J’ai une carte de crédit. Comme bien des gens. Ma femme aussi. Nous avons une marge de crédit en compte conjoint. Nous avons un prêt auto, un prêt hypothécaire, une carte Sears. Nous avons déjà bénéficié par le passé du remboursement via Accès D de Desjardins et des paiements étalés chez les marchands de meubles. Nous connaissons bien le crédit.
Il nous est arrivé d’utiliser ces options d’achat avant d’avoir le réel pouvoir de le faire, bref de remplir les cartes et la marge, de commencer à voir rouge et à paniquer un peu. Nous aimons consommer ici et maintenant.
J’ai lu récemment quelques livres sur la richesse d’auteurs renommés qui ont bien réussi financièrement. Presque à chaque fois, je lis quelque chose qui se rapproche de ceci : « si vous n’avez aucune dette, vous êtes riche. », ou encore : « n’achetez que ce que vous pouvez payer comptant. » Comment être en désaccord avec ce principe ? Sauf bien sûr si l’emprunt sert à faire un réel investissement qui ne perd pas sa valeur et qui finira par rapporter, le crédit peut être bénéfique. Mais dans bien des cas qui s’accumulent, des besoins nouveaux et pas nécessairement essentiels poussent le désir juste assez loin pour rappeler que l’accès au crédit est facile.
Tant que les habitudes de remboursement sont constantes et ne restent jamais en dessous du niveau global d’endettement, ça va. Mais quand on ne rembourse pas et qu’on accumule…
L’Institut économique de Montréal a mis sur pied un compteur de la dette du Québec. Hallucinant de constater la vitesse à laquelle la dette progresse. C’est 287 $ par seconde. Arrêtez-vous et relisez ce chiffre. Imaginez ce que vous pourriez faire à chaque seconde avec un montant pareil. C’est plus de 17 000 $ par minute, plus de 25 000 000 $ par jour, de 9 000 000 000 $ par année. J’ai fait exprès pour que vous puissiez compter le nombre de zéros. Et nous sommes présentement à un taux d’intérêt parmi les plus bas de l’Histoire économique moderne, il ne peut que remonter...
Depuis 25, même 30 ans, le Québec ne rembourse rien. Il accumule de nouveaux déficits et paie de nouvelles infrastructures qu’il ajoute à la dette et… il « s’amuse (???) » à voir le chiffre déjà inconcevable monter. Encore aujourd’hui, ça n’arrête pas ! Et à voir les Partis politiques en place, ça n’arrêtera pas non plus demain ! Aucun n’a le courage d’arrêter le massacre, de présenter la situation réelle, de freiner l’hémorragie, de penser à l’avenir du Québec !
Prenons le chiffre actuel de l’IEDM : plus de 222 milliards. Prenons la dette indirecte, celle des commissions scolaires et des hôpitaux : environ 90 milliards. C’est plus de 312 milliards, mais c’est possible que ce soit encore plus puisque ça reste une estimation sur les données fournies par le Ministère des Finances; on a vu par le passé que la transparence n’est pas toujours possible et que la manipulation comptable est monnaie courante. Mais tenons-nous en à ce chiffre : 312 milliards. Nous sommes environ 7 800 000 québécois. Nous avons donc une dette de 40 000 $ chacun, incluant les enfants, les personnes âgées et ceux qui ne sont pas en mesure de travailler. Chaque bébé nait, au Québec, avec une dette de 40 000 $ !!!
Mais ce n’est pas tout… Car nous sommes une province, et cette belle province fait encore partie d’un pays qu’on connait bien et avec qui on a développé une étrange relation d’amour/haine qui n’a rien pour arranger les inquiétudes financières. Selon l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la dette du Canada est estimée à 1 100 000 000 000 $.
