Le ministre de l'immigration, Eric Besson, a déclaré, dimanche 1er novembre, que le débat sur l'identité nationale qu'il a souhaité organiser est déjà une réalité. Face à la levée de boucliers de la classe politique, M. Besson a estimé que le "peuple français s'est déjà saisi du débat", mettant en avant des sondages "de ces 48 heures" sur la question. "Le peuple français s'est déjà saisi du débat et il a envie qu'il ait lieu", a-t-il résumé sur France Inter. Dans la semaine, le ministre avait déjà formulé un argument similaire, affirmant que "les élites peuvent toujours dire ce qu'elles souhaitent, le peuple s'est déjà saisi du débat dans les blogs, sur les radios".
Les sondages sur lesquels se base le ministre sont parus dans la presse du week-end, et confirment qu'une majorité de Français souhaitent que la question de l'identité nationale soit abordée. Selon une enquête CSA pour Le Parisien, 60 % des personnes interrogées approuvent ce débat, contre 35 %. En terme de répartition politique, 50 % des sympathisants de gauche l'approuvent, 70 % au MoDem et 72 % à droite. Toujours selon cette enquête, les éléments constitutifs de "l'identité de la France" sont la langue (80 %), la République (64 %), le drapeau (63 %), la laïcité (61 %) ou la Marseillaise (50 %)
Un autre sondage, réalisé par IFOP pour Ouest-France, avance que 77 % des personnes interrogées sont favorables à l'apprentissage de la Marseillaise à l'école. Enfin, un sondage BVA pour Canal+, paru jeudi, confirme qu'une majorité de Français (54 %) jugent l'initiative "importante", contre 46 % qui pensent le contraire. Autant de chiffres qui semblent montrer un intérêt pour la tenue de ce débat. Pourtant, selon la même enquête BVA, une majorité encore plus importante (64 %) estiment qu'il s'agit avant tout une tactique électorale visant à "mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales".
ROYAL DEMANDE À LA GAUCHE DE NE "PAS REJETER CE DÉBAT"
Officiellement, le débat sur l'identité nationale doit s'ouvrir lundi dans les préfectures et sous-préfectures en présence des "forces vives de la Nation". Eric Besson prendra la parole, mardi, pour détailler l'engagement des groupes parlementaires de l'UMP, puis ce sera au tour de Nicolas Sarkozy de donner un discours, le 4 décembre, à l'Institut Montaigne, un think-tank de droite. Une synthèse sera rendue fin février, date de fin du débat national.
L'initiative du gouvernement a été critiquée tout au long de la semaine par l'opposition, qui a dénoncé une opération de "diversion" et de "surenchère" vis-à-vis du Front National. Marine Le Pen s'est empressée de réclamer une entrevue avec M. Sarkozy et un "Grenelle de l'identité nationale". Les Verts parlent d'un débat "hypocrite", même les syndicalistes, comme François Chérèque (CFDT) le juge "glauque".
Au PS, une certaine division est apparue entre la ligne officielle, défendue par le porte-parole Benoît Hamon, et Ségolène Royal. Pour M. Hamon, "l'objectif politique de l'opération de Besson et de Sarkozy, c'est d'expliquer que la gauche aurait un problème avec la nation et l'identité nationale". Il a dénoncé un "débat faussé par excellence" qui s'apparente à "une pauvre opération de communication politique et de récupération électorale". Le PS doit encore officiellement décider s'il participe ou non, et à quel niveau, au débat.
Si Mme Royal est d'accord sur la forme – elle parle d' une "opération de diversion" avant les régionales – elle demande à la gauche de ne "pas rejeter ce débat, encore moins le craindre". "Les socialistes étaient gênés, c'est un comble ! La nation est à l'origine un concept de gauche", a-t-elle déclaré. "Il faut reconquérir les symboles de la nation. C'est pourquoi j'ai souhaité faire chanter la Marseillaise dans mes meetings, revendiquer le drapeau tricolore qui appartient à tous, pas seulement à la droite", a-t-elle rappelé. Pierre Moscovici, qui se dit "révulsé" par les termes du débat, a mis en garde l'ancienne candidate. A ses yeux, elle "cède à la diversion" et "semble faire écho à Eric Besson, qui l'a pourtant tellement maltraitée".
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