Poutine accuse les États-Unis de «parasiter» l'économie mondiale

Crise mondiale — crise financière


LAC SELIGUER, Russie - Le premier ministre russe Vladimir Poutine a accusé lundi les États-Unis de «parasiter» l'économie mondiale avec leur dette, au cours d'une rencontre avec un mouvement de jeunes favorable au pouvoir.
«Le pays vit à crédit, au-delà de ses moyens et fait reposer une partie de la charge (de sa dette) sur l'économie mondiale. Il parasite l'économie mondiale en usant de la situation de monopole du dollar», a-t-il lancé.
Le compromis dégagé in extremis dimanche soir sur le relèvement du plafond de la dette américaine mais qui n'a pas encore été voté par le Congrès «n'a fait qu'ajourner la prise de décisions pour régler le problème sur le fond», a poursuivi M. Poutine.
Il a toutefois salué «la responsabilité et le bon sens» de Washington qui a évité un défaut de paiement.
«L'économie américaine est une des locomotives de l'économie mondiale et s'il y a une défaillance, ce n'est pas bien», a-t-il ajouté.
«Certains pays, dont la Russie et la Chine, ont une part importante de dollars dans leurs réserves, mais la question n'est même pas là, le problème est que l'économie toute entière (de ces pays) pourrait être ébranlée», a déclaré le premier ministre russe.
Le président américain Barack Obama et les élus démocrates et républicains du Congrès sont parvenus dimanche soir à s'entendre pour relever le plafond de la dette d'un montant d'au moins 2100 milliards $, une mesure permettant au Trésor de tenir jusqu'en 2013, soit après les élections de novembre 2012.
L'Allemagne «satisfaite»
Le gouvernement allemand s'est déclaré lundi «satisfait» qu'un accord ait été trouvé aux États-Unis sur un nouveau plafond de la dette, sans commenter sur le fond les décisions prises.
«Le gouvernement allemand est satisfait qu'il y ait un accord politique aux États-Unis sur cette question difficile», a déclaré lors d'un point de presse un porte-parole, mais «nous ne commentons pas son contenu».
«Nous sommes partis du principe qu'il y aurait un accord, et nous sommes contents qu'il y en ait un», a-t-il ajouté.
Dans la bonne direction selon la France
Le ministre français des Finances François Baroin a salué l'accord sur le plafond de la dette des États-Unis intervenu dimanche, qui va «dans la bonne direction» tout comme le nouveau plan d'aide à la Grèce.
«Tout ce qui a été mis en oeuvre depuis quinze jours trois semaines, l'accord de la zone euro sur la question grecque, l'accord de Washington sur la question du relèvement du plafond de la dette américaine vont dans la bonne direction», a déclaré M. Baroin lundi sur France Inter. Ces accords «vont dans la direction du confortement d'une croissance mondiale», a-t-il ajouté.
L'absence d'accord aurait eu des conséquences «considérables pour une économie mondiale qui est en convalescence», a-t-il estimé.
Le Japon salue l'accord
Le porte-parole du gouvernement japonais s'est félicité lundi de l'accord américain sur la dette permettant d'éviter un défaut de paiement, espérant qu'il permettrait de stabiliser les marchés.
«Je salue l'annonce d'un accord pour éviter un défaut de paiement. Nous espérons que cet accord va conduire à une stabilisation des marchés», a déclaré Yukio Edano lors d'une conférence de presse.
Le Japon est le deuxième plus important détenteur de bons du Trésor américain, après la Chine.
L'inquiétude internationale autour de ces négociations laborieuses avait fait plonger le dollar à proximité de son plus faible niveau depuis la Seconde guerre mondiale face au yen, considéré comme une monnaie «valeur refuge».
Cette flambée du yen a angoissé les milieux d'affaires japonais, car elle réduit mécaniquement la valeur des revenus des entreprises nippones à l'étranger, lors de leur conversion en yens.
Le patronat nippon avait appelé le gouvernement japonais à agir directement sur le marchés des changes pour abaisser la valeur du yen, une possibilité à propos de laquelle Tokyo était resté évasif.
Interrogé à ce propos lundi après l'annonce américaine, le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, s'est contenté de répondre qu'il «surveillait de près» la valeur du yen.
Cette force de la devise nationale a gâché les résultats financiers des géants nippons de l'électronique Sony, Panasonic, Sharp, Toshiba ou Hitachi au premier trimestre de l'année budgétaire 2011-2012 (avril-juin).
La Bourse de Tokyo a gagné 1,84% à la mi-séance, s'affichant à 10 013,90 points, après l'annonce du compromis de Washington.
Critique la télé d'État chinoise
La télévision d'Etat chinoise a critiqué lundi l'accord de dernière minute conclu, jugeant que celui-ci était plus un «effet d'annonce» qu'un accord de «fond».
«Il s'agit d'un spectacle politique qui est plus un effet d'annonce qu'[un accord de] fond», a estimé China Central Television dans l'un de ses rares éditoriaux diffusés lors de son journal du soir.
«Les contribuables américains et les créanciers mondiaux s'aperçoivent soudainement que la crise de la dette n'est qu'un outil (...) et que la préoccupation principale est de renforcer le capital politique pour la prochaine élection présidentielle», a-t-elle ajouté.
Le gouvernement chinois n'a pour l'instant pas réagi officiellement à l'accord américain, qui doit permettre de prévenir un potentiel défaut de paiement catastrophique pour la plus grande économie du monde.
La Chine est de loin la plus grande créancière des États-Unis, et détenait en mai 2011 quelque 1 160 milliards $ de bons du Trésor américains, selon des chiffres de Washington.
La semaine dernière, les médias d'État chinois avait(sic) déjà averti les États-Unis que les tensions au sujet de la dette pourraient faire baisser la valeur du dollar, alimenter l'inflation mondiale et plonger le monde dans la récession.


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