Longue respiration
Le Québec occupe 23 % du Canada en terme de population. On peut donc estimer la part de la dette fédérale qui incombe au Québec à 253 000 000 000 $. On rajoute ce beau chiffre, j’espère que vous aimez les mathématiques… 565 milliards $ de dette collective qui continue de croître. Nous sommes rendus à près de 72 500 $ de dette par individu. Chaque enfant québécois devra consacrer 72 500 $ uniquement au remboursement de la dette du Québec. Et c’est si on arrête le chrono maintenant, sans calculer aucun intérêt, ce qui signifie bien sûr qu’il faut d’abord les rembourser ces dits intérêts.
D’accord, quelques bémols parce que ça fait trop peur pour qu’on ose faire quelque chose, sinon on déclare faillite et on recommence sous un autre nom, c’est presque ce qu’ils font en Grèce… nous ne sommes pas loin, nous sommes le 5ème État le plus endetté au monde ! Il y a dans cette dette des infrastructures – autoroutes, métro de Montréal, barrages, etc. – qui doivent être remboursés sur plusieurs années puisqu’ils vont servir encore pour plusieurs générations. C’est normal, autant que pour des enfants qui héritent de la maison paternelle et qui doivent payer ce qui reste d’hypothèque. Il y a donc une part de dette essentielle et logique, des investissements réels qui comptent, des actifs majeurs qui restent. Ces chiffres ne représentent donc pas uniquement des dettes inutiles…
On calcule généralement la dette en fonction du produit intérieur brut (PIB), qui représente la somme totale de richesses produites chaque année. Sans entrer dans les détails, disons que quand la dette est à 40 % du PIB, on estime que c’est bien, si on rembourse régulièrement ! En ce moment, on est à plus de 60 % et on ne rembourse pas, au contraire, on continue à en jeter dans la cour qui est déjà pleine.
Je suis inquiet. S’il faut une crise pour changer les choses, elle est là. Mais très peu de gens en parlent. Les politiciens n’osent pas s’y attaquer parce que ça va faire mal. Nous sommes déjà très taxés et celui qui imposera une Contribution Générale au Remboursement de la Dette (CGRD) se fera huer et lancer des tomates. Il risque de ne pas être réélu quatre ans plus tard. Et pourtant, on se plaint de manque de vision à long terme, de manque de grands projets mobilisateurs pour le Québec. Le voici, le premier Grand Projet, un vrai défi : fermer le robinet, réduire les dépenses, remettre en question certaines institutions, redonner le pouvoir aux acteurs locaux et aux économies régionales, tenter de sauvegarder les services essentiels et couper dans la bureaucratie, nationaliser une plus grande part de nos ressources naturelles pour en récolter des bénéfices… Et ensuite, avoir les moyens de rayonner grâce à notre langue, notre éducation et notre culture à la table des autres pays du monde.
Et ça commence par une mesure impopulaire mais un geste courageux : retenir 1 ou 2 % de CGRD sur tout revenu de quelque forme qu’il soit (revenu des compagnies, revenus boursiers, salaires, honoraires, etc.), ce qui implique une vraie contribution proportionnelle de chaque individu ou entreprise selon sa réelle capacité de payer, afin de créer une vraie justice sociale et une réelle solidarité entre tous les acteurs, riches ou pauvres, de l’économie du Québec en fonction de leurs moyens. C’est le cri d’urgence que lance le Mouvement Québec Renouveau. Aurez-vous, vous aussi le courage d’appuyer cette mesure et d’embellir notre avenir collectif ?
Serge Bonin – 28/09/2010
Mouvement Québec Renouveau
http://www.quebecrenouveau.qc.ca
Mouvement Québec Renouveau
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
30 septembre 2010D'abord je ne défends pas Charest, je défends le Québec. La dette de 160 milliards brute est la dette du Gouvernement du Québec. Pas la dette des Libéraux, la dette officielle du Québec.
Quant à la dette fédérale, selon Bélanger-Campeau, le partage ne se fait pas sur la base du PIB mais sur la base des actifs de l'État fédéral dans l'État sécessioniste.
A l'époque, ils avaient estimé que la valeur des biens fédéraux au Québec (ports, aéroports, parcs, gares, centres de recherche, etc) était de 18,5% de la valeur de TOUS les actifs fédéraux au Canada.
