Philippe Couillard abandonne les producteurs de fromage, accuse le PQ

Le premier ministre dit qu’il ne sacrifiera pas l’entente de libre-échange avec l’Europe en raison d’un enjeu spécifique

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La soumission totale au mondialisme

L’opposition a saisi la balle au bond, accusant le premier ministre d’abandonner les producteurs de lait et de fromage. Jeudi, Phillipe Couillard déclarait aux journalistes que l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne pourrait se faire sans compensation pour les producteurs québécois.

Le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, de pêcheries et d’alimentation, André Villeneuve, y voit un abandon. «Depuis plusieurs semaines, je demande au ministre Pierre Paradis et au gouvernement de s’engager clairement à ne pas ratifier l’Accord économique et commercial global sans que les producteurs laitiers et fromagers aient reçu l’assurance d’une pleine compensation. Le premier ministre largue les producteurs en annulant leur rapport de force avec le gouvernement fédéral.»

M. Couillard a également soutenu que «les impacts sur nos producteurs vont être mitigés par la qualité de nos produits qui vont également avoir accès à un vaste marché européen».

«Je rappellerais au premier ministre que les producteurs européens sont subventionnés à 64 %. Comment pense-t-il que nos producteurs, bien que leurs produits soient effectivement d’une grande qualité, pourront être compétitifs?», a ajouté André Villeneuve.

Jeudi, au sortir d’une recontre avec des commissaires de l’Union européenne, M. Couillard avait déclaré que l’absence de compensation pour les producteurs de fromages québécois n’empêchera pas la ratification de l’accord de libre-échange Canada-Europe. Il a affirmé que les impacts sur les producteurs québécois seront atténués par le nouvel accès qu’ils auront au marché européen, grâce à l’entente annoncée l’automne dernier, dont les derniers détails techniques restent à régler.

Cette position contraste avec celle du précédent gouvernement du Parti québécois, qui exigeait une compensation d’Ottawa avant que l’accord de libre-échange soit soumis à la ratification de l’Assemblée nationale.

Avant la rencontre, M. Couillard a maintenu qu’une entente doit être conclue avec Ottawa, mais n’a pas fixé cette condition pour la ratification par les élus québécois. «Je veux être très clair que le gouvernement du Québec ne mettra pas en péril la ratification de l’accord de libre-échange Canada-Europe sur un enjeu spécifique», a-t-il dit aux journalistes. «Cependant on est très optimistes que, d’une part, les impacts sur nos producteurs vont être mitigés par la qualité de nos produits qui vont également avoir accès à un vaste marché européen et, d’autre part, par des mesures de mitigation sur lesquelles on va s’entendre avec le gouvernement fédéral. Mais il est dans l’intérêt global du Québec que cet accord soit paraphé rapidement et qu’il aille de l’avant.»

Le président de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, se disait également étonné. Il a expliqué que cette situation survient pourtant au moment où la Chambre des communes, incluant le premier ministre Stephen Harper et ses députés, a adopté à l’unanimité une motion qui affirme la nécessité de compenser rapidement les producteurs. «Ça me surprend un petit peu de voir que la position de M. Couillard serait moins ferme que la position même de M. Harper alors que ce dossier va toucher principalement le Québec», a-t-il dit.

En point de presse, M. Couillard a déclaré que l’accord doit être entériné rapidement, puisqu’il profite également à d’autres secteurs d’activité économique, notamment agricole. «Il y a des producteurs qui bénéficient grandement de l’accord de libre-échange, notamment dans le domaine du porc, a-t-il dit. Plus largement, ça donne accès à un plus large marché de 500 millions de consommateurs pour le Québec. Il y a là une source de prospérité à côté de laquelle on ne peut pas passer.»

À Bruxelles, en octobre 2013, le premier ministre Stephen Harper avait dévoilé les grandes lignes de l’AECG, dont les négociations se sont étirées après avoir été amorcées en 2009. Les discussions ont été menées par des représentants fédéraux. Mais des négociateurs des provinces ont participé aux échanges sur les sujets concernant leurs enjeux. Au moment de l’annonce de M. Harper, le négociateur du Québec, Pierre Marc Johnson, s’était étonné de voir que les quotas de fromage européen doubleraient sur le marché canadien, avec une hausse de 17 000 tonnes, la majorité des fromages fins.

Les producteurs québécois, qui fabriquent 60 % des fromages fins au pays, redoutent l’impact de cette nouvelle concurrence sur leur marché.
Avec Le Devoir


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