, tout est possible, alors que, jusqu’ici, le déroulement des évènements semblait répondre à certaines cohérences, et ne favoriser que l’expansion de cette politique-Système. Tous les acteurs, et les membres du bloc BAO en premiers, y jouent leur propre cohésion, tout cela étant favorisé par une extraordinaire (mais nécessaire pour le mécanisme en cours) absence du sens des réalités des évènements en cours, et une extraordinaire ignorance de la vérité du monde. »
    Voir : http://www.dedefensa.org/article-glossairedde_bloc_bao_10_12_2012.html
    Dans la mesure où De Defensa aurait raison c’est tout le système du Bloc américaniste européaniste autrement dit atlantiste qui va s’écrouler. L’Union européenne est bien partie, les Etats-Unis aussi. Quant au Canada le gouvernement Harper est en bonne voie d’avoir complètement miné l’État canadien.
    Si tout cela se produit l’implosion de tout le système libérera le Québec bien malgré lui. Il faudra bien que nous prenions nos destinées en main puisque nous ne pourrons plus compter sur personne pour le faire à notre place.
    Le Canada s’est construit en opposition à la construction des Etats-Unis. C’est un projet de marchands, un chemin de fer avec un tarif tout le tour comme disait un de mes professeurs du secondaire. À partir du moment où les Etats-Unis s’écroulent le Canada peut s’écrouler sans problème et l’Amérique du Nord se réorganiser selon le scénario imaginé par Joël Garreau dans son livre sur les neuf nations d’Amérique du Nord.
    Voir: http://www.garreau.com/
    Peut importe que nous refusions de le faire nous sommes prêts à assumer notre destin.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 décembre 2012

    Vous avez raison. Comment le Québec peut-il devenir souverain étant intégré comme il l'est dans l'empire "humanitaire" américain?

  • Archives de Vigile Répondre

    9 décembre 2012

    MM. Pomerleau et Haché,
    Merci de vos commentaires.
    Je rendais compte du poids des forces qui façonnent le mondialisme, du poids de ceux qui veulent créer un monde centralisé et plus régenté que jamais. Il est clair que ce nouvel ordre mondial en construction réduit le poids des entités nationales et leur autonomie politique. Par conséquent, des forces centrifuges apparaissent. Comme aux États-Unis où l'on assiste à une forte recrudescence de mouvements sécessionnistes dans plusieurs États et bien sûr au Canada (grogne de l'ouest, etc.). Je pense que ces revendications partielles mues par un fort sentiment populiste(rôle et place de l'État, partage économique), pourraient, advenant l'aggravation des conditions économiques, se traduire par la montée du chaos au Canada, aux USA et ailleurs, ce qui ne favoriserait pas nécessairement l'indépendance du Québec. Le désordre pourrait aussi bien être le prétexte d'un renforcement des contrôles de l'oligarchie mondialiste, du BAO, verrouillant encore plus le Québec dans sa logique d'annexion anglo-saxonne devenue mondialiste.
    Par conséquent, on peut bien rire sous cape de la division croissante du Canada mais il faut se garder d'y voir une relation de cause à effet qui jouerait en faveur du Québec.
    Je rappelle que la tradition canadienne à l'égard du Québec est d'une persistance historique sans faille. Cela peut changer, mais pour l'heure l'annexion du Québec progresse toujours et ce projet pluricentenaire est bien plus enraciné dans la classe dirigeante canadienne et contient un potentiel de division beaucoup plus fondamental (division entre nations) que les disputes dans la famille (Alberta, etc.) au sujet du partage des richesses.
    Je suis du même avis que M. Haché pour dire que notre propre jeu, le Nous qui se met en action pour lui-même, est ce qui en toutes circonstances comptera le plus, peu importe les circonstances. Une force indépendantiste bien organisée et politiquement lucide, choisissant bien ses alliés, pourrait produire une surprenante échappée pour le Québec. Mais je vois nulle part cette force dans le moment.Pourtant, au moment où notre destin national est le plus incertain, notre cohésion nationale ne cesse de s'effriter. Un ensemble d'institutions bien à Nous maintenait jadis une cohésion qui ne se retrouve plus.
    Salutations / GV

  • Marcel Haché Répondre

    9 décembre 2012

    M. Verrier.
    Il n’y a qu’une seule puissance digne de ce nom capable d’appuyer pour lui-même un Québec souverain. Je n’en vois qu’une, digne de ce nom. Mais pour lui-même ? Hum… En tous les cas, un état qui pourrait avoir les mêmes intérêts géopolitiques qu’un Québec nouvellement souverain. Facile…mais risqué si des signaux étaient trop visibles avant l’instauration de la souveraineté.
    La difficulté de faire l’indépendance demeure et Nous incombe. Et tous les états qui nous enverraient leurs bons vœux du type « ni-ni » français—ce qui n’a jamais voulu rien dire auprès de ceux qui ont succédé à De Gaulle-- seraient à être suspectés de manipulation par les indépendantistes, et d’ingérence par les fédéralistes. Mais oui, cet état existe, et oui notre souveraineté et nos intérêts pourraient coincider avec les siens, et à bien des égards, bien mieux qu’avec ceux de l’Empire…
    L’indépendance chasserait rapidement bien des brumes qui Nous paraissent insurmontables. Nous ne sommes pas nombreux, mais notre territoire est immense…et nos voisins, puissants…

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    9 décembre 2012

    Et si nos alliés objectifs étaient à l'intérieur de la fédération. Du moins comme leviers pour enclencher une nouvelle dynamique politique pour faire avancer, concrètement, le projet souverainiste.
    Ce thème fera l'objet de ma présentation à la SSJB, le 13 décembre :
    SSJB - Société Saint-Jean-Baptiste (Montréal)
    jeudi 13 décembre 2012
    Dans le cadre des Jeudis de l’indépendance à la Maison Ludger-Duvernay :
    Géopolitique de l’énergie et souveraineté. Oléoduc : le Québec a-t-il le gros bout du tuyau ?
    Présentation du contexte et de la situation faite par Jean-Claude Pomerleau.
    En avril 2004, monsieur J.R.M. Sauvé publie un texte qui frappe l’imaginaire : L’implosion du Canada. Où en est cette prédiction huit ans plus tard ?
    La monté en puissance des provinces pétrolières a mené à une profonde métamorphose du Canada. Depuis 2008, la fédération est entrée dans un processus irréversible de dislocation. Prenant la mesure de ce nouveau contexte, quelle stratégie adopter pour rebâtir le rapport de force si nécessaire pour faire avancer la cause souverainiste.
    La conférence sera suivie d’un débat. Entrée libre.
    Endroit : Maison Ludger-Duvernay 82, rue Sherbrooke Ouest Date : Jeudi, le 13 décembre 2012 Heure : à 19 heures
    http://www.vigile.net/Oleoduc-Le-Quebec-a-t-il-le-gros