Pub irlandais: l'OQLF fait marche arrière

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Avance, recule... on aimerait bien que l'OQLF cesse de faire passer les Québécois pour une bande de twittes.



Catherine Handfield - L'Office québécois de la langue française rajuste le tir. Après avoir sommé les propriétaires d'un pub irlandais de traduire des affiches décoratives, l'organisme gouvernemental entend se fier à la bonne foi des tenanciers.

La presse anglophone faisait état hier de la guerre que s'apprêtaient à livrer les deux propriétaires du pub McKibbin's contre l'OQLF. Au début du mois, l'établissement de la rue Bishop, à Montréal, a reçu un avis de l'OQLF l'enjoignant de traduire en français une liste de 10 affiches, ainsi que «tout autre message de même nature». Or, ces affiches - des répliques de vieilles publicités de bière et des proverbes irlandais - sont décoratives, ont plaidé les propriétaires du bar.
L'OQLF leur a donné raison hier. «Les éléments décoratifs sont exemptés par la loi, a convenu le chef des communications, Gérald Paquette. Nous demandons aux commerçants de nous dire lesquelles sont de cette nature, et nous allons nous fier à leur bonne foi.»
Gérald Paquette souligne toutefois que deux ou trois affiches inspectées n'avaient rien de décoratif et contrevenaient à l'article 58 de la Charte de la langue française.
Le copropriétaire de pub, Dean Laderoute, fulminait, hier. «Pourquoi l'Office ne nous a-t-il pas dit que nous pouvions simplement communiquer avec eux?» s'est-il demandé. En effet, l'avis de l'Office ne fait pas état de cette possibilité.
Il a réitéré que les 250 affiches unilingues anglophones de son pub sont des éléments de décor censés reproduire l'ambiance d'un vieux pub irlandais. «Si nous ne pouvons pas avoir un décor irlandais, nous ne sommes plus un pub irlandais», a-t-il dit.
Cet avis était partagé par plusieurs habitués du pub, hier. «L'endroit perdrait son âme sans ses affiches», a dit Jean Alfara, un employé francophone de l'Université Concordia.
«Le Québécois francophone moyen trouverait la situation ridicule», a dit l'avocat Brent D. Tyler, venu rencontrer les propriétaires pour examiner les possibilités juridiques qui s'offraient à eux.
Dean Laderoute s'est également défendu sur deux autres infractions. Son restaurant faisait aussi défaut sur la langue de rédaction du menu du jour et la langue de service de l'entreprise. «Dans 99,9% des cas, le menu est bilingue, a-t-il dit. Et c'est normal que nous accueillions d'abord les clients en anglais, puisque 70% d'entre eux sont anglophones.»
À deux pas du McKibbin's, les pubs Grampys et O'Regans affichent en anglais seulement à l'extérieur. L'OQLF sévira-t-il? «Pour les entreprises de 50 employés et moins, nous nous fions seulement aux plaintes des consommateurs», a répondu Gérald Paquette.
Photo Patrick Sanfaçon, La Presse
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