Éducation

Priorisons un enseignement continu des structures de la langue au secondaire

Tribune libre

Par les temps qui courent, le déclin du français autant parlé qu’écrit fait régulièrement la une des médias. Or, les derniers résultats des élèves de cinquième secondaire à l’examen de français écrit du MEQ de juin 2022 démontrent clairement de nombreuses lacunes dans les productions écrites des élèves eu égard aux structures de base de la langue française, à savoir la grammaire, la syntaxe et le lexique. Pourtant, en théorie, ces élèves, à la fin de leurs études secondaires, devraient maîtriser ces notions, ce qui n’est manifestement pas le cas considérant le nombre élevé d’élèves ayant échoué leur examen de français écrit en juin dernier. Se pose donc les questions, pourquoi? Et quoi faire? C’est ce à quoi je vais tenter de proposer des éléments de réponses dans cette lettre.

Toutefois, auparavant, il m’apparaît important de faire un petit détour du côté des Sciences de l’éducation des universités. Vous comprendrez aisément que le même problème de fautes de toutes sortes se répète lors du test d’admission en français pour les élèves du collégial intéressés à la profession d’enseignant. Cette situation s’explique par le fait que les cours de français du niveau collégial ont complètement évincé toutes notions grammaticales, syntaxiques et lexicales du programme du cours de français, alléguant que ces notions doivent être enseignées au secondaire, et que le français au collégial doit être concentré sur la littérature.

Dépannage obligé

De toute évidence, le programme de français au secondaire, tel qu’il est échelonné actuellement, ne permet pas un apprentissage complet et intégré de la part des élèves, les cours de langue étant concentrés dans les trois premières années du secondaire alors qu’en quatrième et cinquième secondaires, l’accent est mis sur la littérature et très peu sur la structure de la langue si ce n’est les cas les plus compliqués. Conséquemment, certaines règles se faufilent entre les mailles du système, et les effets pervers se font sentir lors de la production écrite de l’examen final du MEQ en fin de cinquième secondaire.

D’autre part, si, malgré ce redressement au secondaire, les élèves du collégial continuent à éprouver des difficultés sur certaines règles plus pointues, l’enseignant de français se doit, selon moi, de faire une pause eu égard à son cours régulier, et dépanner les élèves sur les notions linguistiques qui leur causent des difficultés.

Au risque de paraître pour un dinosaure, la dictée traditionnelle demeure, à mon avis, une approche pédagogique privilégiée pour perfectionner l’apprentissage du français, et ce même en quatrième et cinquième secondaires, et au collégial si nécessaire. Quoi qu’il en soit, il n’est jamais trop tard pour apprendre.

Arrimage des programmes

Dans les solutions proposée ci-dessus, les enseignants de quatrième, de cinquième secondaire et du collégial sont contraints de dépanner les élèves qui proviennent des degrés inférieurs, et qui éprouvent des difficultés sur le plan de français écrit.

Conséquemment, je verrais d’un bon œil un arrimage des programmes de français de la première secondaire jusqu’à la cinquième. De cette façon, les notions linguistiques seraient réparties équitablement eu égard à leur degré de difficulté. Un arrimage qui pallierait fort probablement les carences des élèves de cinquième secondaire à l’examen final du MEQ. Pour clore la boucle, il serait fort pertinent que les professeurs de français du Cégep reçoivent l’entièreté du programme de français du secondaire de façon à revenir sur des notions non suffisamment assimilées le cas échéant.

Enfin, dans ces conditions, il m’apparaît tout à fait plausible que les étudiants des institutions collégiales qui se présenteront au test d’admission en français en Sciences de l’éducation à l’université seront mieux préparés pour leur production écrite tout en redorant le blason des promotions ayant choisi l’enseignement comme profession.


Henri Marineau, enseignant de français au secondaire à la retraite, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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