Énergie Est

PQ : la confusion qui consacre notre impuissance

Ce qui vaut pour la Colombie-Britannique vaut aussi pour le Québec

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Sortir de notre fixation sur le « Grand soir »

« L'action de l'État est une conquête sans cesse renouvelée de sa compétence sur son territoire » - Charles Chaumont. juriste de renommée internationale spécialisé en droit international (1913 - 2001)

L'oléoduc Énergie Est transporterait quotidiennement plus de 1 million de barils de pétrole brut de l'Ouest canadien sur un tracé de 1400 km, traversant 256 cours d'eau, jusqu'à des raffineries et des terminaux au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Considérant le risque majeur que ce projet suppose pour des générations à venir, e Parti Québécois a l'obligation de clarifier sa position sur l'oléoduc Énergie Est.

Voici la position de Pierre Karl Péladeau telle que rapportée par Radio-Canada (16 juin 2015) :

Le chef péquiste s'est contenté de répéter que son opinion dans ce dossier n'est pas importante puisque le projet est de juridiction fédérale.

« Cette décision n'appartient pas aux Québécois, elle appartient au gouvernement fédéral, à des fonctionnaires de l'Office national de l'énergie, c'est ça la situation, a-t-il dit. Je vous ai déjà dit que ma position importe peu, c'est au Québécois de prendre cette décision. Or, il se trouve que dans l'environnement constitutionnel actuel, les Québécois n'ont pas voix au chapitre ».

On comprend, bien sûr, que cette lecture du contexte et de la situation a pour objectif de démontrer la nécessité de la souveraineté. (Le Québec retrouverait ses capacités d'agir le lendemain du Grand soir.) Cette rhétorique est gravement préjudiciable aux intérêts du Québec et du parti, et doit être revue expressément.

L'argument à l'effet que le Québec n'a pas de juridiction pour s'opposer au projet d'oléoduc révèle que les élites souverainistes ont intériorisé le cadre des limites du fédéralisme, ce qui les condamne à l'impuissance.

Il s'agit d'une erreur grave d'appréciation du contexte. Non seulement le Québec peut et doit agir mais, il a l'obligation de le faire en vertu de la Loi 99 (2000) [[Loi sur l'exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l'État du Québec, et plus particulièrement les art 1, 5, 6, 7,10,13]] qui fait obligation (art 1, 5, 6, 7,10,13) aux parlementaires de défendre les compétences de l'Assemblée nationale. En l'occurrence ici, sa compétence en matière d'environnement. (Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a reçu le mandat d'étudier la portion québécoise du projet.).

Comment expliquer qu'un parti souverainiste consacre son impuissance devant une expropriation de notre territoire pour des générations à venir au nom d'intérêts privées qui ne sont pas les nôtres. Pourtant, confrontée au même défi, la Colombie-Britannique (fédéraliste) a une position autrement plus ferme et assumée pour défendre ses compétences sur son territoire qui n'exclue pas une transgression de la constitution canadienne.

La première ministre Christy Clark a imposé 5 conditions pour le passage de l'oléoduc Northern Gate, considérées inacceptables par l'Alberta. Donc qui tuent le projet à toute fin pratique jusqu'à maintenant.

Sa position est claire. Peu importe ce que dit la Constitution canadienne, on ne passera pas si ses conditions ne sont pas acceptées ; et si on force le passage, elle menace de couper l’électricité aux entreprises impliquées :

« I want them to know that if B.C.’s conditions are not addressed and met, the Enbridge pipeline will not be built, period »

Pour afficher sa détermination, elle en rajoute :

« ...the pipeline will only get built if it has the “social licence” to proceed, Ms. Clark said. » (Globe and Mail, oct 2012)


Et récidive :

« B.C. could withhold electricity from proposed pipelines, Premier suggests. (...) ...Because if British Columbia doesn’t give its consent to this, there is no way the federal government or anyone else in the country is going to be able to force it through. It just won’t happen. » (Globe and Mail 2 oct 2012)

La conclusion d'un commentateur du Globe and Mail (25 oct 2012) ?

«...to suggest that the B.C. coast isn’t ultimately the domain of British Columbians is pure foolishness, even if you can point to some arcane laws that give Ottawa constitutional authority over it. The federal government has little-used powers it could exercise to exert influence and control over the oil sands, too, if it wanted. But it would never do so in the interests of national unity and political survival.»

Ce qui vaut pour la Colombie Britannique vaut aussi pour le Québec. Le Parti Québécois doit s'inspirer de la position de la PM Christy Clark pour se définir une position claire sur cet enjeu d'une importance si grande qu'elle engage les générations futures.

