Parizeau a vu la terre promise

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Il s'en est fallu de si peu !






Pendant quelques minutes, le soir du 30 octobre 1995, Jacques Parizeau a eu la certitude de voir le Québec devenir souverain.




Les dirigeants de la campagne du Oui avaient prévu une mince victoire de l’option souverainiste, raconte Jean Royer, qui était le chef de cabinet du premier ministre. «La veille, le dimanche après-midi, à 17 h, j’avais dit à Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Mario Dumont qu’on allait gagner à 51,2 % ou 51,3 %.»




Quelque 45 minutes après le début du dépouillement du scrutin sur les grands réseaux de télévision, l’option du OUI se maintenait en avance. «M. Parizeau marchait derrière moi, il me demandait: et puis? Vers 9 h moins quart, je lui ai dit “c’est assez conforme à mes chiffres”», se rappelle M. Royer qui avait, dit-il, 15 minutes d’avance sur les réseaux de télévision quant aux résultats du vote.




«J’ai vu M. Parizeau, tel un marin sur son bateau, apercevoir le pays, longer ses côtes. Visuellement, il va voir le Québec, il va l’imaginer. Jamais il ne sera aussi près de son projet que pendant ces minutes-là. Je l’ai vu dans son regard», raconte M. Royer.




LE VENT TOURNE




Puis le vent a tourné. Les chiffres continuaient à entrer. «Je reçois des chiffres qui viennent de Québec. Le pourcentage du Oui était moins élevé que ce qu’on avait escompté. Puis, ce qui m’a frappé, c’était le taux de participation dans certaines sections de vote. Dans l’ouest de Montréal, il y avait unanimité pour le Non. Je ne m’attendais pas à ça.»




«J’ai dit à M. Parizeau, “il va nous en manquer”. À la télévision, le Oui était toujours en avance. Au début, il ne m’a pas cru.»




Pendant toute la campagne référendaire, les tenants du Oui avaient concentré leurs efforts sur les indécis. Ils ont raté leur objectif par 54 288 voix.




Jean Royer dit avoir retiré de la défaite référendaire la leçon suivante: «On pensait qu’on avait les appuis nécessaires pour gagner [...] On s’est aperçu qu’il y avait des indécis difficiles à convaincre. Malgré 15 années de débats et un mois de campagne soutenue. Si on n’a pas réussi à le convaincre 48 heures avant le vote, généralement, l’indécis ne choisit pas le changement.»




CHAREST ANXIEUX




Dans le camp fédéraliste, Jean Charest confie avoir passé une partie de la soirée référendaire «totalement inquiet et anxieux».




«Je n’ai jamais, sur le plan des émotions, vécu une campagne comme celle-là. On jouait gros, s’exclame M. Charest, qui était alors chef du Parti progressiste-conservateur. C’était la disparition d’un pays, la cassure, si on perdait le référendum, et tout ce qui allait se passer le lendemain qu’on ne connaissait pas.»



 




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