Politique : pourquoi les Québécois sont-ils amorphes ?

A03fe0b07a67e6978ac70535969e6107

« L’indépendance n’est pas seulement une option avantageuse pour le Québec. C’est une question de vie ou de mort pour notre peuple. »

Depuis quelques semaines, on parle comme jamais de l’évolution démographique du Canada.


• À lire aussi: Déclin du Québec: gros devoirs pour les fédéralistes


Tous voient venir les deux scénarios qui attendent les Québécois dans le Canada d’ici quelques décennies: soit la noyade linguistique et démographique, soit la marginalisation politique.


Mais la classe politique ne se représente étrangement pas cet avenir à la manière d’un péril existentiel pour notre peuple.





Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.




Démographie


Passe encore que les fédéralistes ne le fassent pas. Leur fonction historique consiste à faire accepter aux Québécois leur assujettissement et même leur effacement, en présentant toujours cela comme une forme de progrès de la diversité et de l’inclusion.


Mais que les nationalistes et les indépendantistes ne haussent pas le ton me laisse plus que perplexe.


Leur épuisement n’est peut-être toutefois que le symptôme d’une apathie plus profonde.


Il y a peut-être au cœur du peuple québécois une forme de fatigue existentielle.


Les Québécois, comme peuple, savent à peu près résister tranquillement. Mais nous ne savons pas trop comment passer de la résistance au redressement.


Surtout, lorsque nous avons essayé de nous relever, dans notre histoire, nous en avons payé le prix.


Après les rébellions des Patriotes de 1837-1838, la riposte du pouvoir anglais a été vive. Nous avons eu besoin de plus d’un siècle ensuite pour refaire nos forces, avant de lancer une nouvelle offensive: la révolution nationale.


Mais là encore, nous avons échoué.




Après le référendum de 1980, on nous a imposé une Constitution, celle de 1982, qui diminuait nos pouvoirs vitaux en matière linguistique.


Après le référendum de 1995, Ottawa a riposté avec son Plan B, qui entendait associer le nationalisme québécois au racisme.


Tout cela trouble notre perception du réel.


À l’occasion, je me surprends à gueuler mentalement contre les Québécois, en leur disant: «Sortez de votre torpeur!»


Mais ensuite, je me rappelle que le simple fait que nous existions encore, plus de 250 ans après la Conquête, relève presque du miracle, et je suis saisi d’admiration et de tendresse pour ceux qui ont tenu.


Mais je suis convaincu d’une chose: bientôt, il sera trop tard pour le peuple québécois. Montréal nous échappe et Laval nous échappera demain.


Histoire


Et notre existence comme peuple est culpabilisée, assimilée au suprémacisme ethnique.


On nous explique que nous sommes de trop chez nous. Que nous prenons trop de place culturellement. Que ce territoire que nous avons défriché, labouré, construit, habité, rêvé, en fait, nous l’aurions volé.


On nous explique que notre langue est un boulet.


On nous noie.


Selon l’idéologie dominante au Canada, la résistance québécoise n’a rien d’admirable, elle est dégueulasse. Notre laïcité est combattue, nos lois linguistiques, diabolisées.


Bientôt, nous entrerons dans la spirale infernale de la régression collective. La majorité historique francophone perdra son rapport de force au Québec.


Le nationalisme tranquille de la CAQ deviendra impuissant. Il nous aura rassurés, alors qu’il aurait fallu s’inquiéter. L’indépendance n’est pas seulement une option avantageuse pour le Québec. C’est une question de vie ou de mort pour notre peuple.


Bientôt, il sera trop tard.