Une enquête pour corruption qui vise l'ancien premier ministre du Québec, c'est du jamais-vu.
Devant une situation aussi grave, le gouvernement doit faire une chose de toute urgence : rien.
Surtout, s'il vous plaît, ne faites rien.
Ce n'est pas le travail des politiciens de se mêler des enquêtes policières et des accusations criminelles, encore moins quand il s'agit d'un politicien du parti au pouvoir.
Quelqu'un devrait expliquer à Jean-François Lisée, à Amir Khadir et à la Coalition avenir Québec le principe de la séparation des pouvoirs. On a déjà eu trop d'avocats au Parlement, je crois qu'on a trop de docteurs, là...
Philippe Couillard est sommé de « faire toute la lumière » sur une enquête en cours...
Pitié, non !
Est-ce que M. Lisée se rend compte de ce qu'il exige ?
Quoi, le premier ministre du Québec devrait appeler le commissaire de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) et lui demander des nouvelles d'une enquête confidentielle ? Le convoquer à l'Assemblée nationale pour le cuisiner et bien faire capoter l'enquête ?
On a créé une unité policière anticorruption dirigée par un commissaire exactement pour éviter l'apparence d'immixtion politique. On ne va pas saper son indépendance chaque fois qu'il y a une fuite dans un média.
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Ce n'est évidemment pas une mince affaire, ce dont il était question hier dans le Journal de Montréal. On savait qu'une enquête visait l'homme d'affaires Marc Bibeau, on savait que Jean Charest était collé sur lui pendant son règne. Mais on ne savait pas que l'enquête était encore active l'automne dernier et qu'elle avait cette allure-là.
Sauf que la nouvelle n'indique nullement un blocage de l'enquête. Au contraire : depuis des années, sous plusieurs partis au pouvoir, une enquête criminelle visant le grand financier et influenceur libéral Bibeau en plus de Jean Charest était active. Ça indique plutôt que l'UPAC travaille indépendamment du pouvoir politique. À moins de démontrer qu'il y a eu une interférence ou un blocage quelconque, ce qui n'est pas le cas, c'est l'indication d'une impartialité politique.
Nathalie Normandeau, qui était tout de même vice-première ministre sous Jean Charest, a aussi fait l'objet d'une enquête criminelle. Elle a ensuite été accusée et doit avoir son procès criminel devant jury. Il serait assez malhonnête intellectuellement de prétendre qu'une sorte d'immunité protège les politiciens libéraux, ou de quelque parti que ce soit.
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Québec a créé le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) justement pour séparer le processus de dépôt des accusations de la hiérarchie politique.
On se souvient dans quel contexte cette institution a vu le jour : après l'affaire de la prostitution juvénile dans la ville de Québec, où toutes sortes de folles (et fausses) rumeurs couraient, et où certains se plaisaient à prétendre qu'il y avait eu influence politique pour ne pas accuser.
Ce n'était pas vrai, mais le soupçon était partout, alors on a sorti le bureau des procureurs du ministère de la Justice, pour ainsi dire. Et on a créé un DPCP.
Aucun politicien ne peut donner d'ordre au DPCP. Et c'est en toute indépendance que le DPCP a décidé d'accuser Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, autre grand nom du Parti libéral du Québec.
Que l'opposition s'énerve, qu'elle profite de la fuite dans le Journal de Montréal pour salir le gouvernement Couillard par association, c'est dans l'ordre des choses politiques partisanes.
Mais quand Jean-François Lisée soulève l'hypothèse d'une « immunité libérale », il ne lance une attaque vicieuse ni contre les libéraux ni contre Jean Charest. Il attaque l'indépendance de la justice criminelle. Il affaiblit nos institutions en jetant le doute sur l'intégrité des policiers qui font enquête et sur celle des procureurs qui décident ou non de porter des accusations.
S'il prend un jour le pouvoir, l'opposition sera autorisée à faire de même. Et c'est ainsi qu'on mine les institutions, à coups d'insinuations gratuites.
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