Pour un Québec branché et centré sur lui-même

Ici passe avant ailleurs

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Tribune libre

Dans un pays donné, il est normal que l'intérêt premier soient le Nous, l'ici, et l'accomplissement collectif et personnel de chacun d'entre nous œuvrant pour le bien et la prospérité de la nation. Charité bien ordonnée commence par soi-même, comme le dit le dicton.
Avant de vouloir sauver les milliards de démunis et de miséreux de la planète, accordons plutôt la préséance à nos pauvres. Avant de s'apitoyer outre mesure sur les piètres conditions de travail prévalant dans le tiers-monde, améliorons plutôt les nôtres. Avant de s'indigner des inégalités et des injustices des sociétés moins évoluées, occupons-nous donc de celles qui restent à régler ici, les seules que nous avons le pouvoir direct de changer. Accordons à chaque nation la dignité de pouvoir s'en sortir et d'améliorer son sort.
Car consacrer trop de temps aux autres pays, aux autres sociétés, surtout ceux qui nous sont le plus étrangers et dissemblables est contre-productif, nous empêchant d'avancer et de nous concentrer sur notre propre parcours, de corriger le tir au besoin, de passer à la prochaine étape. Et c'est souvent une façon de faire diversion pour nous empêcher de voir à nos propres problèmes.
Regardons ailleurs quelque peu, oui, mais pas trop. Il y a des choses qui ne nous concernent tout simplement pas. Il revient à chaque pays d'évoluer et de progresser par lui-même. Ce n'est pas à nous de le faire à leur place et de s'en préoccuper outre mesure. Répétons-le, il faut accorder à chaque nation la dignité et la responsabilité de se sortir elle-même de ses problèmes.
Il est normal et sain de vivre centré sur soi-même; nous devons nous considérer comme notre principal centre d'intérêt, le point de mire de nos préoccupations immédiates. Nos préoccupations concrètes doivent graviter autour des nôtres en cherchant à améliorer notre sort avec préséance sur ce qui se passe dans le reste du monde.
Eh oui, l'ouverture à l'autre a des limites et doit passer au second plan, sans culpabilité aucune. Concentrons-nous sur la résolution de nos propres problèmes en espérant servir de modèle aux autres pour qu'ils progressent à leur tour en prenant exemple sur nous.
La psychologie nous enseigne que pour croître et se développer, il faut d'abord commencer par se centrer sur soi-même, s'observer attentivement, découvrir et développer ses potentialités, prendre conscience de ses forces et ses faiblesses, reconnaître ses failles et les corriger, concentrer ses énergies sur les points à améliorer comme le fait tout athlète de compétition qui vise l'excellence. C'est la base de l'accomplissement de soi, que ce soit sur le plan personnel ou collectif.
On a déjà fait observer que les journaux québécois consacrent la majorité de leurs pages à l'actualité locale, régionale et provinciale, et que les affaires canadiennes et internationales sont reléguées aux lointaines pages centrales avant la section sport ou ne font souvent l'objet que d'un entrefilet.
Dans les journaux anglophones, c'est tout le contraire. Eh bien, bravo pour nous. S'il n'ont pas d'intérêt pour ce qu'ils sont et font, tant pis pour eux. Cela démontre d'une certaine manière ce que j'avance: on est jamais si bien servi que par soi-même. Les Québécois s'intéressent à eux-mêmes et c'est très bien ainsi. Qu'on y voit simplement un caractère distinctif de plus qui s'ajoute aux autres et nous différencie.
En passant, appartenir à l'identité québécoise, c'est un peu ça. C'est une question de vouloir vivre dans le monde qui est le nôtre, pas celui d'ailleurs. On met l'accent sur le rapproché, sur l'immédiat, sur le familier, pas sur l'éloigné ou sur la différence aliénante.
L'intérêt naturel que nous avons pour tout ce qui nous regarde et nous concerne est une attitude positive qui doit être interprétée comme un renforcement de l'intérêt pour les événements, les gens, les difficultés et les réussites qui composent notre réalité quotidienne.
Prenons garde à l'éparpillement qui fait perdre les points de repère. Tout n'est pas relatif, peu s'en faut. Notre petit monde québécois ici maintenant doit demeurer notre certitude, la ruche bourdonnante à laquelle nous prenons part, celle que nous sommes en mesure de faire changer et évoluer.
Vous rappelez-vous l'amusante anecdote de l'écrivain Jacques Godbout? À l'époque où internet, les réseaux d'information continue et les nouvelles instantanées firent une irruption soudaine et envahissante dans nos vies, bien des gens se sentirent soudainement obligés de se tenir au courant du moindre événement qui se produisait à la grandeur de la planète, et de suivre chaque catastrophe anxiogène à la seconde près, attendant impatiemment chaque nouveau détail infime qui s'ajoutait au compte-goutte.
Ce cher M. Godbout a avoué qu'au bout d'un certain temps, il avait dû tout simplement décrocher pour ne pas perdre la boule, tant le fait d'être constamment assailli, bombardé de nouvelles désastreuses et alarmistes minait le moral. Il a eu la sagesse de s'en rendre compte et d'y remédier en se soustrayant prudemment de ce besoin d'information compulsif et excessif.
C'est pourquoi il faut savoir faire preuve de fermeture sélective à ce qui nous éloigne de nous-mêmes, à ce qui est trop différent et étranger. C'est faire preuve de sagacité que d'adopter l'attitude salutaire qui consiste à mettre les priorités dans le bon ordre d'importance. Le petit univers qui est le nôtre possède suffisamment de ressources pour combler les intérêts les plus variés.
Les hommes des cavernes nos ancêtres ignoraient ce qui se passait à 1000 lieux de là et ils ne s'en portaient que mieux. Ils n'avaient à se soucier que de leur proche entourage et de l'environnement immédiat à une journée de marche. Notre cerveau d'homo sapiens à peu de choses près identique au leur n'est pas conçu pour absorber tout ce qui se passe à la même seconde partout à travers le monde.
L'ouverture sur le monde doit être limitée dans le temps et l'énergie qu'on y consacre pour éviter qu'elle empiète indûment sur notre réalité quotidienne et nous empêche de faire face à notre propre réalité, la seule sur laquelle nous avons de l'emprise. Consacrons-lui un certain temps, soit, mais sachons lui imposer les limites nécessaires à la préservation de notre juste équilibre.
Être centré, bien ancré, est un objectif d'équilibre psychologique à atteindre pour le bon fonctionnement général, que ce soit au niveau individuel ou collectif.
Voyons le Québec comme une extension de chacun de nous, le cœur d'un réseau multiple dont nous formons les 7 millions d'artères qui l'irriguent de notre élan vital collectif. Restons-y branchés.

