L'Autriche et les pays des Balkans ont persisté mercredi dans leur offensive pour freiner le flux migratoire, une «question de survie» pour l'Union européenne, augurant d'une réunion difficile des 28 jeudi à Bruxelles.
«Nous devons réduire le flux migratoire maintenant. Il s'agit d'une question de survie pour l'Union européenne», a déclaré la ministre de l'Intérieur autrichienne Johanna Mikl-Leitner lors d'une conférence régionale à Vienne.
Après l'Autriche, qui a instauré vendredi des quotas quotidiens d'entrées sur son territoire, les principaux pays de transit ont drastiquement resserré les conditions de passage, créant un engorgement en Grèce, où 12 000 migrants sont bloqués.
En pratique, les migrants économiques ainsi que les personnes voyageant sans papiers d'identité, documents en règle ou faisant de fausses déclarations sont désormais systématiquement refoulés, selon un accord qui sera présenté jeudi aux ministres européens de l'Intérieur réunis à Bruxelles.
Un sommet extraordinaire UE-Turquie est ensuite prévu le 7 mars à Bruxelles.
Dans une déclaration commune, les dix pays concernés (Albanie, Autriche, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie, Slovénie et Kosovo) ont souligné que «le flux migratoire à travers les Balkans doit être massivement réduit», en dépit des réserves de la Commission européenne sur la méthode.
«Nous voulons faire pression sur l'UE pour qu'une solution commune soit adoptée», a résumé Mme Mikl-Leitner.
L'Autriche a notamment pour cible son voisin allemand, avec qui elle avait agi jusqu'ici en tandem.
«Nous attendons que l'Allemagne dise si elle est encore prête à recevoir des réfugiés et combien, ou si elle n'est plus prête à cela», a déclaré le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz, au journal allemand Bild.
L'Autriche a limité à 37 500 le nombre de nouveaux demandeurs d'asile qu'elle est prête à accueillir cette année.
Pas de passage sans passeport
Après avoir vu transiter des centaines de milliers de migrants ces derniers mois, l'Autriche et les pays balkaniques s'impatientent de l'impuissance de l'UE à juguler le flux et à adopter un mécanisme de répartition permanente, proposée par Berlin et rejetée notamment par la France et la Hongrie.
Budapest a d'ailleurs rendu un tel compromis encore un peu plus incertain, avec l'annonce mercredi par le Premier ministre populiste Viktor Orban de la tenue d'un référendum sur la question.
Avec cette conférence régionale, le gouvernement autrichien s'est attiré les critiques véhémentes d'Athènes et de Berlin sur son manque de solidarité, mais aussi celles de l'UE qui craint une possible «crise humanitaire», notamment en Grèce, si des milliers de migrants continuent d'être bloqués.
«La Grèce ne va plus consentir à aucun accord si le poids et les responsabilités (de la crise migratoire) ne sont pas partagés d'une manière proportionnelle» par les pays membres de l'UE, a averti le Premier ministre grec Alexis Tsipras.
Dans cette cacophonie européenne, le secrétaire général d'Amnesty International a jugé mercredi «honteuse» l'attitude des pays de l'UE face à une crise migratoire inédite depuis la Seconde guerre mondiale.
De son côté, le Haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU Filippo Grandi a déclaré que la fermeture des frontières constituait un «recul» des droits garantis par la législation de l'UE sur la protection des réfugiés.
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