Que reste-t-il de Bombardier?

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Couillard s'apprête à cueillir ses choux gras sur le tas de fumier qu'il a contribué à engraisser

À un an de l’élection, tous les faits et gestes du gouvernement Couillard et ses décisions sont scrutés en fonction des retombées électorales.


Or, une fois passées les nécessaires analyses complexes des experts sur le deal entre Bombardier et Airbus, les Québécois retiendront quoi ? Probablement que l’intervention gouvernementale a sauvé 2000 jobs payantes.


Pourtant, beaucoup d’éléments dans la saga du boiteux fleuron aéronautique laissent un goût amer.


D’abord une aide controversée et risquée de 1,3 milliard $ de l’État dans la C Series, qui ne trouvait preneur nulle part.


Puis, des augmentations de salaire insensées accordées aux dirigeants, indéfendables alors qu’ils venaient de « passer le chapeau » pour sauver le nouvel appareil.


Philippe Couillard a plaidé pour que les Québécois continuent malgré tout « d’aimer » Bombardier.


Qu’on lui donne de l’amour, après lui avoir donné tant d’argent, ça commençait à faire pas mal.


Généralement, après un mariage de raison, la nuit de noces est moins passionnelle.


Puis, est venu le coup de massue.


LA PLAINTE DE BOEING


La décision du département du Commerce américain d’imposer des droits de douane de 220 % pour chaque avion de C Series vendu au sud de la frontière faisait craindre la catastrophe.


Dans l’espoir de rassurer les travailleurs qui assemblent l’appareil, Philippe Couillard a usé d’un ton guerrier contre Boeing dans un hangar de Mirabel.


« Pas un boulon, pas une pièce, pas un avion », a-t-il scandé, avant de demander aux travailleurs interloqués de répéter, avec un « envoye » qui semblait sorti de la bouche de quelqu’un d’autre.


Comme dans une chanson à répondre.


Un surréel mélange de Michel Chartrand et de Soirée canadienne.


ET MAINTENANT


Aujourd’hui, on se désole de voir que Bombardier a dû en arriver là.


Dans un monde idéal, on voudrait que la multinationale québécoise ait eu suffisamment de moyens pour ne pas quémander auprès de l’État. Qu’elle ait eu les reins assez solides pour conserver jalousement son expertise, se sortir elle-même du pétrin face aux États-Unis protectionnistes de Trump, sans se donner gratis à Airbus.


« On aurait rêvé que Bombardier devienne aussi gros que Boeing et Airbus, mais en pratique, c’était impossible que ça se produise », a admis le premier ministre hier.


Il n’est sûrement pas « fier de ça en tabarnouche », mais il a raison, c’est la réalité.


Pomper 1,3 milliard $ pour conserver 2000 jobs, c’est cher payer.


Mais malgré les critiques justifiées, une fois la poussière de cette saga retombée, l’électorat retiendra que c’est quand même 2000 jobs de qualité sauvées.


Philippe Couillard le sait.


C’est pourquoi il a choisi de ne pas se rendre comme prévu à la Conférence des premiers ministres et des gouverneurs des Grands Lacs vendredi.


On peut plutôt prévoir une séance de bombage de torse en règle devant les gars et les filles de l’usine. Ce sera plus payant.