Par courtoisie pour Barack Obama, Israéliens et Palestiniens reprennent le chemin de la négociation. Ils le font sans conviction et dans un climat de scepticisme général sur ce qui pourrait bien sortir de cette énième relance des pourparlers entre eux. Objectif non avoué des deux protagonistes : ne pas passer pour celui qui refuse le dialogue...
Après vingt mois de négociations indirectes qui n'ont rien donné, l'administration Obama veut un électrochoc : une rencontre au sommet à Washington. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, et Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, sont attendus, jeudi 2 septembre, à la Maison Blanche pour un dîner censé amorcer des conversations "directes" entre les deux parties.
Ce n'est pas jouer les Cassandre que de pointer quelques mauvais signaux de départ. Si l'on veut être très pessimiste, on citera le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui, fin août, ironisait à l'avance sur le dîner de Washington : "Nous avons déjà connu beaucoup d'événements festifs de ce genre." Ou le grand rabbin ultraorthodoxe Ovadia Yossef, chef spirituel du parti Shas, une des formations de la majorité au pouvoir à Jérusalem, qui a salué "l'événement" en appelant Dieu à mettre fin aux jours de M. Abbas... Ou encore les islamistes du Hamas, la deuxième branche du mouvement palestinien, qui contrôlent Gaza et qualifient la rencontre de Washington de "grande tromperie".
Dans cette histoire, personne n'est en situation de force. Barack Obama a montré les limites de sa capacité - ou de sa volonté - à peser sur Israël. Il n'a pas obtenu de M. Nétanyahou cette mesure de bon sens et d'élémentaire justice que serait l'arrêt de la colonisation israélienne à Jérusalem et en Cisjordanie et qui, seule, témoignerait de la bonne foi du premier ministre quand il proclame être en faveur de la création d'un Etat palestinien. M. Obama n'a obtenu qu'un "moratoire" sur de nouvelles constructions, moratoire qui prend fin le 26 septembre.
M. Nétanyahou dit qu'il va "étonner les sceptiques" ; il ne convainc guère. Le chef du Likoud souhaiterait-il avancer, que ses alliés d'ultradroite dans sa majorité l'en empêcheraient. Le plus faible du trio, M. Abbas, a cédé aux pressions de Washington : il ne voulait pas de "négociations directes" tant qu'Israël ne met pas définitivement fin à la colonisation. En se rendant à Washington, il brave, une fois de plus, son opinion. Mais il a prévenu : si le moratoire n'est pas reconduit le 26 septembre, les Palestiniens quitteront la négociation.
Faut-il désespérer ? Pas forcément.
Sur le terrain, des évolutions sont en cours. Avec l'aide des Etats-Unis et de l'Europe, M. Abbas et son premier ministre, Salam Fayyad, ont relancé l'économie palestinienne et ramené la sécurité. Ils construisent un embryon d'Etat. Dans quelques mois, ils pourraient en proclamer unilatéralement l'indépendance. Et, avec ce coup d'éclat, changer la donne - et mettre les grandes puissances face à leurs responsabilités.
Proche-Orient : ne pas désespérer du dialogue
M. Nétanyahou dit qu'il va "étonner les sceptiques" ; il ne convainc guère.
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