Jeanne Blackburn, Linda Goupil et Nicole Léger
Au cours des dernières trente années, nous avons consacré nos énergies à faire du Québec un des endroits où la cause des femmes et de leurs droits a le plus progressé en Occident. Nous en sommes immensément fières. Élues députées à l’Assemblée nationale, nous aurons été comme femmes, mères, conjointes, les relais de revendications portées par nos communautés de vie, par des organisations féministes, souvent reprises par des organisations syndicales et dans le programme de notre formation politique, le Parti québécois.
Sans nous, et sans toutes nos collègues militantes et députées, l’élan réformateur aurait été moins grand, le sentiment d’urgence moins aigu, les changements moins rapides. Mais sans nos collègues masculins, et en particulier nos chefs de parti, ces changements n’auraient simplement pas eu lieu.
Tristesse et colère
C’est pourquoi nous accueillons avec un mélange de tristesse et de colère la lettre publiée par Mme Manon Massé dans laquelle elle accuse tous les hommes politiques québécois des trente dernières années de « ne jamais [avoir été] trop pressés d’améliorer le sort collectif des femmes du Québec ». C’est faux.
Moi, Jeanne Blackburn, me souviens très bien de la hâte exprimée par Jacques Parizeau de mettre en oeuvre la perception automatique des pensions alimentaires alors qu’il m’avait confié le ministère de la Sécurité du revenu, une mesure très importante de lutte contre la pauvreté chez les femmes. Je me souviens aussi qu’il avait fait de l’équité salariale une de ses priorités de la campagne électorale, et de son gouvernement.
Moi, Nicole Léger, me souviens très bien de l’enthousiasme des ministres et députés masculins concernant la proposition de doter le Québec de la politique familiale la plus généreuse du continent, lorsque M. Bouchard l’a présentée à ses collègues. C’est un des grands privilèges de ma carrière de l’avoir mise en oeuvre avec son soutien actif.
Moi, Linda Goupil, je sais aussi que sans les convictions profondes et le poids politique de Bernard Landry et de plusieurs collègues masculins, le Québec ne se serait pas doté de la loi de lutte contre la pauvreté la plus audacieuse du continent alors que j’étais ministre d’État à la Solidarité sociale, à la Famille et à l’Enfance. En plus, Bernard Landry avait aussi nommé une femme, Nicole Léger, comme ministre déléguée à la Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Dans son texte mensonger et mesquin, Mme Massé place Jean-François Lisée dans la « clique du boys’ club », coupable selon elle d’enrichir les médecins en donnant des « peanuts » aux infirmières et en coupant les fonds aux organismes de lutte contre les violences sexuelles.
Jean-François a au contraire toujours été notre allié et a répondu présent chaque fois que nous avons fait appel à lui. Député, il a dénoncé avec force les compressions libérales dans les organismes de lutte contre le proxénétisme et la violence. Chef, il fut le premier à réclamer le gel de la rémunération des médecins et davantage de ressources et de pouvoir pour les infirmières.
Susciter du ressentiment
L’attitude de Manon Massé ne peut que susciter du ressentiment chez tous ces hommes qui furent nos alliés dans chacune de nos luttes. Mme Massé insulte l’histoire récente et démontre son incapacité à réunir les bonnes volontés.