La Commission jeunesse du PLQ est montée au front, ces derniers jours, pour brasser les idées, dans l’espoir de secouer la torpeur d’un parti qui a subi une défaite crève-cœur à l’élection du 1er octobre 2018.
Depuis sa création, en 1970, elle a souvent été à l’avant-garde sur différents enjeux qui ont fait avancer le Québec, notamment en santé, en éducation et sur la question nationale.
Au-delà des modèles
Pour son prochain congrès, qui se tiendra à Québec cette fin de semaine, les jeunes libéraux veulent contribuer à la relance d’un parti désorienté en renouant avec la fibre nationaliste. Il faut les en féliciter.
Au menu, un retour stratégique à l’idée de l’interculturalisme dans l’espoir de reconquérir le vote francophone.
Le thème n’est pas nouveau. Il a déjà été au cœur des préoccupations des libéraux sous Robert Bourassa et de sa ministre de l’immigration, Monique Gagnon-Tremblay.
Mais avant d’exiger d’un futur chef du PLQ – attendu au printemps 2020 – « qu’il s’engage à adopter une loi sur l’interculturalisme », il faut faire le bon diagnostic.
Le président de la Commission jeunesse, Stéphane Stril, y voit une simple différence de styles. À ses yeux, Justin Trudeau « est très multiculturel, parce que dans la réalité canadienne, pour les autres provinces c’est le modèle le plus adapté pour eux ».
Hélas, il ne s’agit pas seulement d’une question « d’adaptation de modèles », mais de deux visions politiques et historiques diamétralement opposées. C’est aux fondements mêmes du multiculturalisme qu’il faut s’attaquer.
Car le Québec n’a pas besoin d’une loi cosmétique sur l’interculturalisme pour promouvoir sa langue et sa culture. Il a suffisamment d’outils pour ce faire.
Par contre, une véritable politique de l’interculturalisme, si elle est bien conçue, pourrait contrecarrer le multiculturalisme qui le ramène à un statut de minorité parmi d’autres.
Le multi pour minoriser le Québec
Il faut donc reconnaître que le multiculturalisme est une politique fédérale, conçue et mise en œuvre pour minoriser le Québec et briser l’élan qu’il avait pris depuis la Révolution tranquille.
Mise de l’avant par le premier ministre Pierre-Eliott Trudeau, en 1971, elle a été enchâssée dans la Charte canadienne des droits et libertés, en 1982, et stipule que « Toute interprétation de la présente charte doit concorder avec l’objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens ».
Le premier ministre Justin Trudeau est allé plus loin dans sa négation du nationalisme québécois quand il a déclaré au New York Times, pour l’édition du 8 décembre 2015, que le Canada était le « premier État postnational » où « il n’existe pas d’identité fondamentale ».
C’est à cela que les jeunes libéraux doivent s’attaquer s’ils veulent vraiment faire une différence.
Car, pour un grand parti comme le PLQ, se redéfinir, c’est avant tout repenser le Québec en termes d’intérêt public pour tous les Québécois, sans distinction de race, d’ethnie ou de religion.
Aspirer à toucher la fibre nationaliste du Québec, c’est bien, mais cela commence par l’appropriation de son nationalisme.
Un nationalisme qu’il faut défendre et exprimer fièrement, sinon comment persuader le peuple de sa conviction si la conviction n’y est pas ?