Pierre Dubuc provoque une vraie course au PQ?

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«Pierre Dubuc n’aurait plus de place dans un parti dirigé par PKP et on peut se demander où iraient Martine Ouellet et Pierre Céré»





Le brulot de Pierre Dubuc « PKP dans tous ses états » crée un doute raisonnable qui devrait profiter à ses adversaires dans la course à direction du PQ, mais l’auteur risque de couler le navire amiral en entier quelle que soit l’issue de ce scrutin interne au parti.


L’ouvrage de Dubuc est bien documenté, riche de renseignements et jette un sérieux ombrage sur les volontés réelles d’indépendance du magnat des télécommunications ou sur sa capacité à pouvoir renoncer à ses intérêts privés pour faire progresser l’idée. C’est une lecture incontournable pour tous les indépendantistes et encore plus pour les militants péquistes qui auront à choisir ce futur chef. Le livre leur permettra de mettre des mots sur les silences de monsieur Péladeau jusqu’à présent et leur fournit d’excellentes munitions pour forcer le candidat à se positionner sur certaines questions délicates.


Outre les adversaires de monsieur Péladeau dans cette course, ce livre est un cadeau pour la gent médiatique qui horripile les couronnements et aime bien entretenir le suspens. Cela doit être encore plus vrai chez les concurrents de Québécor qui peuvent maintenant saliver à un éventuel échec de l’ex-PDG de l’empire. Il faut tout de même se rappeler que l’auteur est un fervent supporteur de Martine Ouellet dans cette course et un membre fondateur de SPQ-libre qui se définit pro-syndical et à gauche, réunissant du coup tous les ingrédients pour abhorrer la candidature de l’homme d’affaire. Il sera intéressant de voir jusqu’où la ferveur des militants péquistes sera ébranlée à son endroit.


Dubuc attaque la crédibilité de monsieur Péladeau en rappelant son passé anti-syndicaliste, sa piètre performance économique à la tête de l’empire Québécor et ses relations hasardeuses avec les leaders fédéralistes canadiens.


Nonobstant le livre de Dubuc, il n’y a pas de doutes sur les appuis manquants du monde syndical à l’égard du député de St-Jérôme dans la présente course. Ceux-ci ont en mémoire son record de lock-out comme employeur et ses déclarations sur la nécessité de revoir le code du travail pour réduire les droits syndicaux au nom de la concurrence économique. Le passé du prétendant le rattrape même s’il tente de se refaire une virginité. Il deviendrait peut-être plus sympathique au monde syndical en diversifiant son entourage immédiat et en misant sur quelques progressistes qui pourraient assurer la persistance de ses nouvelles bonnes intentions. À défaut, il enregistrera un sérieux déficit d’appui sur cette aile.


D’autre part, l’auteur ne me convainc pas dans sa tentative de nous le présenter comme un piètre homme d’affaire qui aurait dilapidé la succession, s’il n’avait pas été secouru par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il nous fait un assemblage impressionnant de transactions et de tractations financières et en tire une interprétation pour justifier sa thèse du mauvais administrateur. D’autres auront vu dans les mêmes évènements une série de déboires et de coups fumants qui ont permis à monsieur Péladeau d’occuper une place enviable dans le paysage économique québécois. Dubuc peut bien lui reprocher d’avoir fait pression sur l’État québécois avec ses médias pour s’attirer quelques bonnes affaires, mais c’est surtout aux politiciens du moment que nous devrions en vouloir.


Cependant, les propos de l’auteur sur l’extrême dépendance de Québécor par rapport aux institutions fédérales pour son développement et les relations incestueuses avec les leaders conservateurs comme Stephen Harper ou Brian Mulroney sont beaucoup plus troublantes. Le refus de monsieur Péladeau de se départir de ses avoirs advenant qu’il serait chef ou premier ministre devient plus inquiétant, car il pourrait facilement être soumis à un chantage économique des institutions fédérales ou de la communauté des affaires au Canada. Le risque est grand de le voir faire primer ses intérêts avant ceux de la collectivité et de reléguer aux oubliettes tout ce qui pourrait choquer ses amis à l’ouest du Québec. L’auteur anticipe qu’il pourrait tendre au nationalisme mou incarné par François Legault et prôner la fusion CAQ-PQ. 


Bien malin celui qui peut prédire l’avenir du PQ dans une pareille galère alors qu’ils n’ont pas besoin d’adversaires pour se poivrer eux-mêmes. Nous pouvons dès à présent pressentir que cette course ne se fera pas sans heurts et laissera des blessures. La capacité de ralliement des candidats à l’éventuel chef gagnant, quel qu’il soit, m’apparait loin d’être acquise. Pierre Dubuc n’aurait plus de place dans un parti dirigé par PKP et on peut se demander où iraient Martine Ouellet et Pierre Céré. La même question se pose pour un Pierre Karl Péladeau défait. Alexandre Cloutier et Bernard Drainville pourraient être des lieutenants fiables à défaut d’être élus, car ils ont l’avenir pour se montrer patients.




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