Pénurie de main-d'œuvre : Québec ciblera quatre secteurs prioritaires

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Il faut miser sur la formation professionnelle


Québec entend concentrer ses efforts dans quatre secteurs bien précis de l'économie afin d'amenuiser les effets de la pénurie de main-d’œuvre : les technologies de l'information, la santé, la production cinématographique et l'électrification des transports. C'est ce qu'a révélé le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, en entrevue à Radio-Canada.




Le ministre Jean Boulet a été nommé à la tête du nouveau Groupe d'intervention gouvernementale en matière de rareté de la main-d'œuvre la semaine dernière par le premier ministre, a fait savoir le principal intéressé.


Il faut avoir des interventions qui sont ciblées de façon à bien répondre à nos besoins de société et à nos besoins de système, expose Jean Boulet, tout en reconnaissant que le problème touche de nombreux secteurs de l'économie.


Québec doit faire une identification plus précise des emplois qui sont vraiment déficitaires, continue le ministre, et doit se donner un plan concret en équipe pour répondre [aux] besoins. Il évoque notamment une accentuation du recrutement dans des bassins de main-d’œuvre moins intégrés au marché du travail et des formations qui répondent mieux aux besoins des entreprises.



Cinq ministères seront impliqués dans la démarche :



  • Travail, Emploi et Solidarité sociale;

  • Économie et Innovation;

  • Immigration;

  • Éducation et Enseignement supérieur;

  • Relations internationales.


Le ministre explique la raison pour laquelle son gouvernement mettra l'accent en priorité sur certains secteurs d'activité : En technologies de l'information, il y a des besoins partout au Québec. Ce sont des emplois qui sont bien rémunérés. Il y a beaucoup d'organisations et d'entreprises qui ont des besoins criants.


La priorité accordée aux quatre secteurs d'activité dégagés par Québec ne mettra toutefois pas fin aux mesures de soutien mises en place par le gouvernement au cours des derniers mois, et dont peut bénéficier l'ensemble des entreprises. Il y a un an, le ministre avait annoncé la mise sur pied d'une grande corvée pour répondre au phénomène de la rareté de la main-d’œuvre.


Afin de mieux soutenir les entreprises, 240 conseillers du ministère ont pris la route pour aider les entreprises à mieux définir leurs besoins et à recruter. Jusqu'à présent, quelque 3000 entreprises se sont prévalues des services qui leur étaient offerts.


Ce qu'on réalise, c'est qu'il y a énormément de PME au Québec qui n'ont ni les moyens ni les ressources pour avoir des départements de ressources humaines, donc on les aide à faire un recrutement, des appels de candidatures, des entrevues avec les grilles de sélection, et ça nous a confirmés [sic] dans cette nouvelle approche, explique Jean Boulet.


Le ministre rappelle que la rareté de main-d’œuvre peut être combattue de diverses façons : on doit mieux intégrer les immigrants au marché du travail, convaincre les travailleurs expérimentés de rester en emploi, lutter contre le décrochage scolaire, mieux intégrer les personnes ayant des handicaps ou des déficiences, et mettre à contribution les prestataires d'aide sociale qui sont en mesure de travailler.


Une pénurie qui commence (timidement) à se résorber


Depuis un an, le taux d'emploi a augmenté chez les travailleurs expérimentés, passant de 35,5 % à 36,6 %. Cela représente 21 500 travailleurs âgés de 60 à 69 ans de plus sur le marché du travail. Si on avait le même taux d'emploi chez les travailleurs expérimentés qu'en Ontario, on aurait près de 100 000 nouveaux travailleurs dans notre marché, fait valoir le ministre Boulet.



À l'autre bout du spectre, 22 000 jeunes âgés de 15 à 24 ans, qui n'étaient ni en emploi, ni aux études, ni en formation (ceux qu'on appelle les NEEF) ont maintenant intégré le marché du travail.


Le nombre de prestataires d'aide sociale sans contraintes à l'emploi est aussi en baisse; il est passé de 110 032 à 99 770 au cours de la dernière année, une diminution de 9,3 %.


Selon les derniers chiffres disponibles, 137 350 postes étaient vacants au troisième trimestre de 2019, comparativement à 140 420 postes au deuxième trimestre de la même année.


Pour un marché en équilibre, on estime qu'il y a 80 000 postes vacants, donc on a un excédent qui est quand même assez important et qui engendre bien sûr des pertes économiques et des pertes fiscales, reconnaît le ministre.


Cela dit, ça va dans le bon sens, il faut être confiant, soutient-il.


On a annoncé beaucoup de mesures, beaucoup d'initiatives, la grande corvée commence à donner des résultats et je demeure optimiste pour l'année qui s'en vient et les années qui s'en viennent, ajoute-t-il.


Au vu des tendances démographiques, Québec devrait toutefois être aux prises avec une pénurie de main-d'œuvre pour encore une dizaine d'années.




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