Pour ce faire, il faut sortir de la fixation sur le « Grand soir » et agir dès maintenant avec avec détermination, sans exclure, à l'instar de Christy Clarke, une transgression de la constitution canadienne. Il s'agit au fond d'assurer la défense des intérêts supérieurs de l'État du Québec. Ni plus, ni moins, et rien d'autre.

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18 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 août 2015

    Commencer à établir immédiatement notre rapport de force sans attendre après le premier ministre du Québec,Phillippe Couillard.
    Pour un référendum municipal consultatif dans les municipalités situées sur le tracé de l'oléoduc Énergie-Est
    20 août 2015
    Roméo Bouchard
    http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=6150

  • Jacques Bergeron Répondre

    29 juillet 2015

    PKP manque encore d'expérience politique. Il devrait consulter ses conseillers,
    Bernard Landry entre autres, avant de se prononcer ,comme le ferait tout nouveau venu dans un domaine qu'il ne connait pas encore assez bien.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2015

    L'accord avec l'Iran retardera la production de pétrole sale des sables bitumineux d'Alberta en maintenant un prix international assez bas pour que TransCanada Energy East n'en retire un profit suffisant.À défaut d'avoir un premier ministre qui défend le Québec,nous recevons une aide inattendue provenant de l'extérieur.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juillet 2015

    Les morceaux se mettent en place sur l'orientation du prochain gouvernement fédéral(qui sera probablement NPD selon les sondages), en matière de pétrole.
    Après que Thomas Mulcair eut appuyé le passage du pipeline de TransCanada à travers le Québec,voici que le NPD provincial d'Alberta par l'entremise de sa première ministre Rachel Notley,se soumet au dictat des pétrolières et décrit les sables bitumineux comme un « avantage phénoménal »
    http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2015/07/08/003-npd-discours-notley-sables-bitumineux-avantage-petrole-alberta.shtml?isAutoPlay=1
    Si le NPD est élu,ce sera donc 4 trente sous pour une piasse en matière d'environnement.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2015

    Après la Colombie Britannique,maintenant les communautés micmaques de la Gaspésie.
    07-07-2015: Port pétrolier à Belledune
    Offensive juridique des Micmacs
    Le Nouveau-Brunswick et la compagnie Chaleur Terminals sont poursuivis.
    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/444425/port-petrolier-a-belledune-offensive-juridique-des-micmacs

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2015

    Philippe Couillard a déjà dit qu'il fallait laisser passer le pétrole chez nous à cause de la péréquation. Mais il n'a pas mentionné que nous envoyions 43 milliards à Ottawa qui nous en retournait 9 milliards...ce que peu de citoyens savent.
    Couillard cause et cause avec son ton hypnotiseur. Il cogne constamment sur les mêmes clous. Rappelons-nous pendant la campagne électorale:"Charte, référendum". Et lors de la course à la chefferie, c'était les conflits d'intérêts de Péladeau.
    Mais que fait le PQ pendant ce temps-là? Il ne se défend pas, il se laisse écorcher par les médias et les oppositions. Les docteurs du PLQ ne sont pas en conflits d'intérêts quand ils se négocient entre eux des conditions irréalistes? Et quand le PLQ rappelle constamment le cas Berlusconi et ses médias, pourquoi le PQ ne ramène-t-il pas sans cesse la réussite de Bloomberg maire de New York pendant 12 ans...qui n'avait pas placé ses actions dans une fiducie sans droit de regard. Encore hier, la fraude de Hans Black alors que Couillard était président du CA aurait dû inciter les députés du PQ à exploiter ce beau matériel. Eh non!
    Et voilà mon rêve fou: que le FBI descende au Québec pour enquêter sur l'affaire Black et par ricochet celle de Couillard. S'il y avait faute criminelle, pas sûr qu'on pourrait garder ce premier ministre qu'on aime tant.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2015

    @Mireille Deschênes
    Vous l'avez bien cerné le vrai problème! Manque de couilles, de conviction, de courage et de détermination de la part du PQ; on le voit très bien dans le dossier actuel du pétrole. L'indépendance ne se fera pas à genoux mais debout avec toutes les forces vives de la nation québécoise qui, malheureusement, dort au gaz et qui se dirige lentement et sûrement vers son assimilation si rien ne change radicalement et rapidement. Que d'énergie perdue à s'autodétruire!
    André Gignac 19 juin 15

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2015

    Bonjour,
    La journée où le PQ aura les couilles du PLQ peut-être pourrons-nous envisager l'indépendance! Je suis déçue de la manière mollassonne du PQ! Ce n'est plus le grand soir que nous attendons mais le grand jeu comme celui des fédérastes! Quand le PQ mettra autant de rigueur que le font les libéraux peut-être, mais..............................

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2015

    Je comprends aisément votre point, mais d'un autre côté, ça fait du bien d'entendre un chef indépendantiste faire le procès du fédéralisme. Ça faisait quoi, 10 ans qu'on n'avait pas entendu ça? Il ne reste qu'à trouver l'équilibre, mais avouez que l'on est loin de Duceppe ou Marois.