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Réjean Labrie880 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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3 commentaires

  • Pierre Grandchamp Répondre

    28 janvier 2017

    L'indépendance, ça ne veut pas dire s'isoler. Au contraire, ça veut dire négocier des tas de traités avec d'autres nations. A l'heure du numérique, de l'internet, de la robotique....et, bientôt, de l'intelligence artificielle, il ,faut s'ouvrir au monde; mais, en négociant soi-mêmes des traités.
    Il ne faut pas confondre: libre-échange, Union européenne et mondialisation.
    La première ministre de Grande Bretagne est venue rencontrer Trump en vue d'un libre-échange.

  • Pierre-Yves Dubreuil Répondre

    21 janvier 2017

    @tous
    La politique a horreur du vide, même dans un monde ou ''tout le monde est libre et égal''.
    En effet, l'indépendance est une ouverture sur le monde et une démonstration de puissance, d'être soi-même.

    @Pierre Bourassa
    Les progressistes (en alliance avec les faucons libertaires-capitalistes) qui veulent un gouvernement mondial ou tous se prennent main dans la main tout en gardant sa culture et ses moeurs est en manque de gaz et d'arguments.
    La seule carte qui leur reste, vraisemblablement, est de prédire la catastrophe planétaire.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 janvier 2017

    Des fois les réactions sont imprévisibles lorsqu'on ose s'affirmer.
    Lors du discours d'inauguration de Donald Trump,hier le 20-01-2017,il déclarait que dorénavant le peuple américain passerait en premier.
    Qu'elle ne fut pas ma surprise de voir le commentateur d'ABC,Terry Moran,affirmer que la partie du discours de Trump faisant passer le peuple américain en premier avait des connotations anti sémitique et il reliait ce discours avec la monté du nazisme en Allemagne dans les années 30.
    Ayoye! Je ne la voyais pas venir celle-là,surtout que le premier à prendre la parole après les discours d'inauguration de Donald Trump,fut le Rabin Marvin Hier,portant fièrement sa kippa.
    ABC's Terry Moran: Donald Trump's Inauguration Speech Had 'Anti-Semitic' 'Overtones from the 1930s'
    https://www.youtube.com/watch?v=t29scBhknMU