Dans son édition du vendredi 29 novembre, Le Devoir a offert la place d’honneur de la page d’opinions à un texte qui lui était parvenu de monsieur David Sanschagrin à propos du conseil d’administration de l’Université du Québec à Montréal, dont je suis la présidente. L’éditeur a affublé ce texte du titre « Un CA sans contrôle à l’UQAM ? » et d’une large photo de l’îlot Voyageur, ainsi que du sous-titre suivant, aux graves implications : « On aurait pu s’attendre à ce que l’établissement change ses pratiques après le scandale de l’îlot Voyageur et de la double comptabilité sous le règne du recteur Roch Denis ».
La phrase est d’évidence à caractère diffamatoire et, en la reprenant ainsi à son compte puisque les titres et sous-titres sont la responsabilité de l’éditeur, Le Devoir cause un préjudice majeur non seulement à ma personne et au recteur de l’UQAM, qui avons pris nos fonctions en février dernier, mais aussi au conseil d’administration et à l’équipe de direction de l’université, y compris à ceux qui nous ont précédés au sein de ces instances depuis sept ans, moment du départ des personnes associées à cette dérive. On nous accuse clairement, ici, de nous conduire de façon à la perpétuer.
On aura beau la scruter sous tous ses angles, la supposée analyse de M. Sanschagrin n’est étayée par aucun fait qui pourrait nourrir un soupçon de complaisance de toutes ces personnes à l’égard d’une quelconque malfaisance. Elle repose par ailleurs sur une seule affirmation, totalement fausse. Les « pratiques » de l’institution, et notamment celles qui touchent l’information fournie au conseil d’administration, ont bel et bien changé. Et cela, depuis des années désormais.
Depuis mon arrivée encore récente à la tête du conseil d’administration, j’ai sans cesse recueilli des témoignages qui le corroborent, et cela, en provenance des représentants de tous les milieux présents au conseil, y compris ceux des professeurs et des étudiants. Or, M. Sanschagrin écrit : « Si une décision est prise, on ne demande pas à la direction de fournir de manière transparente la documentation qui motive ses choix, car on lui fait “confiance” d’avoir pris ses “responsabilités” et d’avoir agi en conséquence. » Les faits et nos pratiques d’information démentent cette description fournie par une personne qui n’a aucun lien avec le conseil et aucune autorité, d’expertise ou d’expérience, pour juger ou témoigner de son fonctionnement.
D’autres affirmations portent atteinte à la réputation du conseil et de ses membres.
Les membres externes du conseil, écrit-il, sont « peu au fait de leurs dossiers ». M. Sanschagrin affirme donc que je suis une incompétente, ce dont je préfère laisser juge les lecteurs du Devoir, et que les autres membres dits « externes » du conseil le sont aussi. Ce serait donc le cas de Mme Louise Sicuro, présidente-directrice générale de Culture pour tous, de M. Alain Poirier, médecin et ancien directeur national de la Santé publique du Québec, de M. Martin Galarneau, avocat et spécialiste des affaires immobilières au sein du groupe TMSA, de M. Christophe Villemer, vice-président du groupe Savoir-faire Linux, ainsi que, je le suppose à ses yeux, de la représentante des diplômés, Mme Marie-Claude Boisvert, directrice de l’exploitation chez Desjardins entreprises, et de M. Paul-Émile Bourque, ancien directeur général du cégep Saint-Laurent. Toutes ces personnes, dont le parcours a toujours suscité le respect et la confiance, sont ici accusées d’appartenir à un « CA fantoche », c’est-à-dire, entièrement manipulé. L’accusation est majeure, aussi dommageable qu’inexcusable.
Le conseil, écrit encore M. Sanschagrin, est « non représentatif de sa communauté », autre mensonge. La majorité des membres du conseil d’administration de l’UQAM, neuf personnes sur seize administrateurs, provient de l’université elle-même : le recteur, une vice-rectrice et un vice-recteur, trois représentants des professeurs, une des chargés de cours, et une étudiante et un étudiant. À moins de considérer que l’UQAM doit pratiquer l’apartheid et exclure de sa « communauté » des personnes qui la dirigent, ce que suggère ce texte partout gratuitement suspicieux à l’égard de la direction de l’université, l’affirmation est encore aussi injuste qu’erronée.
J’ignore évidemment les motivations de cet analyste improvisé auquel Le Devoir a imprudemment accordé une crédibilité et une visibilité qui ne s’explique d’aucune façon, pas même sous prétexte d’actualité. Je déplore au surplus que ce pamphlet malicieux soit publié au moment où le nouveau recteur, dans une démarche sans précédent au sein d’une institution universitaire, lance une vaste consultation entièrement ouverte à tous par tous les canaux de communication, en vue de la préparation du prochain plan stratégique de l’université. À lire ce monsieur, un conseil efficace devrait automatiquement s’opposer à cette démarche inclusive puisque l’opposition, le « vote contre », est pour lui le seul indicateur de l’efficacité. J’éprouve fierté à m’inscrire en faux contre pareil simplisme.
Fausse science, agrémentée comme le veut le charlatanisme intellectuel par des citations proposées partout entre guillemets et sans la moindre référence, poncifs sans compter et, hélas, syntaxe fautive. La bonne gouvernance devrait commander aussi les décisions de publication d’un texte d’opinion, celui-ci en rate les normes les plus élémentaires. Je ne me reconnais certes pas dans le salmigondis de M. Sanschagrin, et encore moins, on le comprendra, dans les pages du Devoir.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé