Nul n’est prophète en son pays

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Bock-Côté a réussi à percer le mur médiatique français


C’est un des seuls intellectuels du Québec qui a réussi à s’imposer en France. D’ailleurs, il y fait fureur. Mathieu Bock-Côté, chroniqueur au Journal, est depuis 2017 éditorialiste au journal français, Le Figaro.


C’est un amoureux fou du Québec. Polémiste au verbe redoutable, il agace les uns et éblouit les autres. C’est un homme modeste qui nous désarçonne par sa ferveur.


Mathieu Bock-Côté prononcera lundi à la salle Gaveau de Paris une conférence sur ses thèmes de prédilection : le multiculturalisme et le nationalisme. C’est un grand honneur que de se faire offrir pareille conférence sur un plateau d’argent à Paris. Son idole, Alain Finkelkraut, l’a précédé sur cette scène prestigieuse.


Reconnu en France


Dès qu’il met les pieds à Paris — désormais plusieurs fois par an —, les médias le réclament. Comme il parvient à battre les Français sur leur propre terrain, celui de la parole percutante, fluide, rationnelle et personnelle, on s’incline devant ce garçon au physique d’un joueur de football américain.








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MBC est mal jugé par ceux au Québec qui n’admettent guère qu’un intellectuel assume d’être de droite et conservateur. C’est ce qui explique sans doute pourquoi ce jeune homme n’a pas réussi à devenir professeur à l’université, même avec un doctorat et de nombreuses publications à son nom.


La réussite intellectuelle de Mathieu Bock-Côté doit être soulignée d’autant plus que le chroniqueur possède un talent remarquable de vulgarisateur.


L’homme encore jeune fait fi de ceux qui jouent à l’ignorer au Québec. Et ils sont nombreux dans les médias. Le Devoir l’ignore, sauf pour lui coller d’office l’étiquette, si répandue au Québec pour désavouer quelqu’un, de droitiste. Et on croit le neutraliser après l’avoir diabolisé.


La Presse ignore également ses écrits. À Radio-Canada, seuls quelques esprits libres l’invitent parfois à débattre des questions qui occupent l’avant-scène de l’actualité.


Rigueur intellectuelle


Mathieu Bock-Côté possède une rigueur qui lui permet, avec la seule force de ses arguments, de déstabiliser des contradicteurs, comme il l’a fait de façon spectaculaire dans un long débat publié cette semaine dans Le Figaro avec le plus mondain des intellectuels européens, Bernard Henry-Lévy. Sur la question de la souveraineté, BHL, anti-souverainiste européen, a dû battre en retraite devant l’argumentation en béton de MBC. Combien d’intellos québécois pourraient se vanter d’un tel exploit ?


Notre cher Mathieu est habité par des convictions sincères et des doutes constants, comme tous ceux qui font métier de penser le monde. C’est un émotif qui raisonne avec sa vaste culture et sa langue, qu’il maîtrise avec tant de brio, de précision et de rigueur. Il est rare qu’il cède à des attaques personnelles, alors qu’il fait pourtant l’objet de nombreux contradicteurs agressifs dans le milieu médiatique et universitaire.


Le milieu intellectuel parisien n’ouvre pas facilement ses portes aux Québécois. Il faut rendre hommage à MBC qui, sans effort, a séduit Paris sans se folkloriser et sans perdre son authenticité. Que l’on soit d’accord ou non avec ses idées, il exporte une réussite intellectuelle dont le Québec peut être fier.