Descendra-t-il jusqu’à 60$? Ou 45$? Entreprises, gouvernements et analystes se disputent à nouveau la boule de cristal pour déterminer le moment où va s’arrêter la chute du cours du pétrole brut.
Les cours du Brent (mer du Nord) et du West Texas Intermediate (WTI) se sont installés lundi à 72,80 $ et 69,24 $ respectivement, en hausse de quelques points de pourcentage, mais la descente des dernières semaines est la pire depuis la crise financière.
« Nous pensons qu’aux yeux de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole [OPEP], le cours actuel du pétrole brut s’approche de la ligne qui a été tracée dans le sable », a écrit l’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, dans une note d’analyse aux clients. « Le Brent est passé brièvement sous la barre de 68 $ ce matin, ce qui a soulevé chez certains la crainte d’une nouvelle baisse. Nous n’en sommes pas si sûrs », a-t-il ajouté.
Son argument est le suivant. L’Arabie saoudite, plus gros producteur au monde, a besoin d’un pétrole à 63 $ pour éviter que son compte courant, qui mesure les transactions avec les pays étrangers, ne tombe en situation déficitaire. « Nous avons vu, dans le passé, que les Saoudiens n’acceptent pas de voir leur compte courant afficher un déficit », a écrit M. Marion.
Malgré le souhait de certains pays qui auraient voulu des mesures pour stopper l’hémorragie, l’OPEP a décidé la semaine dernière de maintenir ses niveaux de production déjà prévus, ce qui a eu pour effet de déclencher une nouvelle baisse des cours. Alors que l’Arabie saoudite a les poches suffisamment profondes pour encaisser une baisse des cours, qui pourrait menacer la production américaine, des pays comme l’Iran et le Venezuela composent avec un coût de revient plus élevé.
L’évolution du prix du pétrole, à la hausse comme à la baisse, a un impact sur toute une série de secteurs économiques et de devises, en plus de pouvoir faire basculer des économies dans une récession. Le dollar canadien, pour ne nommer que celui-là, a terminé la séance de lundi à 88,28 ¢ US, en légère hausse.
Le cours du brut est aussi une composante importante du prix de l’essence, qui fluctue également en fonction de l’état de l’industrie du raffinage et du cours de l’essence en Bourse.
Peut-être 30 $, lance un pilier de l’industrie
Demandez maintenant à Murray Edwards, un des principaux entrepreneurs du pétrole dans l’Ouest canadien. Président du conseil de Canadian Natural Resources, M. Edwards a récemment laissé tomber que le baril du brut se dirige tout droit vers un prix de 35 $.
« Chaque jour, le marché peut aller beaucoup plus loin que ce que vaut vraiment la matière »,a dit M. Edwards, comme cité par le Financial Post, lors d’un point de presse en marge d’un colloque à Lac Louise. « Les prix pourraient descendre à 30 $, 40 $. C’est descendu à 35 $ en 2008, pour une très courte période de temps. »
Canadian Natural Resources se définit comme un des plus gros producteurs de pétrole conventionnel de l’Ouest canadien. Quand les prix chutent, a dit M. Edwards, dont la richesse personnelle est estimée par Forbes à 1,9 milliard, l’industrie pétrolière réduit ses dépenses et met des projets sur la glace.
Mais si le cours du brut piquait du nez de cette façon, il remonterait relativement vite, selon M. Edwards. « La fourchette de 70 $ à 75 $ est probablement la meilleure pour qu’il y ait un équilibre entre la demande et l’offre. »
La donne a changé très vite. En mars 2014, le gouvernement de l’Alberta rappelait dans ses documents budgétaires que le cours du WTI devrait, selon les prévisions, osciller autour de 95 $ le baril jusqu’en 2016-2017. L’an dernier, la province a récolté des redevances d’environ 7 milliards sur ses ressources non renouvelables.
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