Pourquoi la voie référendaire est viciée?

En réponse aux étapistes incapables de se défaire du boulet référendaire…

PI - Parti indépendantiste

Texte publié dans Le Soleil du jeudi 31 janvier 2008
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Le rejet par le Parti indépendantiste de la voie référendaire comme mode d’accession à l’Indépendance ne relève pas d’une prise de position dogmatique, mais bien d’une analyse pragmatique du contexte et de la situation du Québec.

Comme nous avons pu le constater en 1995, non seulement le référendum nous expose aux manœuvres anti-démocratiques d’Ottawa, mais il accorde un veto au bloc canadien du Québec constitué des Canadiens et des citoyens d’origines étrangères anglicisés qui rejettent à la quasi-unanimité l’Indépendance du Québec. Malgré un appui majoritaire de 61 % du peuple québécois (Québécois de souche française et Québécois d’origines étrangères vivant en français), le Québec n’est toujours pas un pays.

Cette réalité ne doit plus être ignorée. Jouer à l’autruche nous coûte très cher. Nous ne devons plus accepter que le bloc canadien nous barre la route de l’Indépendance.

La voie référendaire est d’autant plus viciée depuis l’adoption de la Loi C-20 de Stéphane Dion, car elle permet à Ottawa, non seulement de juger de la clarté de la question référendaire, mais de fixer le seuil requis pour entamer des négociations sur la sécession du Québec. Cette loi anti-démocratique jumelée au déclin constant de notre poids démographique au Québec rendent irréalisable l’accession du Québec à son indépendance par référendum.

Selon le dernier recensement de Statistiques Canada, notre poids démographique au Québec est passé sous la barre symbolique de 80 % pour se situer à 79%. Si un référendum avait lieu cette année, le peuple québécois devrait voter à hauteur de 64 % pour espérer une courte victoire. Si Ottawa exigeait un seuil de 55 %, alors c’est 70 % d’appui à l’Indépendance qui serait requis pour espérer une courte victoire référendaire. C’est ça la démocratie? Imaginez maintenant dans 10, 15 ou 20 ans, alors que notre déclin démographique aura atteint un seuil irréversible.

Si le droit du peuple québécois à disposer de lui-même veut dire quelque chose, alors, on ne doit pas se tromper sur la nature du 50 % + 1 des votes que l’on doit obtenir pour réaliser l’Indépendance du Québec. En 1995, nous l’avions nettement cette majorité. La majorité des votes du peuple québécois est suffisante pour faire du Québec un pays. Le droit du peuple québécois à disposer de lui-même ne saurait être exposé une nouvelle fois au veto du bloc canadien.

Puisque la voie référendaire nous impose une exigence inacceptable sur le plan démocratique, alors on doit adopter la voie électorale. Le référendum comme mode d’accession à l’Indépendance constitue un piège qui nous empêche de réaliser le pays du Québec, car il produit un résultat anti-démocratique en octroyant un poids démesuré au vote à caractère totalitaire du bloc canadien.

Seule la voie électorale, éminemment légale, légitime et démocratique, permettra enfin au peuple québécois de se doter d’un État indépendant de langue française en terre d’Amériques. Seule la voie électorale pourra enfin traduire la volonté nettement majoritaire du peuple québécois de faire du Québec un pays libre et indépendant. Nous l’avons cette majorité, il suffit de la laisser s’exprimer en offrant enfin aux Québécois le choix électoral de l’Indépendance. C’est ce qu’entend faire le Parti indépendantiste. Avec 125 passionnés, tout est possible.


Éric Tremblay
[www.parti-independantiste.org->www.parti-independantiste.org]







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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2011

    Monsieur Tremblay,
    sur ce sujet,je persiste à croire que vous avez totalement raison. J'ai déjà avancé sur Vigile qu'il faudrait distinguer référendum d'autorisation et référendum de ratification.Enclencher la démarche d'accession à l'indépendance par voie électorale me semble tout à fait défendable dans la simple mesure où le programme et la campagne du parti indépendantiste porteraient explicitement sur ce changement constitutionnel.La réorganisation du statut constitutionnel une fois définie, il va de soi qu'une ratification populaire s'impose...par voie référendaire possiblement, mais peut-être aussi autrement comme par exemple par voie de plébicite lors d'une autre campagne électorale.Les turbulances occasionnées par cette
    façon de faire ne doivent pas nous faire peur.Quand lutter , s'affirmer et faire face s'imposent...on fait de la politique et on s'organise pour gagner!

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2008

    Ce parti et cette idée de majorité ethnique est totalement fausse et exclue de façon raciste 21 % des citoyens du Québec .
    Pas serieux ce parti divisionniste qui va faire élire Charest en divisant les indépendantistes

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2008

    Le talon d’Achille de la démocratie canadienne est son manque de légitimité. Le cadre constitutionnel qui outille la démocratie n’a jamais été choisi par la nation québécoise. C’est pourquoi le PI aurait raison de plaider la cause de l’indépendance en appuyant fortement sur le manque de légitimité du régime. C’est sur cette question fondamentale, abandonnée par le PQ, que le fédéralisme est le plus vulnérable. Rien n’a vraiment changé depuis 1760 à cet égard puisque 1982, en imposant son cadre constitutionnel, s’est déroulé dans la même logique de domination. La Constitution de 1982 ne répare pas la Conquête, elle en est son prolongement, elle la réaffirme par d’autres moyens 222 ans plus tard.
    La minorité anglaise au Québec est une minorité interne au Québec, mais ce n’est pas la bonne façon de la nommer car ce n’est pas son caractère essentiel. C’est d’abord la section au Québec de la majorité canadienne. Elle jouit de la protection et du soutien que lui procure son appartenance à la nation dominante, elle jouit des droits écrits et non écrits de la majorité canadienne et son comportement social et politique est à l’avenant. Son caractère minoritaire est annulé par l’exercice multi forme de son pouvoir et de son influence, y compris dans les médias, et par le droit d’intervention que s’arroge le fédéral sur tout ce qui, à l’interne, pourrait mettre en cause son statut prépondérant. Cette situation crève les yeux tellement elle est évidente lorsque l’on compte le nombre d’universités et d’hôpitaux que compte cette prétendue minorité au Québec.

