Comme dans plusieurs dossiers, le gouvernement de Stephen Harper refuse de dévoiler les coûts réels d'acquisition et d'entretien des 65 chasseurs furtifs F-35 que le Canada s'apprête à acheter sans appel d'offres de la multinationale américaine Lockheed Martin.
Alors qu'il était question d'un contrat de 9 milliards de dollars il y a moins d'un an, puis de 16 milliards l'été dernier, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, évalue maintenant le coût total à 29,4 milliards. Si M. Page ne s'est pas trompé, cela place le prix de la transaction à près d'un demi-milliard l'unité!
S'il est élu premier ministre, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, promet de suspendre la transaction. On se rappellera que l'un de ses prédécesseurs, Jean Chrétien, avait agi de la même façon, en 1993, en annulant l'achat de 50 hélicoptères EH-101 commandés par les conservateurs. La manoeuvre avait favorisé son élection, mais elle avait aussi coûté un demi-milliard aux contribuables et il a quand même fallu remplacer les vieux Sea King quelques années plus tard.
C'est aussi le gouvernement Chrétien qui avait fait le choix d'investir 700 millions sur 40 ans aux côtés des Américains et de sept autres pays pour développer le F-35. Stephen Harper a donc eu beau jeu de prétendre que ce sont les libéraux qui ont préféré Lockheed Martin à ses concurrents, dix ans plus tôt. Ce qu'il ne dit pas, c'est que la décision libérale de participer à ce projet de développement ne comportait aucune obligation d'acheter cet avion qui n'en était qu'à l'étape de projet.
Il est facile de tomber dans la démagogie quand il est question de dépenses militaires. À moins de s'opposer à l'existence d'une force militaire canadienne, il faut accepter que nos soldats soient équipés de façon adéquate pour accomplir les missions qui leur sont confiées.
Cela dit, la vraie question est de savoir si le F-35 est l'appareil qu'il nous faut. Or, cela ne semble pas le cas puisque les experts le décrivent comme un avion furtif extrêmement sophistiqué destiné à l'attaque en pays étranger. (ns)
Pourquoi payer un demi-milliard pour chaque appareil alors qu'il existe des modèles moins coûteux qui ont fait leurs preuves et dont les caractéristiques répondent davantage aux besoins de surveillance du territoire et de missions de paix qui sont ceux d'une armée canadienne? Pourquoi sinon parce que le gouvernement Harper a décidé d'accélérer l'intégration du pays au plan de match américain sans demander l'avis des Canadiens?
Par ailleurs, contrairement aux contrats précédents, Ottawa n'a pas exigé de Lockheed Martin qu'elle investisse ici l'équivalent du prix d'achat des appareils. Même si la construction de milliers de chasseurs fait saliver bien des fournisseurs, rien ne nous assure que le Canada et le Québec sortiront gagnants de l'opération. Curieuse façon de faire des affaires pour un gouvernement qui dépense autant d'argent public à l'étranger!
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j-rsansfacon@ledevoir.ca
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