Parizeau au secours du Bloc

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec




Jacques Parizeau a lancé un appel aux militants souverainistes en leur demandant de «se mobiliser de toutes [leurs] forces pour le Bloc». L’ex-premier ministre a aussi tendu la main aux fédéralistes nationalistes pour qu’ils ne succombent pas à la tentation des partis centralisateurs.

Photo : Pedro Ruiz - Le Devoir


Guillaume Bourgault-Côté - Saint-Lambert — Les électeurs québécois doivent se méfier de la «poudre aux yeux» et des «messages tordus» du NPD, des libéraux et des conservateurs, a prévenu hier Jacques Parizeau, appelé en renfort par le Bloc québécois pour battre le rappel des souverainistes et donner un second souffle à une campagne qui éprouve des difficultés imprévues.
Soumis à une pression nouvelle par la montée soudaine du NPD dans la province, Gilles Duceppe a refusé hier de qualifier de geste de panique l'invitation lancée à M. Parizeau. Mais il a reconnu qu'il «faut donner un coup de barre sérieux» pour empêcher que les néodémocrates ne grugent le vote bloquiste. «Une élection se joue beaucoup dans les derniers moments», a indiqué M. Duceppe.
Il y a longtemps que l'on n'avait vu Jacques Parizeau ainsi sollicité dans une campagne du Bloc québécois. En 2004, M. Parizeau s'était plutôt fait demander de se tenir loin du Bloc pour éviter tout dérapage. Il s'était contenté d'une apparition à un rassemblement sur la Rive-Sud.
Sa plus récente présence auprès de Gilles Duceppe lors d'une campagne électorale datait du 19 novembre 2000. Lucien Bouchard était aussi présent ce soir-là.
La démarche fragile mais le discours limpide, M. Parizeau s'est donc posé hier en allié indéfectible de la cause bloquiste. Selon lui, le «rôle de chien de garde que joue le Bloc n'est pas le plus facile, mais il est essentiel». «On a besoin du Bloc comme jamais», a lancé M. Parizeau, qualifié de «vieux sage» par Josée Beaudin, candidate dans Saint-Lambert où avait lieu l'événement.
M. Parizeau a dressé la liste des promesses sociales des trois grands partis pour conclure qu'ils ne cherchent qu'à empiéter dans les champs de compétence des provinces et de Québec. Que ce soit l'augmentation du nombre de médecins, l'aide au soutien à domicile, le réseau de garderies, les prêts et bourses ou les aidants naturels, ce sont tous là des dossiers qui se règlent à Québec, a fait valoir M. Parizeau.
«On ne leur demande pas de venir s'additionner au gouvernement du Québec», a lancé M. Parizeau, qui a fait plusieurs références directes à la souveraineté du Québec. «Le système fédéral canadien est plein de trappes. On sait qu'il est temps d'en sortir», estime-t-il.
«Quand on a des préoccupations sociales et que ceux qui proposent des idées [en ce sens] sont sympathiques, c'est sûr que ça touche les gens, a ajouté M. Parizeau dans une allusion directe à Jack Layton. C'est évident. Toutes ces questions touchent les gens de très près. Avec le sourire combiné, on peut se dire "c'est tentant". Mais attention à la poudre aux yeux et aux messages tordus.»
Âgé de 80 ans, M. Parizeau a lancé un appel aux militants souverainistes en leur demandant de «se mobiliser de toutes [leurs] forces pour le Bloc». Mais il a aussi tendu la main aux fédéralistes nationalistes pour qu'ils ne succombent pas à la tentation des partis centralisateurs. «Dans le moment, on a tous le même intérêt au Québec: faire en sorte qu'on nous rende notre butin», soit une part plus grande des impôts qui sont payés à Ottawa.
Ni gauche ni droite
Dans un long discours présenté tout de suite après celui de Jacques Parizeau, Gilles Duceppe a pour sa part confirmé la nouvelle tangente du message du Bloc québécois: cette élection ne se joue pas «entre la gauche et la droite». Plutôt, «le choix des Québécois se fera entre des partis canadiens et un parti qui considère que le Québec a le droit d'être lui-même, de défendre ses propres intérêts, ses propres valeurs et ses façons de faire à lui».
Il a détaillé les points de divergence entre Québec et Ottawa (place du français, environnement, gestion des programmes sociaux, commission des valeurs mobilières, vision de la justice...) pour conclure qu'«aucun des partis fédéralistes ne va appuyer le Québec. Nous savons que les partis canadiens, quand ils doivent choisir entre le Québec et le Canada, vont toujours choisir le Canada».
En point de presse, M. Duceppe n'a pas répondu directement à la question de savoir si la souveraineté était la bouée de sauvetage du Bloc québécois. «Ça a toujours été au coeur du projet du Bloc», a-t-il simplement répondu.
Mais bien qu'il recentre son message sur la souveraineté et qu'il attise la ferveur des électeurs favorables à cette perspective, M. Duceppe ne croit pas que les résultats de l'élection pourront servir de lecture de l'état de l'option souverainiste au Québec. «Ce n'est pas un référendum.»
Plus largement, M. Duceppe estime que «le sens de cette dernière semaine de campagne est de replacer les choses en place et regarder ce qu'il en est [de] la position de chaque parti sur les enjeux importants, comme le projet du Bas-Churchill».
Au moment d'entamer le dernier sprint de la campagne, M. Duceppe a indiqué hier qu'il n'était ni en mode offensif ni défensif, mais «un peu des deux».


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