Privatisation partielle d'Hydro-Québec - Le mauvais moment, dit Parizeau

Élection Québec - 8 décembre 2008

Cowansville -- Mario Dumont «ressuscite» une bonne idée mais «qui date de bien longtemps» en prônant la privatisation partielle d'Hydro-Québec. Et il le fait «au moment le moins pertinent», a tonné l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, hier, en entrevue téléphonique au Devoir.
«Vous avez vu dans quel état est la Bourse? Non, mais!», a éclaté l'ancien chef péquiste d'un rire homérique. Mario Dumont a proposé jeudi de vendre un bloc de 7,5% d'actions d'Hydro afin de rembourser 10 milliards sur la dette du Québec, qui avoisine les 150 milliards.
M. Parizeau trouve que de «choisir ce moment pour en parler démontre que [Mario Dumont] a un sens de la pertinence assez bizarre, c'est le moins qu'on puisse dire».
À ses yeux, ces 20 dernières années, il aurait sans doute été bon d'avoir ce débat. D'ailleurs, en 1997, Jacques Parizeau, alors chef de l'opposition, avait rappelé cette idée qu'il avait une première fois examinée en 1985.
Dans les années 80, raconte-t-il, la première ministre britannique Margaret Thatcher avait privatisé plusieurs sociétés d'État. «C'était intéressant, c'était nouveau», car on créait des «golden share» qui garantissaient l'indépendance des sociétés par rapport aux multinationales, se rappelle-t-il.
M. Parizeau a vu et voit toujours des avantages à la privatisation partielle. «Ça ne serait pas mauvais qu'on prépare le marché, qu'on habitue les gens à ça», a-t-il soutenu. Mais les réticences, dans le passé, se sont apparentées à un «soulèvement psychologique général» à l'endroit d'une entreprise devenue un «symbole de fierté nationale». À ses yeux, la privatisation partielle n'aurait pas d'incidence sur les tarifs puisque la Régie continuerait à exercer ses pouvoirs. Il croit que d'avoir des actionnaires privés ne ferait pas de tort, «il pourrait y avoir un Yves Michaud» pour poser des questions à l'assemblée des actionnaires.
Jacques Parizeau se souvient des études juridiques sur le scénario de privatisation où il avait pris conscience que si l'on excédait 10 % de participation non étatique, Hydro-Québec serait devenue taxable au sens du droit fiscal fédéral. «Ça pourrait représenter des sommes énormes, 800 à 900 millions», se souvient l'ancien ministre des Finances. Par conséquent, privatiser en partie, c'est «préparer la suite», précise-t-il, une privatisation plus importante, une fois la souveraineté acquise. «Ça me semble plutôt drôle dans un parti qui ne veut pas être souverainiste», dit-il en référence à la proposition de l'ADQ.
Et l'ex-président de la Standard Life, Claude Garcia, qui a proposé il y a un an la privatisation totale de la société d'État, pour effacer la dette du Québec? «Dans son cas, c'est une approche dogmatique.»
[M. Garcia devait au reste prononcer un discours intitulé «La privatisation d'Hydro-Québec :une source d'enrichissement pour les citoyens du Québec»->aut1468], le 12 novembre, une communication parrainée par l'Institut économique de Montréal. Mais jeudi, cela a été reporté au 3 février 2009.


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