Oui au gaz naturel, mais...

«Il faut s'assurer qu'on assiste vraiment à une baisse des GES»

Rabaska




Depuis déjà plusieurs mois, la question des ports méthaniers a fait couler beaucoup d'encre au Québec.
D'une part, il y a bien sûr les promoteurs de ces projets et ceux qui les appuient, comme la FTQ, soit pour des raisons liées au développement économique, à la création d'emplois et à la diversification des sources d'approvisionnements énergétiques.
De l'autre, les opposants que l'on peut classer en deux grandes catégories; ceux qui s'opposent à ces projets pour des considérations locales comme la proximité, la sécurité, l'impact sur le paysage, etc. Il y a ensuite ceux qui s'y opposent, comme Équiterre, en raison des impacts que ces projets pourraient avoir sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) et sur la capacité du Québec à atteindre les objectifs du protocole de Kyoto et réduire sa dépendance aux énergies fossiles.
Nous avons choisi de mettre nos différences de côté afin de tenter de proposer une solution proactive dans le cadre de ce débat.
D'abord, nous constatons que plusieurs groupes écologistes ne sont pas nécessairement contre l'utilisation du gaz naturel en soi. Par exemple, Greenpeace Allemagne a créé une compagnie de distribution d'électricité nommée «Greenpeace Energy» (www.greenpeace-energy.de). Cette compagnie offre un portefeuille énergétique composé d'énergie éolienne, de solaire, d'hydroélectricité Et de gaz naturel parce qu'en Allemagne, on tente d'éliminer à la fois l'utilisation de l'électricité produite à l'aide du nucléaire et du charbon.
Au Québec, le contexte énergétique est différent puisque près de 97% de l'électricité produite provient de l'hydroélectricité. Nous n'avons donc pas de charbon et peu de nucléaire (seulement un réacteur en opération). Le gaz naturel, dans ce contexte, n'est pas aussi intéressant.
Secteur industriel
Cela étant dit, le secteur industriel québécois est le plus grand utilisateur de mazout, un sous-produit très polluant du raffinage du pétrole, de toutes les provinces canadiennes. Ce secteur utilise à lui seul 40% de tout le mazout du secteur industriel canadien.
Dans cette optique, est-ce que la substitution du mazout vers le gaz naturel, beaucoup moins polluant, est un plus pour l'environnement? Bien sûr que oui.
Mais cette substitution ne peut s'effectuer si les seules forces en jeu sont celles du marché puisque ce sont ces mêmes forces du marché qui ont amené plusieurs entreprises québécoises à passer du gaz naturel vers le mazout, au début des années 2000, lorsque les prix du gaz ont augmenté plus rapidement que ceux du mazout.
Pour que cette substitution s'opère, le gouvernement du Québec doit intervenir d'une part, pour moderniser la loi sur la qualité de l'air au Québec afin de limiter l'utilisation du mazout et, d'autre part, pour mettre en place une série de mesures incitatives fiscales afin de s'assurer que cette transition s'opère.
Une telle politique doit également favoriser l'utilisation de l'efficacité énergétique et d'énergie renouvelable dans ce secteur. Si une telle politique était mise en place, il y aurait alors de véritables réductions des émissions de GES et de la pollution atmosphérique au Québec.
Depuis quelque temps, dès qu'un projet est contesté au Québec, certains crient immédiatement à l'immobilisme, et déplorent qu'il n'y soit plus possible de faire des projets d'ampleur. Nous croyons au contraire que les débats que nous vivons font partie de la vie démocratique d'une société et qu'ils sont non seulement souhaitables mais nécessaires pour aider à mieux définir les bases de compromis qui la feront avancer.
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Henri Massé

Steven Guilbeault
M. Massé est président de la FTQ et M. Guilbeault est porte-parole d'Équiterre.


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