  • Lionel Lemay Répondre

    26 janvier 2008

    Depuis que les premiers Français ont mis les pieds sur le sol de la Nouvelle-France, jamais personne n'a été consulté pour décider de l'avenir des premiers habitants et leurs descendants. Après la fondation de la Ville de Québec par Champlain, ce dernier, en 1612, est nommé lieutenant du vice-roi en Nouvelle-France et devient le premier gouverneur du territoire selon les lois françaises.
    Sauf pour une période de trois ans, quand les Anglais ont pris possession de Québec en 1629, la France a dirigé cette colonie, devenue province française en 1663.
    Après la nouvelle conquête par les Anglais en 1759-60, Louis XV aurait illégalement cédé ses sujets à un souverain étranger sans avoir obtenu leur consentement préalable. Le traité de Paris de 1763 cédant la Nouvelle-France à l'angleterre serait invalide.
    Le 7 octobre 1763, le territoire est déclaré colonie anglaise par proclamation royale. Les cadres administratifs de ce nouveau territoire britannique furent changés en 1774, 1791, 1840, 1848, et 1867, sans aucune consultation populaire.
    En 1917 et 1942 la conscription est imposée aux Québécois malgré l'opposition du peuple québécois.
    En 1927, Québec est dépouillé de son seul accès terrestre à l'océan Atlantique lorsque Londres octroie le Labrador à Terre-Neuve. Le gouvernement fédéral a ignoré les protestations du Québec.
    La Constitution de 1867 accordait certains pouvoirs exclusifs aux provinces. Depuis 1982, lorsque le gouvernement Trudeau a rapatrié la constitution sans l'accord du Québec, il a envahi les champs de compétences des provinces par son pouvoir de dépenser. De plus, la Cour Suprême, dont les juges sont nommés par Ottawa, s'arroge le droit de défaire les lois du Québec qui ont pourtant reçu la sanction royale.
    Dans toutes les décisions prises par les Anglais et leurs descendants canadians envers les Québécois français au fil des ans, je ne trouve aucun geste respectueux de la volonté du peuple québécois.
    On nous demande de respecter la démocratie alors que nos opposants n'en ont jamais tenu compte. Je suis d'accord avec les dirigeants du nouveau PI pour qu'un gouvernement majoritaire à l'Assemblée Nationale puisse voter une nouvelle constitution et un nouveau cadre administratif totalement souverain et indépendant.
    Une fois le geste accompli, il serait plus difficile pour les antagonistes de s'opposer à la volonté de la majorité.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 janvier 2008

    J’admettrai être hésitant sur la voie que vous proposez, mais je me permets tout de même de souligner la cohérence de votre discours justificateur avec le processus proposé. En effet, les deux arguments massue de la voie électorale, ce sont, tout d’abord, la fraude référendaire de 1995, puis, ensuite, l’argument que seul le vote de la nation québécoise, définie en des termes civico-linguistiques, compte.
    Ce dernier argument, en fait, sera le plus contesté. Pour le rendre clair, pourquoi ne pas se fixer un seuil de vote de la nation québécoise, excluant explicitement le bloc canadien, ce que j’appelle parfois aussi le bloc anglais du Québec? Cela aurait l’avantage de clarifier les choses. À vous de débattre à savoir si ce seuil doit être simplement majoritaire, ou supramajoritaire. La méthode de calcul requiert aussi un peu de jeu statistique, car le vote est secret.
    Il serait aussi approprié que PI, si ce n’est déjà fait, énonce explicitement qu’il ne reconnaît pas la dite défaite référendaire de 1995.
    Là où j’hésite, c’est que, moi, je vois la lutte nationale comme une guerre, et si on n’inclut pas les Anglais, le vote du bloc anglais, dans le décompte, on ne pourra pas vraiment dire que l’on a gagné la guerre. Et ainsi, les mesures d’assimilation linguistique qui doivent, en mon sens toujours, suivre l’indépendance, elles, n’auront pas la légitimité de la victoire, de la Reconquête (démocratique) du Québec par les Québécois.
    Admettons cependant, que malgré nos différences, je soutiens les éléments de cette argumentation de PI, qui sont cohérents avec la démarche proposée.
    Cependant, je me permets de souligner que répéter comme un mantra qu’il s’agit d’une voie “démocratique, légitime et légale” sonne un peu con. Il ne s’agit pas d’une voie démocratique, et sa légitimité est douteuse. En revanche, certaines circonstances, comme vous le soulignez, justifient peut-être ce bri démocratique. Sa légitimité, elle, viendra de la capacité de PI à justifier ce bri démocratique, (et non d’un pouvoir incantatoire en acollant des adjectifs qui ne collent pas à la réalité de la chose).
    La légalité, elle, n’a pas vraiment rapport, car, on doit admettre que plusieurs indépendances ou révolutions du passé se sont faites en bri de légalité avec le régime précédent. L’indépendance américaine se fonde sur un bri de la constitution de la confédération, qui requerrait l’aval pour des changements constitutionnels de tous les États, et non de seuls 9 des 13, comme l’on prévu les Pères de la Nation à Philadelphie.
    Voilà, j’espère que ces quelques propos contribueront à la réflexion. Vous m’excuserez d’être un peu direct, mais, bon, c’est en famille.
    Bien cordialement,
    David