Quarante ans après la loi 22, où en sommes-nous?

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Nous reste-t-il encore un vouloir-vivre collectif ?

Si le français est officiellement la langue officielle du Québec depuis l’adoption de la loi 22 par l’Assemblée nationale du Québec le 31 juillet 1974, force est de constater que dans les faits, les institutions fédérales ne l’ont jamais vraiment reconnue. Alors que le gouvernement du Canada a financé à coups de millions des groupes comme Alliance Québec et le Quebec Community Group Network pour faire la promotion de l’anglais au Québec, il n’a jamais consacré un sou à des organismes tels qu’Impératif français ou le Mouvement Québec français.

D’ailleurs, même si presque tous les politiciens fédéraux clament haut et fort leur amour du français, leur refus de passer de la parole aux actes est éloquent. Par exemple, ils s’opposent notamment à l’application de la loi 101 dans les entreprises et aussi dans les organismes de juridiction fédérale. Il faut dire qu’avec Stephen Harper qui nomme des unilingues anglophones à répétition aux plus hautes fonctions de l’État, Justin Trudeau qui affirme publiquement son opposition à tout renforcement de la loi 101 et Thomas Mulcair qui a des antécédents d’avocat chez Alliance Québec, on pourrait difficilement trouver pire.

Que doit-on penser des jugements de la Cour suprême qui, à la suite de l’adoption de la loi 101 en 1977, sont sans cesse venus en réduire sa portée ? Déjà, en 1979, la Cour ordonnait le retour du bilinguisme pour les lois et les tribunaux. En 1984, même si l’éducation est une compétence du Québec, ce sont les écoles qui furent visées avec l’imposition de la fameuse « clause Canada ». Les dispositions sur l’affichage commercial ont aussi été victimes du zèle de la Cour suprême en 1988 lorsque l’arrêt Ford considéra que d’empêcher l’utilisation d’une autre langue que le français allait à l’encontre du droit à la liberté d’expression. Plus récemment, en 2009, ce fut au tour de la loi 104 d’être invalidée, permettant ainsi à certains de s’acheter un droit à l’école anglaise via les écoles passerelles.

Même s’il faut saluer les efforts du gouvernement de Philippe Couillard visant à célébrer les quarante ans du « français langue officielle », cette opération cosmétique ne changera rien au portrait démographique actuel. Depuis une quinzaine d’années au moins, de recensement en recensement, on constate à chaque fois des reculs du français au Québec. On a beau ajouter de la peinture, quand le béton craque, c’est aux fondations qu’il faut s’attaquer.

Malgré tout, nous avons toutes les raisons d’être optimistes pour l’avenir. L’histoire de la forte résilience du peuple québécois et de son fort attachement à sa langue depuis la Conquête, il y a plus de 250 ans, est porteuse d’espoir. D’autant plus qu’à l’échelle mondiale, la population francophone est en pleine expansion, et ce, particulièrement sur le continent africain.

Triste constat de réaliser que le français est en déclin chez nous alors qu’il brille ailleurs dans le monde. Si le français évolue en territoire nettement hostile au sein du Canada, l’accession du Québec au statut de pays indépendant nous ouvrirait à des perspectives d’avenir nettement plus intéressantes.


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