  • Peter Benoit Répondre

    18 juin 2015

    @ Christian Néron
    J'ai lu votre annexe tel que suggéré par JC Pomerleau et le bien commun en ressort comme une des idées principales de la Constitution de 1867.
    J'ai une petite question: Est-ce que le gouvernement fédéral pourrait invoquer la péréquation comme le fruit du bien commun à laisser passer et transiter pétrole et autres marchandises sur notre territoire ?
    Merci de me répondre.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2015

    La survie d'un peuple est en jeu. Si PKP face aux représailles futures et certaines de Harper contre Quebecor choke ne serait ce que 24 heures on est très mal barré. Puisse le chef du PQ prendre les vacances d’été pour réfléchir sur que ça prend d'abnégation et de sacrifices pour être le chef de l'état du Québec et agir conséquemment.

  • Pierre-Yves Dubreuil Répondre

    18 juin 2015

    petite observation...
    Pour ceux qui veulent savoir comment faire la souveraineté et qui sont mêlés...
    vous n'avez qu'à bien observer Philippe Couillard se faire allez le «joystick du pouvoir».
    Notez chacun de ses gestes et dites vous que pour arriver a la souverineté, il faut faire EXACTEMENT ce qu'il fait, mais à l'INVERSE.
    vous allez arriver à la souveraineté «de facto».
    Eux ne se posent pas de questions, c'est un geste après l'autre en rafale et en coordination.
    laissez le PLQ au Pouvoir trop longtemps, et ils vont vous l'éteindre votre nation!
    Un beau cour de leadership se déroule devant nos yeux, malheureusement ou heureusement (peut-être?).

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2015

    Bonjour M. Pomerleau.Sachant que Pierre Karl Péladeau ne s'était pas encore opposé au projet d'Energy East,et après avoir lu dans les médias le début d'imbroglio au PQ où les versions de Martine Ouellet,Sylvain Gaudreault ainsi que celle du Bloc s'y opposaient clairement,vous êtes intervenu rapidement sur Vigile,hier le 17, et bingo PKP prenait position(enfin) contre ce projet de pipeline.
    Ouf! Merci pour votre intervention.Je suis certain que vos paroles se sont rendues à bon port.

  • Marcel Haché Répondre

    17 juin 2015

    Cette maudite fixation du Grand Soir va finir par déconsidérer définitivement le P.Q. aux yeux de l'électorat.
    P.K.P. va devoir quitter le confort idéologique du navire amiral pour chasser sur les terres provinciales. S'il se ferme à tout provincialisme, il va emmener le P.Q. pas très loin des résultats obtenus par O.N.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    17 juin 2015

    Pierre Karl Péladeau clarifie sa position :
    PKP s'affiche clairement contre Énergie Est
    http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2015/06/17/011-energie-est-parti-quebecois-opposition.shtml
    Communiqué - 17 juin 2015
    Le Parti Québécois s’oppose au projet d’oléoduc Énergie Est
    http://pq.org/nouvelle/le-parti-quebecois-soppose-au-projet-doleoduc-ener/
    JCPomerleau

  • Me Christian Néron Répondre

    17 juin 2015

    Ce que veut Trans Canada, c'est une « servitude » de passage sur le territoire
    le plus densément peuplé du Québec.
    La « servitude » en droit sert à qualifier le rapport entre le serf et le maître.
    Bref, c'est un rapport d'esclavage.
    Le droit civil moderne a conservé la « servitude » pour des situations excep-
    tionnelles. Mais nul ne peut revendiquer une « servitude » sans un texte ex-
    plicite. La constitution de 1867 ne prévoit aucun type de « servitude ».
    Concernant la question constitutionnelle prévue à l'alinéa a) du paragraphe
    92 (10) de la Loi constitutionnelle de 1867, le lecteur peut consulter notre
    article du 10 janvier dernier paru dans Vigile sous le titre de : « La soif des
    caïds de l'or noir ».
    Le Québec ne peut pas se permettre de perdre une bataille aussi essentielle
    pour notre avenir.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    17 juin 2015

    L'argumentaire de Me Christian Néron, avocat et historien des institutions, sur le thème de la légitimité contre le juridisme :
    La soif des caïds de l’or noir
    Un défi historique
    http://service.vigile.quebec/La-soif-des-caids-de-l-or-noir
    JCPomerleau

  • Jean-Pierre Durand Répondre

    17 juin 2015

    Sur le même sujet, je vous suggère de lire également le texte d'André Parizeau, intitulé Le dossier des pipelines: un point de démarcation de plus en plus évident, publié en une sur le site du Parti communiste du Québec: www.pcq.qc.ca .