Qu'est-ce qu'une invasion?

La réponse d'un universitaire québécois

Tribune libre

Le professeur François Ricard de l'Université McGill offre dans un essai sur la vie et l'oeuvre des premiers-nés du baby-boom (La Génération lyrique, seconde édition, 1994, aux pages 88 et 89) une description à la fois réaliste et anxiogène du changement de peuple. J'adresse l'extrait suivant au «camp des Saints» qui souffle sur les braises de l'assimilation:

«Certes, toute société vit de renouvellement. Sans cesse elle reçoit l'apport de nouveaux arrivants, immigrants ou jeunes, qui s'intègrent à elle, lui injectent un sang nouveau et prennent sur eux la suite du monde, comme dirait Hannah Arendt, c'est-à-dire à la fois la sauvegarde, l'augmentation et la transformation de ce que l'action des générations précédentes a édifié. Mais quand ces nouveaux arrivants sont si nombreux et leur entrée à la fois si subite et si prolongée que leur intégration en est compromise, quand au lieu de se fondre dans la société et d'être peu à peu absorbés par elle ils en viennent à former comme une autre population à l'intérieur de l'ancienne, alors le monde est ébranlé dans ses bases mêmes et tout son vieil équilibre interne en est détruit. Dès lors, ce monde ne peut tout simplement plus se renouveler, c'est-à-dire se transformer tout en demeurant semblable ou fidèle à lui-même. Il ne lui reste plus qu'à s'effacer, se dissoudre, et céder la place au monde différent, forcément étranger sinon hostile au premier, que les nouveaux venus apportent avec eux.»


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2016

    Pardon,
    J'avais manqué la référence dans le texte.
    Un complément d'information :
    http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/generation-lyrique-577.html

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2016

    Raspail Jean - Le Camp des Saints
    http://www.histoireebook.com/index.php?post/2012/10/09/Raspail-Jean-Le-Camp-des-Saints
    Le professeur François Ricard...
    Une référence serait la bienvenue pour connaître l'origine du texte.
    Merci à l'inconnu.