Maintenant lorsqu'on regarde tout ce qu'ils ont investi ailleurs depuis 20 ans (pensez juste au nord ou à Vancouver pour les JO) je ne pense pas me tromper en disant qu'on doit être rendu à 15%, ce qui nous donnerait 15% de la dette d'Ottawa, dette qui est de 500 milliards
La dette est une invention de la droite pour faire peur au monde. Elle ne représente que 6 milliards du budget du Québec sur un budget de 66 milliards. Il y a 10 ans, c'était 7 milliards sur 45 milliards. Le cout de la dette fond, tant en argent qu'en pourcentage
Archives de Vigile Répondre
29 septembre 2010Jacques Noel vous avez une facilité à nier les problèmes qui me laisse rêveur.
Tout va bien au Québec, selon vous, et il y a en effet lieu d'accorder un maximum de crédit aux chiffres publiés par Monsieur Bachant, alors que tous les experts les contestent.
chacun sait que l'an dernier le gouvernement Charest a changé les règles comptables, avec la complicité de Madame Jérome Forget, pour principalement minorer considérablement la dette. Vous persévérez dans l'éffort à ne pas reconnaitre l'évidence, le chiffre de 160 Milliards est considérablement sous évalué volontairement. Le réel endettement se situe plutôt aux alentours de 230 à 240 Milliards, comme d'ailleurs tous les experts économiques l'évaluent. Quand on connait vos positions et qu'on vous lit ça et là sur vigile, c'est trop drôle de vous voir soudainement du côté de Jean Charest. Comme quoi le vent tourne en fonction de ce qui arrange la girouette.
Evaluer notre part de la dette du Canada à 15 % relève de la démence la plus haute, alors que le PIB du Québec c'est 20 % du PIB du Canada et que la population du Québec représente environ 24 à 25 % de celle du Canada.
Vous avez une facilité à faire parler les chiffres à votre avantage que je trouve déconcertante.
Tout ces chiffres sont sans compter les dettes des villes, des hôpitaux, des MRC etc qui permet aussi de camoufler pas mal de points noirs.
L'ONU évalue la dette total du Canada à 1 100 Milliards de $
Les experts de l'ONU et du FMI sont-ils selon vous des crétins ?
Ont-ils oublié d'écrire à leur mère eux aussi avant de publier ces chiffres très inquiétants ?
Archives de Vigile Répondre
29 septembre 2010Chiffres biaisés à l'os!
http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2006-2007/fonds_generations.asp
«. Au 31 mars 2010, la dette brute devrait s’élever à 160,1 milliards de dollars, soit à 53,2 % du PIB.»
Vous savez combien ça coute? Un gros 6 milliards par année. Un milliard de moins qu'en 1997. Méchante catastrophe
Au Fédéral, la dette est de 500 milliards. Selon Bélanger-Campeau, on ne devait en prendre que 18,5% il y a 20 ans!
On doit être dans les 15% aujourd'hui, cequi donne 75 milliards.
Bref, un Québec libre aurait une dette brute de 235 milliards sur un pib de 300. Le financement couterait 10 milliards sur un budget de 100 milliards. Rien pour écrire à sa mere.
D'autre part, faut compter les actifs. La SAQ vaut plus de 5 milliards, Hydro plus de 100 milliards (moins 40 de dettes)
On ne fait que commencer à explorer nos ressources naturelles. Y'a des fortunes qui dorment sous nos pieds.
L'avenir du Québec est rose. Si seulement on peut en prendre le controle!
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
28 septembre 2010Monsieur Bonin,
En premier lieu ce qu’il faut savoir, c’est comment et pourquoi la dette globale publique du Québec a été créée.
Voici un abrégé de l’histoire de cette dette :
La dette publique du Québec : une combinaison d’immoralité, de trahison...
http://www.vigile.net/La-dette-publique-du-Québec-une
JLP