L'opinion de Bernard Landry #17

Non au muticulturalisme ...

L'opinion de Bernard Landry

Peu de gens à travers le monde défendent encore cette doctrine néfaste. Curieusement, ceux qui le font la croient fraternelle et favorable aux nouveaux arrivants, alors que l'expérience démontre le contraire. Les pays qui l'ont le plus pratiquée le regrettent amèrement comme la Hollande et la Grande Bretagne.
Le Canada est le seul pays qui a eu l'imprudence de l'inscrire dans sa constitution, imposée unilatéralement par Pierre Elliott Trudeau et que le Québec n'a jamais accepté de signer. Même le gouvernement conservateur, qui ne fait pas grand chose de bien, commence à prendre ses distances par rapport au multiculturalisme.
Le Québec est évidemment multi-ethnique, et pratiquement depuis toujours. Les premiers Français venus ici se sont rapidement métissés avec les Amérindiens, au point qu'une majorité de Québécois portent en eux ces racines. Louis Riel, un Montréalais, fut le chef vénéré des Métis. Il fut d'ailleurs exécuté par le pouvoir fédéral.
Notre nation s'est aussi rapidement enrichie d'apports anglais et écossais. Et près d'un quart d'entre nous auraient des racines irlandaises comme c'est d'ailleurs le cas de plusieurs de nos premiers ministres.
Un Québécois d'origine juive, Ezekiel Hart, premier député juif de l'empire britannique, fut élu député de Trois-Rivières en 1807. Son fils, avocat, défendait les patriotes après les événements de 1837. Le Québec est l'endroit qui a accueilli le plus grand nombre de survivants de l'horrible drame de l'holocauste, même si Mackenzie King, premier ministre du Canada, avait déclaré "None is too many!" (Aucun, c'est déjà trop!). Depuis cinquante ans, un important contingent de juifs sépharades, dèjà francophones à leur arrivée, nous est venu du Maroc. Au point que cette communauté est maintenant plus importante au Québec que dans son ancien pays.
Après la guerre 39-44 nous avons, en particulier, accueilli nombre d'Italiens, de Grecs, de Portugais. En fait, toute l'Europe de l'est comme de l'ouest nous a envoyés des ressortissants, comme également les Caraïbes, l'Amérique latine, l'Afrique et l'Asie. Désormais, ce qui définit la nation québécoise, comme la plupart des nations modernes -les États-Unis et la France en particulier- n'a rien à voir avec l'ethnicité. C'est plutôt une culture commune, des rêves communs, une solidarité sociale exemplaire, qui ne peuvent se fonder sur des particularismes ethno-culturels divisifs comme le préconise le multiculturalisme.
Nos compatriotes issus de l'immigration ont, comme nous tous, l'obligation de contribuer à l'enrichissement et à la consolidation de notre nation en s'y intégrant le plus rapidement et le plus parfaitement possible. La langue française est évidemment un facteur majeur et incontournable à cet égard. La France et les États-Unis, comme plusieurs autres pays, refusent même leur citoyenneté aux personnes qui ne parlent pas leur langue et ne partagent pas leurs valeurs.
On voit donc que même "l'interculturalisme" proposé maladroitement par Taylor-Bouchard pour remplacer la convergence culturelle préconisée par nos divers gouvernements jusqu'à ce jour, est une façon déguisée de se rapprocher du muticulturalisme canadien, comme un de leurs experts l'a clairement exprimé.
Au nom même de l'intérêt des nouveaux arrivants, aussi bien que dans l'intérêt national, il faut s'élever énergiquement contre cette doctrine. Jean-Claude Corbeil, l'un de nos meilleurs experts en ce domaine, la qualifie de néfaste. Julius Gray, l'un de nos plus grands juristes, la dénonce, lui aussi. Enfin le québécois Neil Bissonnette la décrit comme "la plus grande barrière à l'intégration par ce qu'elle crée des ghettos et impose des stéréotypes."
La cause est donc entendue. Notre devoir à tous est d'enrichir, tout en évoluant vers une modernité ouverte et généreuse, l'héritage commun laissé par nos courageux ancêtres...
Bernard Landry


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