GOLDMAN SACHS

« Pourquoi je quitte l’Empire du mal »

Goldman Sachs - le temps des châtiments


La banque d'affaires Goldman Sachs a atteint mercredi, aux Etats-Unis, un statut d'empire du mal quasi hollywoodien. Cible privilégiée des critiques des dérives de Wall Street depuis la crise financière de 2008, elle a subi une nouvelle série d'attaques sur Internet, sous forme de blagues, certes, mais corrosives, après la démission en fanfare d'un de ses responsables.
Par une tribune adressée au New York Times, Greg Smith, un responsable des ventes de produits dérivés basé à Londres, dénonçait une culture d'entreprise "plus toxique et destructive que jamais" chez Goldman Sachs. Dans les heures suivant cette publication, des internautes, des sites satiriques et des éditorialistes de presse détournaient les phrases de M. Smith à l'infini, imaginant notamment la démission des pires vilains de l'histoire du cinéma.
Le site britannique The Daily Mash imaginait Dark Vador quittant son poste de numéro deux de l'Empire, dans le film Star Wars : "Après presque douze ans, d'abord comme stagiaire durant l'été, puis sur l'étoile noire et aujourd'hui à Londres, je pense avoir travaillé ici assez longtemps pour comprendre l'évolution de sa culture, de ses équipes et de ses gigantesques machines spaciales génocidaires. Et je peux dire honnêtement que l'environnement est devenu plus toxique et destructif que jamais", écrivait-il.
Dans The Washington Post, l'éditorialiste Alexandra Petri transformait la tribune du banquier Smith en une lettre de motivation, qu'elle adressait à Goldman Sachs. "Moi, je n'ai pas de problème avec la culture [que M. Smith] décrit. Goldman Sachs fait du mal à ses clients pour faire de l'argent ? Ça me va ! Je dois vous dire dès maintenant que j'ai récemment assassiné une vieille dame à l'aide d'une hache et pris son argent. Mais pour ma défense, c'était beaucoup d'argent. Et d'après ce qu'il écrit, il semble que ça ne vous posera pas problème," écrit-elle.
En 2009, déjà, le magazine Rolling Stone comparait Goldman Sachs à "une pieuvre géante accrochée au visage de l'humanité", suçant "tout ce qui sent l'argent". L'expression est restée dans le langage courant et est toujours régulièrement associée au nom de la banque dans la presse.
En 2010, l'autorité américaine des marchés, la SEC, a poursuivi Goldman Sachs en l'accusant d'avoir trompé des investisseurs en leur vendant des dérivés adossés à de l'immobilier à risque. L'affaire a révélé au passage le courrier électronique d'un trader français de la banque, Fabrice Tourre, dit "Fabulous Fab", qui ironisait sur "les pauvres petits emprunteurs peu solvables" qui ne "vont pas faire de vieux os". Le litige a été réglé à l'amiable moyennant une amende record de 550 millions de dollars.
M. Smith citait ces deux expressions dans The New York Times, comme celle, savoureuse, du PDG de la banque, Lloyd C. Blankfein, qui prétendait en 2009 "faire le travail de Dieu". Malgré ses critiques, les internautes le moquaient autant que son ancien employeur. Comme de nombreux lecteurs du Monde.fr, dans les commentaires laissés sous notre post d'hier, ils tendaient à décrire ce nouveau scandale comme une course de fond d'enfer entre corrompus, demi-corrompus et francs salauds.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé