Paris - Les socialistes condamnent la position de Sarkozy sur le Québec

Ce communiqué brise pour la première fois le silence gêné qui avait accueilli, dans la classe politique française, gauche et droite confondues, les déclarations controversées du président.

Sarko décore Charest - février 2009

Paris -- Six mois après l'abandon de la politique traditionnelle de la France à l'égard du Québec, le Parti socialiste français désavoue la volte-face du président Nicolas Sarkozy. Dans un communiqué officiel publié hier, le premier parti d'opposition français réaffirme publiquement son attachement à la traditionnelle «non-ingérence et non-indifférence» dont le rejet par le président Nicolas Sarkozy avait récemment créé un émoi au Québec.
Le communiqué a été rendu public à la suite de la rencontre qui s'est tenue hier entre le secrétaire national du Parti socialiste aux Relations internationales, Jean-Christophe Cambadelis, et la porte-parole de l'opposition officielle du Québec en matière de relations extérieures, Louise Beaudoin. On peut y lire que «le Parti socialiste réaffirme pour sa part son attachement à la position traditionnelle de la France au Québec: "Ni ingérence, ni indifférence"». Le texte regrette aussi «le faible intérêt pour la Francophonie en général et pour le Québec en particulier dont a fait montre le président de la République française Nicolas Sarkozy en octobre 2008 lors du sommet international de la Francophonie à Québec».
Ce communiqué brise pour la première fois le silence gêné qui avait accueilli, dans la classe politique française, gauche et droite confondues, les déclarations controversées du président. Au Sommet de la Francophonie, Nicolas Sarkozy, soucieux de raffermir ses relations avec Ottawa, avait rompu avec la position traditionnelle selon laquelle Paris refusait de s'ingérer dans les affaires canadiennes mais ne pouvait demeurer indifférent à l'avenir du Québec. Cette rupture d'un consensus vieux de trois décennies avait été réitérée en février, lors de la remise de la Légion d'honneur au premier ministre Jean Charest. Le «ni-ni», «honnêtement, c'est pas trop mon truc!», avait alors affirmé Nicolas Sarkozy.
Appuyant sans réserve la position de son parti, l'ancien secrétaire national du Parti socialiste et ancien vice-président du Parlement européen Pierre Moscovici qualifiait hier l'attitude de Nicolas Sarkozy de «provocante et erronée». «J'en avais déjà été, à l'époque, très choqué, dit-il. J'ai eu le sentiment que le premier ministre québécois en avait été plus embarrassé qu'autre chose et qu'il n'était pas franchement demandeur.»
Pierre Moscovici explique la volte-face du président par son goût pour la provocation. «Nicolas Sarkozy est un esprit clivant, qui aime bien les provocations et qui en fait toujours trop», dit-il. Au fond, dit Pierre Moscovici, «il s'agit de dire que ce n'est pas à nous de nous ingérer dans les affaires du Québec. Que ce n'est pas à nous de dire ce que doit être le choix des Québécois par rapport à la souveraineté. Ils feront ce choix le cas échéant et le moment venu. Mais nous ne sommes pas indifférents et, quel que soit le choix des Québécois, nous le respecterons et nous l'admettrons.»
Il n'a pas été possible d'obtenir de réactions ni à l'Élysée ni à l'Union pour la majorité (UMP), le parti présidentiel. Signe probable de l'embarras que crée à droite aussi le revirement de Nicolas Sarkozy.
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Correspondant du Devoir à Paris


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