En annonçant l’abandon des poursuites contre Air Canada dans le dossier de l’entreprise d’entretien d’aéronefs Aveos, le gouvernement Couillard donne l’impression que les emplois occupent un rang bien secondaire dans ses décisions économiques. Notre premier ministre soutient qu’une victoire devant les tribunaux ne crée pas d’emplois. Ça reste à voir. Mais ce qui nous semble assez probable, par contre, c’est que la confirmation par la Cour suprême des deux jugements antérieurs viendrait sans aucun doute renforcer la position de négociation du gouvernement du Québec quant au transporteur aérien.
Notre gouvernement prétend qu’il a fait une bonne affaire pour le Québec en acceptant le marché que lui propose Air Canada : la création d’un centre d’excellence pour l’entretien des avions de la CSeries que le transporteur aérien s’apprête à acheter auprès de Bombardier. Dans la réalité, il s’agit d’un nombre indéterminé d’emplois qui ne verront pas le jour avant 2025.
Bien au-delà de ces emplois, ce qui est en jeu, ce sont les orientations de la politique économique. Est-il dans notre intérêt national de laisser les entreprises du secteur exporter le plus grand nombre d’emplois possible à l’avantage de leurs actionnaires ? Ou bien, au contraire, d’adopter et appliquer des lois dans le but de protéger un domaine stratégique comme l’industrie aérospatiale ? Poser ces questions, c’est y répondre.
Nous sommes à quelques jours d’une décision de la Cour suprême d’entendre ou non la demande d’appel d’Air Canada. Déclarer forfait à ce stade-ci des procédures est une mauvaise décision stratégique qui pourrait facilement être revue dans les prochains jours si le gouvernement élevait ses ambitions.
Le cas d’Aveos, clairement illégal, vaut plus que ce que le gouvernement semble penser. Évidemment, nous sommes heureux qu’Air Canada ait finalement pris la décision d’acquérir des avions de la CSeries. Mais cette décision s’appuie sans aucun doute sur des bases technologiques et financières solides et tout à fait indépendantes de la cause concernant Aveos. De plus, s’agissant de Bombardier autant que d’Air Canada, une partie substantielle de leurs transactions repose directement ou indirectement sur de l’argent des contribuables.
Cela dit, ce qui est peut-être pire, c’est qu’en retirant sa cause, le gouvernement du Québec envoie le signal au gouvernement du Canada qu’il peut en toute tranquillité modifier la Loi sur la participation publique au capital d’Air Canada pour en diminuer la portée. Ce serait alors la porte ouverte à d’autres milliers de pertes d’emplois à travers le Canada.
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AVEOS
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