Pour un dépotoir Mordecai-Richler

Richler-Amherst : les indésirables

Une rue Mordecai-Richler, êtes-vous tombés sur votre porte-cheveux? Une rue Claude-Ryan, peut-être, ou même Robert-Bourassa, voilà qui pourrait aller. Des fédéralistes qui insultaient leurs ancêtres en s’opposant à la libération définitive des Québécois, mais qui au moins n’insultaient pas notre intelligence en inventant des sornettes dignes des plus sombres psychoses des pires dictateurs de l’Histoire de l’humanité. Mais Mordecai Richler?

Mordecai Richler, qui avait écrit dans le magazine états-unien Atlantic Monthly qu’au soir de la victoire du Parti Québécois, les militants indépendantistes avaient entonné un hymne nazi.
Mordecai Richler, qui qualifiait le Québec de société tribale dont l’émancipation dans le monde moderne tient à la magnanimité des anglophones.
Mordecai Richler, qui qualifiait les femmes québécoises élevant des familles nombreuses de truies.
Mordecai Richler, qui affirmait que le but avoué de la rébellion des Patriotes de 1837-38 était d’égorger les Juifs, un mensonge tellement éhonté qu’il serait probablement inutile de rappeler que Louis-Joseph Papineau avait piloté en 1832 une loi qui accordait aux Juifs leurs pleins droits, une première dans tout l’empire britannique.
Mordecai Richler, qui hallucinait sur le risque de disparition des anglophones, un discours qui plairait probablement aux malades mentaux administrant un site comme le ParkAvenueGazette, eux qui demandent la pendaison de Pauline Marois et qui appellent les anglophones à s’armer.
Mordecai Richler, c’était cela: un menteur compulsif souffrant de paranoïa doublé d’un raciste impénitent. Une ordure sur pattes. Imaginez un sac de poubelles avec deux jambes et vous avez l’apport intellectuel de Mordecai Richler au Québec.
Cela ne semble pas déranger le maire de l’arrondissement Côte-des-Neiges, Michael Applebaum, et son conseiller Marvin Rotrand, deux Juifs ayant qualifié une demande de minute de silence pour se recueillir à propos des morts causés par l’attaque israélienne au Liban, en 2006, « d’antisémite ». Ce sont ces deux individus, fiers héritiers de la paranoïa de Richler, qui pilotent le dossier pour qu’on puisse « enfin » célébrer ce grand écrivain (sic)!
Que deux Juifs anglophones demandent la reconnaissance d’un autre Juif anglophone ayant protégé avec toute la malhonnêteté du monde les avantages rhodésiens de la minorité anglophone du Québec, voilà qui ne devrait pas trop nous surprendre. Mais que le directeur-général de la ville de Montréal, Louis Roquet, un Québécois, appuie la consécration de Richler a de quoi nous étonner.
Un grand écrivain?
« Il était un grand écrivain » se défendent ceux qui, comme Roquet, veulent souiller notre ville de la mémoire de ce créateur d’immondices intellectuelles que même la mort n’a pu complètement laver. Or, un grand écrivain, c’est quelqu’un en phase avec son milieu, qui représente une sensibilité propre à un quartier, une ville, une nation. Si les mensonges vicieux de Richler représentaient sa communauté, cela voudrait dire que c’est l’ensemble des anglophones de Montréal qui sont de graves paranoïaques et que le fait que des journaux comme The Gazette manipulent systématiquement l’information en faveur des anglophones ne constitue pas une loi du hasard, mais bel et bien la consécration d’une psychose collective.
Si Mordecai Richler était un grand écrivain, c’est donc qu’il a été reconnu par ses pairs non pas comme le désaxé raciste que nous voyons tous chez lui, mais comme un individu sain d’esprit et donc que les anglophones montréalais se reconnaissaient dans sa saleté intellectuelle. On pourrait même extrapoler et concevoir que les anglophones les plus sains d’esprit ont tout à fait compris, dès 1976, que le Québec deviendrait français et que ceux n’ayant pas quitté la nation ont préféré embarquer dans d’étranges délires de persécution leur permettant de se donner une sorte de rôle messianique dans le divin combat contre les méchants Québécois qui osaient – nom de Dieu de nom de Dieu de nom de Dieu! – exiger de pouvoir vivre dans leur propre langue. Vous voyez le portrait? Braveheart, Mordecai Richler, même combat.
D’autres diraient qu’on célèbre les histoires de l’homme et non ses prises de position politique. Arrêtez-moi ça ici. Terminus de la stupidité, tout le monde descend. Aurait-on idée d’appeler un musée le musée Hitler sous prétexte que le Führer peignait, à l’aquarelle, de pastorales scènes de la vie campagnarde prussienne? On ne juge pas un homme par partie, mais comme un tout. Si on doit imposer le nom d’un homme sur nos pancartes ou nos édifices, c’est en tant qu’homme complet – comprenant sa folie – et non pas pour quelques rares exploits. Sinon, autant récompenser le colonel Williams pour sa gestion de l’armée canadienne et le citer en exemple pour la jeunesse.
Dans les faits, ce que cette consécration demandée expose, ce n’est pas le besoin des Québécois d’honorer Mordecai Richler. Non, les Québécois, s’ils le pouvaient, préféreraient probablement encore renommer un dépotoir en son honneur, comme le montre la page Facebook à cet effet.
Un besoin maladif de symboles
Il s’agit plutôt du désir d’une communauté anglophone tissée serrée, imperméable aux faits les plus primaires, et qui a le besoin viscéral de se doter de symboles, d’objets de fierté – si abjects soient-ils – ou de lieux appelant le souvenir de leur passé d’élite anglaise embrassant du regard, du haut de leur montagne, la pauvre populace canadienne-française vivant dans ses taudis. Un désir de mémoire, afin d’enraciner encore plus profondément dans Montréal cette haine d’un Québec empêchant notre État français de véritablement s’épanouir.
Et nous, pendant ce temps, qu’avons-nous à offrir à notre propre mémoire? Une rue Olivar-Asselin, du nom de notre plus grand journaliste, ayant giflé en pleine Assemblée le premier ministre Taschereau, le plus corrompu de son époque: un bout de rue de 200 mètres sur le bord d’une autoroute et menant à une école arménienne. Une rue René-Lévesque, incapable de s’imposer jusque dans Westmount et de remplacer définitivement la Dorchester. Une rue Pierre-Bourgault? Une rue Pierre-Falardeau?
Les anglophones l’ont compris: une communauté qui survit et qui prospère a besoin de racines.
Mais nous, nous préférons tout oublier. Non, pire: nous institutionnalisons notre propre oubli en interdisant l’apprentissage de notre histoire à nos jeunes et nous faisons passer cela pour du progrès.
Mordecai Richler doit rire dans sa tombe.
Et si on déménageait ses restes dans un dépotoir, question de bien enraciner son souvenir et de souligner toute son « importance » pour le peuple québécois?
L’odeur fétide de ses préjugés aurait enfin de la compétition.


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