PLC - Fin d'un long intérim

Ignatieff - le PLC et le Québec

La crise politique qui a secoué Ottawa la semaine dernière a mis fin au long intérim de Stéphane Dion à la tête du Parti libéral du Canada. Avec le couronnement ultrarapide de Michael Ignatieff, hier, les libéraux fédéraux se donnent enfin la chance de faire oublier l'ère Chrétien et le scandale des commandites. De là à croire que la reconquête du pays sera chose facile, il y a une marge!
Michael Ignatieff aura dû attendre un peu plus longtemps que prévu pour réaliser son rêve de devenir chef du Parti libéral du Canada. Lui qui a été élu député une première fois en 2006, après avoir passé une trentaine d'années à l'étranger, n'a pas mis de temps à manifester son intérêt pour le poste du chef déchu, Paul Martin. Mais en décembre 2006, après une course de plusieurs mois, l'ancien professeur de Harvard a dû concéder la victoire à un Stéphane Dion qui avait su profiter du syndrome «Anybody but Ignatieff», très fort parmi les délégués.
Déçu, M. Ignatieff s'est tout de même montré bon joueur au cours des deux années suivantes, tout comme son principal adversaire, Bob Rae, lui aussi défait par le jeu des alliances. Deux années qui lui ont permis de se faire connaître des militants libéraux et de prendre rapidement beaucoup d'expérience.
À la suite d'un deuxième échec retentissant de l'équipe libérale lors des élections de septembre dernier, la course à la direction du parti est revenue à l'ordre du jour. Mais c'est la contre-performance spectaculaire de Stéphane Dion à titre de représentant de la coalition des partis d'opposition, la semaine dernière, et le risque d'une nouvelle campagne avec le même M. Dion à l'avant-scène, qui ont amené le parti à accélérer les procédures pour le choix d'un nouveau chef.
Hier, en conférence de presse, Michael Ignatieff s'est présenté comme un homme d'unité, et le PLC comme la seule possibilité pour les conservateurs «qui ont divisé le pays et perdu la confiance des Canadiens». Le PLC et la coalition renverseront-ils le gouvernement lors du prochain budget? Tout dépend du contenu, a-t-il répondu, gardant la porte ouverte à la possibilité de ne pas le faire si les conservateurs ont l'humilité de présenter un plan de sortie de crise crédible, aux yeux des libéraux, bien sûr!
Dans les faits, compte tenu de l'état lamentable du PLC dont il hérite, la surprise serait que le nouveau chef renverse le gouvernement à la fin de janvier et risque ainsi de se retrouver en élections sans argent et sans organisation advenant que la gouverneure générale refuse de confier le pouvoir à la coalition. Ajoutez à cela le fait qu'un gouvernement de coalition renforcerait la position des conservateurs dans la plupart des provinces, sauf au Québec, et il est facile de comprendre que Michael Ignatieff, comme Stéphane Dion, souhaitera sans doute attendre plusieurs mois avant de faire tomber le gouvernement.
Cela dit, par-delà les tactiques de court terme, la question la plus importante à poser au nouveau chef est de savoir où il entend conduire le pays s'il devient premier ministre. Pour le moment, on n'en sait rien... ou très peu.
Au cours des dernières décennies, les gouvernements libéraux qui se sont succédé à Ottawa se sont tous aliénés le Québec. De Trudeau à Dion en passant par Chrétien, leur seul grand «exploit» aura été d'empêcher le Québec de sortir de la fédération, sans satisfaire pour autant ses aspirations légitimes à titre de nation. M. Ignatieff adoptera-t-il à son tour cette approche d'affrontement, ou voudra-t-il plutôt passer à l'Histoire comme le premier ministre libéral qui a introduit une ère de dialogue entre les peuples fondateurs du Canada?
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j-rsansfacon@ledevoir.ca


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