Philippe Couillard, adversaire déclaré du modèle français?

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Couillard durement critiqué par l'aile jeunesse du PS en France

Le premier ministre Philippe Couillard effectue une visite en France du 2 au 6 mars avec le quart de son conseil des ministres. Il a trébuché d'emblée en affirmant aux médias québécois, sans broncher, que les coûts de la mission ne sont pas importants puisque c'est la France qui paiera. Délicate attention de sa part... Le premier ministre français Manuel Valls et son ministre des Finances, Michel Sapin, apprécieront sûrement la désinvolture financière de M. Couillard. Ce doit être ça, l'austérité à la québécoise.



Cette déclaration n'est pas passée sous le radar des médias français, notamment Le Figaro, qui a lancé une véritable bombe médiatique au Québec en notant le contexte particulier de cette affirmation qui suit une augmentation radicale des droits de scolarité pour les étudiants français au Québec. Pour le gouvernement libéral du Québec, la relation avec la France et sa jeunesse est désormais placée au même rang que celle qu'il établit avec les jeunes anglophones de la Saskatchewan.



La maladresse diplomatique du premier ministre libéral n'est plus à démontrer. Celui-ci a réussi le tour de force de se faire remettre à sa place par un gouverneur chinois sur le dossier du porc (grand exploit en soi...), puis par le vice-premier ministre belge sur le dossier de la laïcité et d'être revenu complètement bredouille du Forum économique de Davos 2015. Il complète visiblement aujourd'hui son œuvre en France.



Or, il ne faudrait pas se leurrer. La République française reçoit, à un coût fort élevé comme nous l'a rappelé Philippe Couillard, un gouvernement qui a passé la dernière année à combattre férocement le modèle de la laïcité française, pilier du vivre ensemble républicain. Ils ne sont absolument pas Charlie, comme nous le rappelle la journaliste du Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui en visite au Québec.



L'anti-laïcité canadienne

Depuis près de 10 ans, le dossier des accommodements raisonnables basés sur les différences religieuses alimente les manchettes au Québec. Après des années de tergiversation du PLQ (entre 2007 et 2012), le gouvernement du Parti québécois a proposé en 2013 une charte de la laïcité fortement inspirée des principes républicains français.

Les propositions qu'elle contenait font relativement consensus, à quelques nuances près, auprès des formations politiques telles que le Parti québécois, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire. Le port de signes religieux ostentatoires par le personnel de l'État est critiqué, l'inspiration républicaine demeure centrale. Au Parti libéral, ce fut au contraire le branle-bas de combat. Ces mesures normales et acceptées de tous en France heurtent de plein fouet le modèle du multiculturalisme à l'anglo-saxonne et les intérêts électoraux du PLQ.

Il convient de rappeler à nos concitoyens français les positions de nos humbles invités.

Philippe Couillard a déjà affirmé que la laïcité républicaine est aussi une forme de fondamentalisme: «Vous savez, ajoute-t-il, la laïcité fermée, c'est également une autre forme de fondamentalisme». C'est fort aimable, encore une fois. Est-ce que Philippe Couillard aura le même courage devant le Premier ministre Valls ou bien le Président de la République lui-même ? Si j'étais journaliste, je lui poserais bien la question.

Le porte-parole libéral en matière de laïcité et ancien président du Parti libéral du Québec, le député Marc Tanguay, s'est déjà dit, en 2013, « tout à fait » à l'aise avec l'idée de côtoyer un jour des élues qui porteraient le tchador. Amusante conception de l'égalité homme-femme. Ce doit être ça, la modernité canadienne.

Ce n'est pas tout. L'actuelle ministre québécoise de l'immigration et de l'intégration, Mme Kathleen Veil, en a rajouté il y a quelques jours. Elle affirme qu'elle accepterait dans son propre cercle de collaborateur des intégristes religieux. Sans commentaire. [Depuis, Kathleen Weil a rectifié ses propos, NDLR]

Cette détestation de notre modèle d'intégration est palpable chez les représentants de l'État québécois. Il ne faut pas être surpris, par la suite, que cet allié jadis si précieux ignore les règles de base de la solidarité entre les peuples en n'envoyant aucun représentant du Québec à la grande marche républicaine en janvier 2015. Peut-être aurait-il fallu là aussi que la France paye leur déplacement ?

Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve apprécie certainement les drôles de positions de ses cousins québécois sur les questions d'intégrisme religieux...

Les Français comprennent qu'ils paient pour une délégation pléthorique qui va clairement à l'encontre de nos idéaux au Québec. En triplant les frais de scolarité pour les étudiants français, en luttant radicalement sur le sol québécois contre les valeurs qui sont les nôtres et en imposant au Québec un régime d'austérité sans précédent, ce gouvernement est l'opposé des valeurs véhiculées par notre République.

Au passage, merci de convaincre ceux qui en France hésitent sauter le pas des études au Québec de ne pas le faire. S'ils avaient pu comme leurs aînés bénéficier de frais d'inscription raisonnables, nombreux sont pourtant ceux qui auraient bien aimé payer un loyer trop cher (article payant), dépenser leur argent dans les commerces québécois, visiter des régions magnifiques et contribuer à l'épopée francophone en Amérique du Nord.



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