D’abord, disons-le franchement, je suis à bout de patience avec les Canadiens anglais. À un tel point que, selon moi, la souveraineté du Québec devient une option réelle. Il s’agit de toute une évolution pour un gars de Toronto, n’est-ce pas?
Ce fut un processus lent de francisation mais me voilà rendu avec des compatriotes francophones. Je suis un traître aux yeux de la plupart des Anglos québécois. Croyez-moi, j’ai passé beaucoup de temps à remuer les contours et conséquences de cette décision. Pour certains, on peut trouver une explication partielle dans l’interview qu’a donnée l’ancien chef du PLC, Michael Ignatieff, à la BBC avant le référendum sur l’Independence de l’Écosse (https://www.bbc.com/news/uk-scotland-17819102).
1. Tous les partis politiques au Canada y compris le NPD déteste la nouvelle loi du Québec sur la laïcité alors qu’il ne s’agit, pour moi, d’une simple affirmation de valeurs collectives de la nation québécoise. La classe politique canadienne et leurs supporters médiatiques essaient de nous faire croire que le multiculturalisme extrémiste véhiculé à travers le pays aurait le statut d’un impératif catégorique. Quiconque cherche à se mettre à travers son chemin devient par le fait même un ennemi du peuple et un délinquant social. Cette approche idéologique en invoquant un discours moralisateur suffoquant est inacceptable. Le port de signes religieux est une bagatelle qui cache une démarche idéologique et dogmatique. Toute religion tend vers l’intolérance, ce qui rend les critiques acerbes des médias anglo-canadiens sans pertinence aucune.
2. Le PLC appuie une politique énergétique hypocrite et sournoise, qui vise à augmenter le gaz à effet de serre. Cependant ces mêmes libéraux se pavanent en vantant les vertus d’une taxe sur le charbon et plusieurs autres mesures aussi peu illuminées les unes que les autres. Les autres partis sont un peu moins hypocrites moins tout aussi condamnables. Aucun parti ne semble intéressé à stopper la pollution en temps réel y compris le Parti vert dont la marque de commerce est en train de devenir comment escamoter tout effort visant à limiter les émissions des sables bitumineux.
3. Le spectacle disgracieux et honteux du PLC et de sa ministre des Affaires globales Christya Freeland fait du Canada un pays de basse-cour. On se comporte comme un pays du tiers monde au lieu de celui du G-7. Ils ne font qu’empirer la piètre performance internationale du précédent gouvernement Harper. Il n’y a aucun effort vers l’affirmation d’une politique indépendante du tout. Au contraire, on assiste à un mélange difforme et incompréhensible de réactions ad hoc aussi illogiques qu’inefficaces quant aux dossiers de la Chine, des États-Unis et de l’Arabie saoudite. C’est ce qui arrive quand vous n’avez pas pris le temps de réfléchir et d’élaborer une politique intelligente en examinant les forces et faiblesses de nos partenaires dans le monde. La notion canadienne de suivre aveuglément les Américains surtout quand Donald Trump est leur président relève de la folie pure.
En ce moment, on peut observer les conséquences de cette imposture alors que le sort de nos citoyens ainsi que nos intérêts économiques sont assujettis aux bons soins du Grand Inquisiteur à Washington. Le Service extérieur où j’ai passé plus de 16 de ma carrière est devenu un bordel indéfinissable, un repère d’incompétents et de conformistes incapables de pensée indépendante. Les esprits libres ont été rayés de la carte en faveur des conformistes dont l’allégeance au PLC est une marque de commerce. Partout le Québec ne trouve pas son compte et est assujetti aux décisions nocives pour ses intérêts. Oncle Sam mène le bal ici, en cela les Chinois avaient vu juste.
4. Le nouveau chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, me paraît raisonnable, solide et habile. Il pourrait bien faire lors des débats aussi bien en français qu’en anglais. J’admire Jagmeet Singh, le chef du NPD, mais sa formation politique prône le fédéralisme au détriment du Québec.
5. Le Parti vert, qui aurait pu être une option pour moi, n’en est pas une, compte tenu de ces fissures transnationales tout comme le NPD. Le chef des Verts, Elizabeth May, me semble particulièrement faible surtout lorsqu’il s’agit de s’opposer aux projets de pipelines. Pour le Québec français, ce n’est pas une option viable. Le fait que l’ancien chef d’Équiterre, Steven Guilbeault, se joigne à l’hypocrisie du PLC est loufoque. Leur adhésion à un environnement sain laisse à désirer.
Il me semble que le Québec irait mieux comme état souverain. On pourrait passer nos propres lois sans les conseils malveillants de la presse anglo-canadienne. Nos intérêts économiques ne seraient pas échangés sans notre volonté comme c’était le cas dans la renégociation de l’ALENA (ou de l’USMCA). Comment se libérer autrement de la prison de la péréquation si le Canada mine les intérêts de nos agriculteurs? Quand il s’agissait de défendre l’industrie aérospatiale au Québec contre les accusations loufoques de son concurrent Boeing, la réponse du gouvernement du Canada était trop peu, trop tard. La peur de la nouvelle équipe Trump à la Maison Blanche était palpable. Faute de politique étrangère indépendante, les intérêts du Québec sont bousillés au profit d’une politique de valets et de porteur d’eau.
Les faux pas se multiplient quand il s’agit de la controverse au sujet de SNC-Lavalin où le premier ministre Justin Trudeau et l’ex-ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould se sont illustrés, tous deux, par une arrogance et un manque de leadership. L’affaire SNC-Lavalin, le sort de Bombardier, la nouvelle entente commerciale avec les États-Unis et le Mexique – à chaque tournant, le Canada se montre prêt à sacrifier nos intérêts. Et en même temps, on entend de la part des médias anglo-canadiens de première ligne des propos absurdes comme si le Québec était responsable de leur manque de vision internationale.
On ne peut donc pas se fier au Canada pour défendre nos intérêts économiques, faute de quoi il reproche au Québec de bénéficier de la péréquation. Un cercle vicieux, n’est-ce pas?
Pour ces raisons, j’appuierai le Bloc québécois lors des élections fédérales cet octobre.