Pétrole : une coalition autochtone voit le jour

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Attention, ça va jouer dur

Inquiètes de la volonté d’ouvrir le golfe du Saint-Laurent à l’exploration pétrolière, trois nations autochtones ont annoncé mardi la formation d’une coalition qui se donne comme mission de «protéger» ce milieu marin contre les «risques» posés par l’industrie de l’énergie fossile. Elles estiment que les gouvernements doivent leur donner voix au chapitre avant toute prise de décision.
Les chefs des Nations Innu, Malécite et Mi’gmaq disent ainsi vouloir parler «d’une seule voix» dans tous dossiers relatifs au golfe du Saint-Laurent, mais plus particulièrement en ce qui a trait à l’ouverture attendue du secteur aux entreprises qui souhaitent exploiter d’éventuels gisements de pétrole ou de gaz naturel.
Les trois nations viennent d’ailleurs de signer un protocole qui souligne l’importance de «prioriser la protection des eaux et promouvoir le développement durable des communautés autochtones côtières du golfe du Saint-Laurent». Elles font notamment valoir qu’«un désastre environnemental dans le golfe pourrait avoir des répercussions dévastatrices sur les poissons, plantes médicinales, nourritures et animaux» qui font partie de leurs activités de subsistance.
«Les petites réserves que le gouvernement fédéral a découpées pour les nations Innu, Malécite et Mi’gmaq à partir de leur vaste territoire se retrouvent autour du golfe du Saint-Laurent, au Québec, au Labrador, sur l’île de Terre-Neuve, sur l’Île du Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, a fait valoir le chef Jean-Charles Piétacho, au nom de la Nation Innu au Québec, par voie de communiqué. Toutefois, au-delà de ces terres, nos nations ont toujours utilisé et occupé les eaux du Saint-Laurent, exerçant leurs droits aborigènes et leurs droits issus de traités, ainsi que leur titre qu’ils n’ont jamais cédés.»
«Ces droits signifient que les gouvernements fédéral et provinciaux ont l’obligation de nous consulter et de nous accommoder afin d’éviter toute atteinte à nos droits. Toutes menaces de violation de nos droits nécessitent notre consentement», a jouté la grande cheffe Anne Archambault, au nom de la Nation malécite.
Un Golfe méconnu

Le gouvernement Marois n’a toujours pas dit s’il autorisera les pétrolières à mener des travaux d’exploration en milieu marin, du côté québécois de la frontière maritime. Mais différents ministres péquistes et la première ministre ont déjà signifié à plusieurs reprises l’ouverture de Québec. Les deux autres principaux partis représentés à l’Assemblée nationale sont aussi en faveur de la recherche d’énergie fossile en plein coeur du golfe du Saint-Laurent.
Pour le moment, aucun gisement pétrolier ou gazier n’a été découvert, malgré des années de recherche. Et plusieurs données manquent pour bien comprendre les risques environnementaux. Un rapport d’évaluation environnementale stratégique sur le Golfe, rendu public en septembre, en témoigne.

Ce document de plus de 800 pages souligne qu’il demeure «plusieurs lacunes» dans l’état actuel des connaissances sur cet écosystème. Les carences concernent les technologies d’exploration et d’exploitation, les composantes des milieux physique, biologique et humain, ainsi que les «effets environnementaux potentiels des activités d’exploration et d’exploitation, ainsi que des déversements accidentels».
On ignore par exemple comment récupérer du pétrole «lorsqu’il y a présence de glace». On connaît relativement peu de choses des «courants et de l’évolution de ceux-ci en fonction des changements climatiques». Les données nous manquent pour bien évaluer le mouvement et les aires de fréquentation des espèces menacées. Et les scientifiques ne comprennent pas encore bien l’acidification et le phénomène de l’hypoxie des eaux du Saint-Laurent.
L’évaluation environnementale produite par la firme Genivar insiste aussi sur la nécessité de considérer le golfe du Saint-Laurent comme une seule entité. À l’heure actuelle, Terre-Neuve mène sa propre évaluation environnementale, sans partenariat avec Québec. Or, la structure de Old Harry, ciblée par l’industrie pétrolière, se trouve à cheval sur la frontière maritime entre les deux provinces. En cas de marée noire, cinq provinces risquent d’être polluées.


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