Que sont nos rêves devenus?

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Le problème, c'est que nous avons pensé qu'il suffisait de rêver pour que l'indépendance survienne





Victoire de Donald Trump, décès de Leonard Cohen et commémorations des attentats de Paris... Les derniers jours ont été éprouvants. Ce matin, le tourbillon s’arrête le temps d’un double anniversaire pas comme les autres.


Le 15 novembre 1976, Harmonium lançait son album phare L’Heptade au moment même où le Parti québécois de René Lévesque remportait sa première victoire électorale.


Dans le sillage d’une Révolution tranquille pas si tranquille que ça, ce jour-là, le Québec s’était fait jeune, confiant, frondeur et courageux. Ce jour-là, il osait le risque d’être libre et le rêve d’une société plus juste.


Quarante ans plus tard, qu’en reste-t-il? Que sont nos rêves devenus? Poser la question, c’est déjà y répondre un peu.


Mal vieillir


Dans cette société qui vieillit mal, risquer est devenu cause d’allergie collective. Le surplace s’est substitué au goût d’avancer. Les questions dites «identitaires» servent de succédané à un projet national qui ne s’est jamais réalisé.


Dans l’arène politique, l’audace a cédé le pas à 50 nuances de beige pâle. Le Parti libéral collectionne les scandales et saucissonne le «modèle québécois» à coups d’une austérité dont il jure qu’elle n’existe pas.


Le système d’éducation est jugé le plus «inégalitaire» au pays. La santé et les services sociaux se déshumanisent et se privatisent lentement, mais sûrement.


À deux ans de l’élection et perdant quelques plumes dans les sondages, le gouvernement Couillard jure maintenant vouloir combattre les «inégalités» qu’il a pourtant lui-même accentuées. C’est comme si on vous coupait une main avant de vous greffer deux doigts pour se faire pardonner.


Atteint de référendophobie depuis 20 ans, le PQ cherche quant à lui son «chemin des victoires» dans les talles caquistes. La CAQ «nationaliste et fédéraliste» se prend pour l’Union nationale. Québec solidaire se voit au pouvoir la semaine des quatre jeudis.


Le vote francophone est scindé en blocs irréconciliables face à un vote non francophone soudé au PLQ. Résultat: une victoire majoritaire péquiste ou caquis­te sent la mission impossible.


Le temps d’un printemps


Notre supplément d’âme, on l’avait pourtant cru ressuscité en 2012, le temps d’un Printemps étudiant. Pendant que les filous défilaient à la commission Charbonneau, nos rues se gonflaient chaque soir de milliers de Québécois.


Toutes générations et origines confondues, ils venaient rêver à leur tour d’une société plus juste. Le mouvement était d’une ampleur telle que le journal britannique The Guardian le qualifia de «symbole de la plus puissante remise en question du néolibéralisme en Améri­que du Nord».


Or, qu’arriva-t-il? Le mouvement fut rejeté par une part substantielle de l’opinion, des médias et de la classe politi­que. Dans ce Québec redevenu frileux, même le port pacifique d’un masque passait pour un crime de lèse-majorité silencieuse. Une fois au pouvoir, Pauline Marois rangea son carré rouge dans le fond d’un tiroir.


Alors, que sont nos rêves devenus? En ce 15 novembre 2016, la question méri­te réflexion.




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